Brandon Bridge, enfin le quart canadien attendu?
Alouettes mercredi, 3 juin 2015. 20:32 jeudi, 12 déc. 2024. 13:36
SHERBROOKE – Les quarts-arrières canadiens qui s’illustrent dans la LCF sont aussi rares que les trèfles à quatre feuilles. Après quelques tentatives infructueuses, les Alouettes de Montréal pourraient avoir déniché l’athlète qui renversera la tendance.
Pour le moment, on parle plutôt d’un diamant à l’état brut, mais Brandon Bridge détient suffisamment de qualités assez intéressantes pour avoir été invité au mini-camp des Cowboys de Dallas.
Arborant aussi le numéro 7 et portant des souliers tout autant flamboyants en plus d’avoir la même tendance à essayer des passes osées, Bridge ne fait rien pour se détacher de la comparaison avec Colin Kaepernick qui lui est souvent attribuée dont par son nouveau directeur général Jim Popp.
À vrai dire, le choix de quatrième ronde des Alouettes essaie plutôt de s’inspirer du spectaculaire, mais audacieux, quart des 49ers de San Francisco.
« C’est définitivement un joueur duquel j’essaie de m’inspirer. J’essaie de bâtir mon jeu autour de ses aptitudes, il est explosif autant dans ses passes que dans ses courses et j’essaie d’aller chercher quelques éléments dans son jeu », a confié Bridge au terme d’une pratique au camp d’entraînement des Oiseaux.
À six pieds cinq pouces et 235 livres, l’athlète de 23 ans capte rapidement l’attention. En l’épiant de plus près, on constate sans tarder qu’il peut compléter une panoplie de passes trop exigeantes pour plusieurs quarts du circuit canadien. Cependant, son irrégularité refait surface tout aussi vite.
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Ce rendement inconstant est rarement évité par les jeunes quarts-arrières et Bridge devra surmonter cet obstacle pour s’établir dans la LCF.
« Il se débrouille bien, il a connu un bon camp des recrues. (À sa première journée au camp officiel) il a réussi de bons lancers, mais il a aussi traversé des bas comme on s’y attend pour les recrues. Il doit s’adapter, mais dans l’ensemble, il fait un boulot fantastique. Il est très intelligent et enthousiaste », a décrit Popp.
Son entraîneur Tom Higgins a dressé un bilan similaire du quart au puissant bras.
« C’est un jeune homme adorable, il est très confiant et son intelligence sportive est très élevée. Chose certaine, on n’a pas l’intention de le changer de position. Il continuera à se développer et ce sera une histoire intrigante à surveiller », a évoqué Higgins.
Le principal intéressé a également été prudent dans son auto-évaluation.
« Je suis définitivement heureux jusqu’à maintenant. Je désire vraiment que le football professionnel soit mon métier. Je dois assimiler plusieurs éléments, mais ça devrait aller avec le temps », a indiqué le quart originaire de Mississauga qui s’en voulait pour une erreur au jour 1 du camp d’entraînement.
« J’ai été satisfait de certains de mes jeux, mais j’aurais dû mieux faire sur la passe qui s’est transformée en interception », a jugé Bridge.
L’an dernier, dans l’uniforme des Jaguars de South Alabama, l’Ontarien a cumulé 1927 verges aériennes avec 15 passes de touché contre huit interceptions en plus d’amasser 297 verges et quatre touchés par la course.
Son défi demeure de transposer ses aptitudes au niveau professionnel et une rivalité avec Jonathan Crompton ou Dan LeFevour pour le poste de numéro un ou deux demeure précipitée pour Higgins.
« Ça ne me semble pas réaliste de penser qu’il puisse s’attaquer à ces postes cette année. L’objectif plus réaliste serait de camper le rôle de troisième quart-arrière ce qui lui permettrait d’être sur notre formation », a commenté Higgins.
« On sent que les gens poussent pour qu’un quart canadien s’impose, mais ça exige une courbe de progression pour y arriver. Il y a un gros pas à franchir depuis le niveau universitaire. On peut seulement penser à notre entraîneur des receveurs qui a eu besoin de temps pour devenir le quart qu’il a été », a-t-il enchaîné avec une référence à Anthony Calvillo.
Justement, Calvillo pourrait devenir un incitatif de taille aux yeux de Bridge. En effet, s’il ne parvient pas à déloger LeFevour ou Tanner Marsh, il aboutirait sur l’équipe d’entraînement des Alouettes et ce ne sont pas tous les joueurs qui sont prêts à accepter ce sort. Par contre, l’occasion de travailler auprès de Calvillo pourrait le convaincre de demeurer dans le nid des Alouettes.
À ce point-ci, les évaluations demeurent hâtives pour déterminer le statut qui lui sera proposé. Toutefois, les receveurs de l’organisation n’ont pas hésité pour démontrer de la confiance en son arsenal.
« J’avais entendu parler de lui, mais c’était la première fois que je le voyais sur le terrain. J’ai bien hâte de voir la suite des choses dans son cas. Je savais qu’il était un très bon athlète qui a brillé au niveau universitaire. Il a le potentiel pour connaître une bonne carrière dans la LCF », a noté Samuel Giguère.
La patience sera donc de mise dans son cas, mais il pourrait permettre de remédier aux échecs des sélections de quarts canadiens des Alouettes au repêchage qui ont notamment tenté leur coup avec Jesse Palmer et Kyle Quinlan.
Conscient de l’exploit qu’il pourrait accomplir en prouvant que les quarts canadiens peuvent dominer dans la LCF, Bridge demeure prudent face à cette responsabilité.
« Je ne pense pas au fait que ce soit rare, je me concentre sur mon rendement sur le terrain même si c’est certain que c’est un privilège et un honneur de pouvoir y aspirer », a évoqué Bridge qui travaille à dépoussiérer ses bases de français apprises il y a quelques années.
En dépit de la longue et riche histoire du football canadien, les partisans ont rarement pu se rallier à des quarts originaires du Canada. Frank Cosentino et Russ Jackson figurent parmi les exceptions à ce sujet. Le mandat demeure colossal, mais Bridge croit détenir les armes pour s’ajouter à cette liste.
« Je peux être un meneur, réussir des jeux explosifs avec mon bras et mes pieds. J’ai la conviction que je peux réussir tous les types de passes et je peux aussi faire mal aux défenses adverses avec mes jambes », a conclu Bridge avec confiance.