MONTRÉAL – L’état de santé d’Anthony Calvillo ou l’orgueil meurtri de Josh Neiswander ne semblaient pas faire partie des préoccupations d’Arland Bruce III après la victoire des Alouettes aux dépens des Lions de la Colombie-Britannique.

Sans doute emporté par l’ivresse que lui procurait sa meilleure performance dans l’uniforme montréalais, Bruce a livré sans retenue un concert d’éloges destiné au jeune quart-arrière Tanner Marsh, source directe d’une récolte de 400 verges en attaque après avoir été appelé en relève à Neiswander à la fin du premier quart.

« Je ne veux pas proclamer qu’il devrait être notre partant, mais il se passe quelque chose de spécial quand il se trouve sur le terrain », a vanté Bruce, qui venait de capter la moitié des 14 passes complétées par le quart recrue dans une victoire arrachée sur le dernier jeu du match.

« Il me trouve comme ça depuis le début du camp d’entraînement, a poursuivi celui qui a signé un contrat de trois ans avec les Alouettes au cours de la saison morte. J’ai dit que j’étais prêt à faire de gros jeux cette semaine, j’y ai mis le travail nécessaire et Marsh l’a remarqué. Quand un gars connaît une bonne séquence, il fait en sorte de le rejoindre et c’est exactement ce dont on a besoin. Il distribue bien le ballon et fait appel à ses fabricants de jeux. C’est ce qu’il fait et il le fait de façon constante. »

Marsh, dont le nom apparaissait derrière celui de deux quarts-arrières plus expérimentés sur la charte de positions des Alouettes au début de la saison, a complété des passes à six cibles différentes. Il a attiré l’attention une première fois avec un jet de 52 verges à Duron Carter, a connecté avec Bruce sur un jeu de 86 verges et complété une bombe de 57 verges à Éric Deslauriers sur la séquence qui a mené au placement victorieux de Sean Whyte.

« Cette semaine à l’entraînement, tout le monde a été impliqué et ça a paru dans le match », croit Bruce, qui est resté sans mot lorsqu’on lui a appris que sa performance lui avait permis de percer le top-10 de l’histoire de la LCF au chapitre des gains par la voie des airs.

« Je faisais simplement mes lectures et dès que je voyais un gars se découvrir, je tentais de lui remettre le ballon aussi vite que possible », a humblement décortiqué Marsh, qui n’avait pas le luxe de pouvoir compter sur Jamel Richardson et Brandon London, blessés.

Le meilleur et le pire

Marsh a été bon, mais il n’a pas été parfait. Au-delà de ses quatre interceptions au bilan final, sa sortie a été ponctuée de petits exemples qui mettent en relief ses qualités athlétiques indéniables, mais aussi son manque de vécu.

Au milieu du troisième quart, Marsh a décroché de sa pochette protectrice pour aller étudier ses options à sa droite. Il a finalement décoché une passe alors qu’il avait clairement franchi la ligne d’engagement, une bête infraction à un règlement de base. Sur le jeu suivant, le jeune passeur a de nouveau pris ses jambes à son cou et a sorti le vétéran secondeur Solomon Elimimian de ses pantalons pour finir sa course 16 verges plus loin avec un premier essai en poche.

Sur le dernier jeu du troisième quart, Marsh a été incapable de placer le ballon dans les mains de S.J. Green, qui avait réussi à prendre une tête d’avance sur son couvreur dans la zone intermédiaire, mais il a débuté la dernière période avec un gain de douze verges en défiant une couverture serrée autour de Bruce.

« Il est encore très tôt pour lui attribuer une telle étiquette, mais il a le potentiel pour être un joueur spécial, a vanté Jim Popp. Il fait partie de cette race de quarts-arrières qui n’ont pas peur de commettre des erreurs. Il prend des risques et si ça se retourne contre lui, il l’oublie aussitôt et est prêt à retenter sa chance. »

« J’ai été épaté par sa résilience, a complimenté Deslauriers. Même quand il faisait des mauvais jeux, même quand on échappait des balles, il restait bien droit dans sa pochette et continuait d’exécuter les jeux que le coach lui donnait. Il a très bien joué. »

« J’ai montré que j’étais une recrue, a tenu à rappeler Marsh. J’ai fait plusieurs erreurs de débutants, des erreurs que je devrai éviter si je veux être un quart-arrière dans cette ligue. Ce fut une belle victoire d’équipe, mais j’ai gaffé à plusieurs reprises et ça doit changer. »

Pas de controverse

Au moment où les journalistes quittaient la cohue du vestiaire des vainqueurs, Marsh et Neiswander pouvaient être vus calmement adossés à leur casier, s’échangeant une poignée de mains complice en refaisant l’histoire du match avec un sourire au visage.

Si le partant déchu encaissait avec amertume le dénouement de la soirée, il le cachait fort bien.

« Josh est un excellent quart-arrière. Il maîtrise à merveille les subtilités du sport, alors j’acceptais sans problème de rester en retrait. Je l’ai probablement ennuyé avec toutes mes questions lors de notre préparation, je voulais savoir tout ce qu’il faisait et pourquoi il le faisait. J’ai beaucoup appris simplement en l’observant », a encensé le cadet des quarts des Alouettes.

« Depuis qu’il est arrivé ici, Tanner a tranquillement fait son chemin jusqu’au match d’aujourd’hui. À travers tout ce qui a été placé dans son chemin, il a trouvé un moyen de faire sa place et de s’y accrocher. On s’est aussi accroché à lui et on voit maintenant qu’on a eu raison de le faire », se réjouissait Jim Popp.