Revue de l'année : Une fin difficile à avaler pour les Alouettes de Montréal
MONTRÉAL – Une dinde trop sèche ou un classique culinaire des Fêtes réinventé maladroitement, ça s'est vu dans toutes les familles du Québec. Au sein des Alouettes de Montréal, c'est la fin amère de 2024 qui est difficile à avaler.
Jusqu'à temps que la recette soit gâchée par les nombreux revirements, en finale de l'Est contre les Argonauts de Toronto, les Alouettes disposaient de tous les ingrédients pour planifier un autre défilé de la coupe Grey à Montréal.
Cette conclusion est venue gâcher la revue de l'année qui s'annonçait positive alors que Alouettes ont présenté leur meilleure fiche (12-5-1) depuis 2009 (15-3).
Preuve que le verdict a été pénible à digérer, le directeur général Danny Maciocia a admis qu'il a été fâché pendant quatre jours après avoir vu les Argos soulever le vieux trophée à la place de sa troupe.
Quant à l'entraîneur-chef Jason Maas, sa nature compétitive n'a sûrement pas estompé la frustration plus vite. On déduit plutôt que ça ne fera qu'alimenter sa quête en 2025.
Surtout que le thème qu'il avait choisi pour 2024, Grind for Nine (bûcher pour la neuvième conquête), sera encore d'actualité au retour sur le terrain.
Un bilan, même quand il fait mal à rédiger, implique d'ajuster le tir pour l'avenir. Ainsi, les Alouettes ont procédé à une grande décision, à la fin novembre, en confiant l'attaque à Davis Alexander.
Durant les premières semaines du calendrier 2024, le vétéran Cody Fajardo a brillé comme s'il était encore galvanisé par son titre de joueur par excellence à la coupe Grey 2023.
Mais le sympathique guerrier n'a pas pu chasser le naturel très longtemps. Deux blessures et la naissance de son deuxième enfant lui ont fait rater des matchs et perdre son élan.
Alexander a sauté dans le traîneau avec la fougue de sa jeunesse et il a prouvé à ses dirigeants qu'il peut accomplir de petits miracles en tenant les rênes de cette attaque.
Oui, Fajardo a mené les partants de la LCF avec 73,6% de passes complétées, mais le système offensif reposait d'abord sur de courtes passes. De plus, lorsque le contexte s'est corsé durant le dernier droit de l'année, Fajardo n'a pas affiché la précision recherchée ce qui n'a pas échappé à l'état-major des Alouettes.
Le bilan serait incomplet sans dire que les nombreuses blessures chez les receveurs ont affecté la production offensive particulièrement à l'approche des éliminatoires. Cela dit, Alexander devrait compter sur la grande majorité de cette talentueuse brigade en 2025, Kaion Julien-Grant étant le seul qui peut accéder à l'autonomie.
La stabilité devrait aussi régner sur la ligne offensive outre la perte du vétéran Kristian Matte vers une retraite bien méritée. Mais la fin d'année incite à faire une auto-évaluation objective et cette unité voudra élever son jeu d'un cran la saison prochaine. Dans la pochette, la présence d'Alexander - un athlète plus rapide qui décoche plus vite - ne devrait pas nuire dans ce sens.
S'il demeure à Montréal, le porteur de ballon Walter Fletcher devrait également en bénéficier. Mais il voudra d'abord, lui-même, racheter ses deux erreurs coûteuses en finale de l'Est. Si vous entendez parler d'une personne qui a passé les Fêtes avec un ballon de football bien agrippé au corps, il s'agira probablement de Fletcher.
Et la défense dans tout ça ? Elle est comme l'oncle qui ne prononce pas un mot à Noël. Malgré son excellent boulot, elle a été privée de la récompense désirée. Oui, l'unité défensive peut allouer moins de verges par la course, mais le système du coordonnateur défensif Noel Thorpe vise d'abord à limiter les gains explosifs. Un peu de renfort sur le front défensif représente le seul cadeau rêvé par ce groupe.
Tout comme plusieurs familles canadiennes, les équipes de la LCF doivent gérer leur budget avec précaution. Le DG des Oiseaux ne pourra pas rapatrier chaque joueur autonome, mais sa liste prioritaire n'est pas interminable cette année (Kabion Ento, Walter Fletcher, Alexandre Gagné, Philippe Gagnon, Kaion Julien-Grant, James Letcher et Reggie Stubblefield). Wesley Sutton, Joseph Zema et Sean Thomas Erlington n'ont pas tardé à accepter un nouveau pacte. Par contre, on présume que le botteur David Côté devra se trouver un boulot ailleurs.
En bon gestionnaire, Maciocia ne devra pas tout dépenser. Au départ, cette prudence visait à convaincre Fajardo de renégocier son entente pour un rôle de réserviste. Maintenant que Fajardo a été échangé à Edmonton contre McLeod Bethel-Thompson, Maciocia tentera de s'entendre avec ce dernier pour qu'il campe le rôle de vétéran auprès d'Alexander.