Pendant deux mois, le RDS.ca s'est infiltré dans les coulisses du football juvénile québécois en accompagnant les Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne dans leur première saison en Division 1.
SAINTE-CATHERINE, Québec - « Ayoyoye! »
Michel-Pierre Pontbriand ne peut que s'incliner devant Benoît Groulx. Son ancien coéquipier du Rouge et Or de l'Université Laval place chacun des ballons qu'il lance dans les mains des receveurs des Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne.
« Vinny, t'as de la compétition! », s'émerveille à son tour l'entraîneur des porteurs de ballon Pascal Fils en lançant une flèche amicale au quart-arrière des Dynamiques, Vincent Laplante, qui pour une troisième séance d'entraînement de suite a cédé sa place à son coach afin d'épargner son épaule endolorie.
Groulx s'amuse comme un enfant. Le coordonnateur offensif est de retour sur le terrain. C'est tout ce qu'il souhaitait il y a un an quand il a remis sa démission aux Redmen de McGill.
Au service de ces derniers pendant trois saisons, Groulx a repoussé ses limites. Il s'est frotté aux meilleures têtes de football que le Québec a à offrir. Il a été stimulé au maximum. Et il a passé beaucoup trop de temps au téléphone. Le job de coordonnateur offensif au niveau universitaire, c'est aussi et surtout ça. Trois mois de football intense, suivis de neuf mois de recrutement.
« Moi, ma passion c'est le football. Ce que j'aime faire, c'est du football. Entre être sur le terrain à coacher des kids et être au téléphone à dire : "Hey, viens chez nous tu peux étudier en telle affaire", c'est sûr que j'aime mieux être avec les kids et faire du football. »
C'est l'opportunité que lui offre cette année son vieux complice Pontbriand, l'entraîneur-chef des Dynamiques avec qui il a remporté la première de ses deux coupes Vanier en 2006. L'emploi est peut-être deux échelons inférieurs, mais il convient pour l'instant mieux à ce père de trois enfants, dont un qui n'est âgé que de sept mois.
« Ça n'existe pas une saison universitaire, explique sa conjointe Jade Pelletier. C'est 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C'est à l'année; jour, soir et fin de semaine, que ce soit la saison ou pas. »
« La job universitaire, je l'ai vécue », conclut Groulx, loin de regretter son pas de recul.
Au Collège Charles-Lemoyne, l'homme de 33 ans a retrouvé une ambiance familiale et s'est vu remettre les clés de l'attaque par Pontbriand, qui lui voue une confiance aveugle.
« J'ai confiance en lui à 100% et il a confiance en moi à 100%, jure Groulx. Il m'a laissé carte blanche. »
Il suffit de jeter un coup d'oeil aux statistiques pour comprendre pourquoi. Groulx a su exploiter les armes à sa disposition à leur maximum. Laplante a dominé tous les autres quarts du circuit juvénile de Division 1 avec 1670 verges de gains et 16 touchés. Souleymane Camara, élu joueur par excellence du circuit, a quant lui amassé 936 verges de gains au sol, la meilleure récolte parmi les porteurs de ballon. Puis, la recrue par excellence Kenzy Paul s'est imposé comme le receveur no 1 de la ligue avec 642 verges de gains et sept touchés.
Mais il y a plus que les chiffres pour mesurer l'impact de la venue de Groulx au sein de l'équipe.
« Je pense que tu as surtout un rôle de psychologue à cet âge-là, estime Groulx. Tu peux avoir un plus gros impact en tant qu'homme, en tant qu'individu sur ces jeunes-là. Je l'ai vécu un peu à mon premier match. »
Alors que les Dynamiques menaient 22-7 sur l'Arsenal de l'Académie Saint-Louis, Camara n'était pas content de sa performance. Groulx pouvait le lire dans les yeux de son joueur étoile. Il devait intervenir.
« Là, tu retournes sur le terrain, on va te donner la balle, pis tu t'en vas scorer. »
L'effet de ces paroles d'encouragement a été immédiat. Dès son retour sur la surface de jeu, Camara a inscrit le premier de ses six touchés de la campagne.
« J'ai aimé cette partie-là du coaching, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vécue », apprécie Groulx, qui a surtout pu la mettre en pratique avec son quart-arrière cette saison.
« Je n'avais jamais vraiment été coaché comme quart-arrière comme je l'ai été cette année, confie Laplante qui, il y a un an peine, avait eu recours à Google pour savoir qui était Benoît Groulx. [...] Je ne savais pas que j'étais capable de faire ce que j'ai fait. Jamais je n'aurais pu croire que je pouvais finir premier dans la ligue. Ben a une grosse influence sur moi. Il a cru en moi et il a réussi à me faire croire en moi. »
« Quand on est rentré dans le gym la première fois et que j'ai vu ce gars-là. Il n'y avait aucune chance que ce soit lui mon coach de quart-arrière. Il est tout petit, un p'tit peu grassouillet... »
Peut-être, mais il a encore tout un bras.