(RDS) - Depuis maintenant quelque deux mois, je suis un membre à part entière des Eskimos d'Edmonton, moi qui a toujours été un partisan des Alouettes depuis leur retour à Montréal, étant originaire de Montréal. Et voilà que j'aurai à les affronter lors de la finale de la coupe Grey dans ma nouvelle ville, Edmonton. Nul besoin de vous mentionner que j'en ai des papillons dans l'estomac.

Mais avant de vous parler de ce match ultime entre les deux meilleures équipes de la LCF -- il faut bien garder le meilleur pour la fin --, je vais vous entretenir quelque peu sur mon séjour avec ma nouvelle équipe. Je suis encore spécialiste des longues remises et je les effectue sur les tentatives de botté de placement et les transformations. C'est donc dire que je n'effectue pas les remises sur les bottés de dégagement. Cette situation est parfaite pour moi, car je peux me reposer et me concentrer sur mon travail sur la ligne défensive.

Je ne suis pas partant sur la ligne défensive, mais je suis le premier substitut. Dès qu'un joueur est fatigué ou blessé, on fait appel à mes services. Règle générale, je suis sur la ligne défensive une dizaine de fois par partie. Même si je ne joue pas très souvent, je considère m'acquitter correctement de ma besogne. Lors de la finale de l'Ouest contre les Blue Bombers, j'ai réussi à arrêter l'énorme centre-arrière Mike Sellers (270 livres) à la porte des buts. Je suis très fier de ce plaqué. Ça prouve aux entraîneurs que je suis capable de livrer la marchandise quand on me le demande. Être substitut est une tâche difficile, car ça prend toujours quelques jeux consécutifs avant d'être confortable.

Un de mes coéquipiers sur la ligne défensive est l'ancien des Alouettes Steve Charbonneau. J'apprécie beaucoup ma relation avec Charbonneau puisqu'il n'hésite pas à me donner une foule de conseils pour améliorer mon jeu. Même s'ils sont sur le carreau, Doug Peterson, un autre ancien Alouette, et Jed Roberts, un vétéran de 16 saisons, sont toujours prêts à me prêter conseil. Je dois les remercier, car, grâce à eux, je sens que j'ai élevé mon jeu d'un cran depuis mon arrivée à Edmonton.

L'esprit d'équipe est excellent chez les Eskimos. J'ai remarqué que la dynamique entre les joueurs dans la LCF est très différente que celle que l'on retrouve dans la NFL. Ici, les salaires sont plus bas et les joueurs sont moins enclins à devenir "tête enflée". Loin de moi l'idée d'affirmer que tous les joueurs dans la NFL se prennent pour d'autres, mais l'argent est un facteur qui contribue à ce phénomène. C'est pareil dans tous les milieux de travail.

Quelques jours avant la coupe Grey, la fébrilité monte

Quand j'étais jeune, mon rêve était de jouer dans la Ligue canadienne et de participer au match de la coupe Grey. Et je suis rendu au moment que j'attends depuis des années. C'est incroyable de voir à quel point je suis excité à l'idée de disputer ce match. Pour moi, c'est un rêve qui se réalisera dimanche.

J'ai réellement senti que j'allais jouer à la coupe Grey quand, après notre victoire contre les Bombers, on est venu me porter ma casquette de champion. Ce comportement est peut-être enfantin, mais je me sentais comme un partisan qui venait de gagner quelque chose. J'étais tout excité.

Avant de parapher mon contrat avec les Eskimos, je dois avouer que j'étais un fier partisan des Alouettes. Comme je l'écrivais au tout début du texte, je suis originaire de Montréal. Mais là, je veux que la coupe Grey soit à Edmonton. Je ne veux pas voir les Alouettes célébrer!

Force est d'admettre que je vis une situation plus que bizarre en ce moment. En tant que partisan, je suis très content que les Alouettes soient à la coupe Grey. C'est bon pour la ville. Mais en tant que joueur des Eskimos, j'aurais préféré ne pas les affronter, car ils forment une très bonne équipe.

Deux villes semblables

Un duel entre Montréal et Edmonton lors de la finale de la coupe Grey est toujours spécial, car il s'agit de deux villes similaires. Les deux villes possèdent une tradition de gagnant. Au hockey, le Canadien et les Oilers ont déjà formé des dynasties. Idem au football avec les Alouettes et les Eskimos. À Edmonton, autant qu'à Montréal, quand les équipes gagnent, le moral des gens est bon. Mais quand les équipes perdent, les partisans sont durs et feront part de leur insatisfaction aux joueurs.

La prochaine coupe Grey ne sera pas uniquement un duel entre deux équipes, mais également une rivalité entre deux grandes villes.

Les activités de la semaine de la coupe Grey débutent mercredi à Edmonton. La fièvre de la coupe s'installe lentement mais sûrement en ville. Lundi, l'entraîneur nous a remis un calendrier des événements spéciaux dans le cadre des festivités. En d'autres mots, il s'agit des événements où les entraîneurs ne veulent pas nous voir cette semaine, car ce sera le gros party. Je demeure au centre-ville et pratiquement tous les bâtiments en ville sont décorés aux couleurs de l'équipe. Plus de 68 000 personnes devraient assister au match au Commenwealth Stadium. La coupe Grey, c'est le "talk of the town" à Edmonton.

Les Alouettes vs. les anciens Alouettes

À Edmonton, on retrouve plusieurs anciens joueurs des Alouettes : Steve Charbonneau, Glen Young, Winston October, Elfrid Payton, Doug Petersen entre autres. Deux de nos entraîneurs ont déjà également travaillé pour les Alouettes : Dany Maciocia et Dan McKinnon. D'un autre côté, Don Matthews est l'ancien pilote des Eskimos. Il y aura beaucoup d'émotions dans ce match.

Les anciens des Alouettes tenteront de ne pas trop penser à cet aspect, question de ne pas se laisser distraire. Mais à quelque part c'est presque impossible que les anciens Alouettes ne pensent pas au fait qu'ils affronteront leurs anciens coéquipiers et amis. Pour ces joueurs, le match sera sûrement encore plus émotif. Pour moi, étant donné que je ne connais pratiquement aucun joueur des Moineaux, ce sera plus émotif puisque j'affronterai MA ville.

Notre équipe avant le match

J'ai joué cinq parties en saison régulière avec l'équipe et une en séries. Nul besoin de dire à quel point il y a une énorme différence entre les matchs en saison régulière et ceux en séries. C'est comme si j'avais joué pour deux équipes totalement différentes. Le niveau de préparation, d'intensité et d'émotion ne sont nullement comparables. Je me demande encore à quel endroit nous sommes allés puiser toutes ces émotions. Moi-même, en sautant sur le terrain, j'ai ressenti un niveau d'émotion rarement atteint. Comme si j'étais dans un autre monde. Si c'est cette équipe qui saute sur le terrain pour affronter les Alouettes, nous aurons droit à tout un match.

Avoir Anthony Calvillo à l'oeil

Les Alouettes possèdent une attaque bien balancée. Ils sont excellents à toutes les positions. La clé de l'attaque est sans contredit Anthony Calvillo. Les Alouettes ne peuvent le remplacer. Si quelque chose arrive à Lawrence Phillips, ils peuvent faire appel à Thomas Haskins. Ils ont également de la profondeur à la position de receveur. Mais pas au poste de quart. Si on est capable de rejoindre Calvillo et le sortir de son "beat", on pourra faire tourner le vent de côté. Mais il faudra tenter de le déstabiliser et ce, le plus tôt possible. Si nous lui laissons le temps de prendre sa vitesse de croisière, il sera difficile à arrêter.

Les deux équipes sont sensiblement de force égale, mais le football est un jeu d'échecs. Il faudra donc avoir le meilleur plan de match possible et exploiter les faiblesses des Alouettes. Si Barron Miles est absent, on pourrait, par exemple, tenter d'aller plus souvent du côté de son remplaçant.