Nous sommes loin de ma première visite à une course automobile, au circuit de St-Eugène près de Rigaud, en 1962, pour y découvrir les Ludwig Heimrath (Porsche 550 Spyder), Ross de St-Croix (MGB) et le jeune et prometteur Jacques Couture sur sa Morgan, l’éventuel fondateur de l’école de pilotage Jim Russell au circuit du Mont-Tremblant. Cinquante années plus tard, nous voici devant une nouvelle discipline, le Rallycross, mis au point pour plaire à une clientèle toujours plus jeune et impatiente, à la recherche de stimulation, d’action et d’émotions en continu.

Dominic Fugère, le DG du Grand Prix de Trois-Rivières, et son équipe ont convaincu la Fédération internationale de l'automobile (FIA) et IMG, les organisateurs et promoteurs du Championnat du monde de rallycross, d’ajouter le Grand Prix de Trois-Rivières à leur calendrier 2014 et ainsi en faire un vrai championnat mondial. 

Carpentier à St-Eustache pour s'amuser

Ma contribution au projet viendra lors de la journée de la course, comme analyste maison et pour la retransmission en direct à RDS des courses demi- et finales. Recevant la confirmation de ce rôle lors du weekend Nascar à ICAR les 5 juillet, j’ai décidé le lundi matin suivant d’assister à la ronde belge du Championnat le week-end suivant à Mettet, dans le Centre-Sud de la Belgique, près des Ardennes et de leur météo trop souvent « humide. »

S’ensuivirent le départ vers Paris le mardi soir, passage à l’arrivée directement chez un ami parisien pour y prendre ma moto, une sieste, puis environ 100 km dans la pluie vers Soissons via la Route Nationale 2, évitant toujours les autoroutes bondées de camions et plates à mort. L’ « Hôtel de la Gare » de Soissons est centenaire et s’occupe de sécher mon linge en plus de me nourrir au souper et au petit déjeuner. Suivent le jeudi matin quelque 200 km (encore à la pluie) vers Charleroi et mon hôtel pour quatre soirées dans une chambre un peu exiguë, mais à seulement 41 Euro par jour avec petit déjeuner.

La piste se trouve à seulement 20 km de belle route de l’hôtel, mais je trouve moyen de me perdre le premier matin et à tous les soirs au retour, parcourant au moins 40 km dans la nature lors des quatre retours. Le concept des directions nord, sud, etc. pour les routes n’existe pas en Europe. Si vous ne connaissez pas le nom du prochain village ou n’avez pas de GPS ou de carte, vous partez vers la misère.

Le Circuit Jules Tacheny fait penser à St-Eustache ou Shannonville, avec une infrastructure adaptée aux courses auto et moto locales et nationales. Élaboré sur trois « étages » au flanc d’une colline, le tracé RX charcute le pavé en alternant bitume-terre, en plus d’une section en terre plus longue créée pour l’occasion – le tout demeurant bien visible à partir des estrades. Presque toute l’action, sauf le départ, se passait devant l’estrade principale et les quelque 24 000 spectateurs annoncés pour les trois jours pompés pour l’occasion devant le pilotage acrobatique de François Duval, un pilote de rallye belge retraité qui en a tout de même mis plein la vue à tout le monde.

Pour ma part, le courant passa rapidement avec l’équipe de télé internationale et j’assistai aux courses de la salle des annonceurs en observant le déroulement des courses et les informations qui arrivent du système de chronométrage. Nous reviendrons sur le processus de qualification; suffira-t-il de dire que nous avons eu droit à 19 courses en quatre heures – l’action ne manque pas, je vous l’assure!

Le pilotage et le comportement des voitures, des bijoux coûtants plus d’un quart de million, confirme la nature unique du RX, couru sur deux surfaces différentes au possible. Les réglages des suspensions doivent faire preuve de rigidité pour le bitume mais aussi de plus de flexibilité pour la glisse, un compromis qui demande beaucoup d’expérience et d’essais afin de maximiser la vitesse selon chaque piste.

Les pilotes cherchent toujours à sortir des virages alignés avec l’axe de la piste sur les deux surfaces, afin de ne pas gaspiller de la puissance en mettant la machine en travers. L’entrée en virage se fait plus en travers, surtout sur la glisse, avec les quatre pneus contribuant au ralentissement, en plus d’aider à ramener la voiture si vous vous trouvez trop en travers comme lorsque quelqu’un vous « aide » en entrée de virage.

Les trajectoires à l’entrée demeurent à peu près conventionnelles sur le bitume. Sur la glisse, les pilotes recherchent toujours le tracé offrant le moins de bosses et le plus d’adhérence, produisant des trajectoires différentes et qui peuvent évoluer au fil de la journée à mesure que les voitures usent la surface de terre et que le virage mue. Certains virages peuvent aussi offrir deux trajectoires rapides qui permettent de rouler rapidement côte à côte. Les pilotes utilisent aussi un frein à main sur les roues arrière pour faire pivoter la voiture au point de corde et la placer dans l’axe pour une sortie de virage tempête. Du pur spectacle que nous allons partager avec vous sur place et à RDS.

« Beaucoup de choses à apprendre »

Toutes les voitures doivent emprunter un détour sur la terre, dit « Joker », une fois lors de chaque course, retardant le pilote d’environ deux à trois secondes. Les chefs d’équipes déterminent à quel tour le faire selon la position de leur voiture sur la piste, afin de donner au pilote une piste dégagée plutôt que de le laisser perdre du temps derrière un concurrent moins rapide.

Les pilotes attaquent tous comme des lions. On reconnait facilement les pilotes de rallye, comme Petter et Henning Solberg, plus coulés et capables de faire atterrir la voiture sur les quatre roues tout en douceur. Les pilotes RX purs, comme Timur Timerzyanov (champion d’Europe 2013) brassent plus la voiture. On les voit aussi atterrir sur le nez après un saut plus important – spectaculaire, mais moins rapide que les pilotes de rallye.

Les quelques 24 000 spectateurs ont manifesté leur contentement tout au long de la journée, même si le gagnant provenait de Finlande, certainement en reconnaissance de l’habileté des pilotes nordiques sur la glisse. Mais attendez, nous aussi sommes nordiques !

Le retour à Paris s’effectua sous un ciel grand bleu, une belle journée pour traverser le nord-est de la France. Retour à la maison dans le grand cigare en alu le mardi et à la routine avant de vous transmettre ma passion pour le RX au GP3R le 8 août prochain.

On se voit à Trois-Rivières!