Une fois de plus, les Alouettes obtiennent cette fin de semaine une nouvelle chance de se qualifier pour les éliminatoires. Par contre, j’ai bien l’impression que leur place devrait être confirmée avant le début de leur partie car je crois que les Argonauts vont vaincre les Blue Bombers samedi.

Une défaite de Winnipeg confirmerait l’accès des Alouettes. Ceci dit, j’espère que les Alouettes possèdent un peu plus de fierté et qu’ils vont sortir en force dimanche contre les Tiger-Cats même si leur sort est déjà décidé. Une victoire avec une performance inspirée redonnerait de l’élan à l’équipe.

Ainsi, les Alouettes pourraient au moins dire qu’ils se sont qualifiés par la porte avant. Mais personne ne peut nier que l’organisation montréalaise ne traverse pas une saison comme les autres. Même si les Alouettes sont rendus à disputer leur 16e partie, des questions persistent aux postes de quart-arrière, de porteur de ballon et de retourneur des bottés…

Mais regardons le portrait d’un œil positif : les Alouettes ont perdu leur premier match éliminatoire au cours des deux dernières années à la suite de deux saisons correctes sous les ordres de Marc Trestman. Alors pourquoi ne pas faire le contraire et terminer en beauté une saison qui s’est avérée pénible? Les Alouettes pourraient bien trouver le moyen de surprendre des observateurs en éliminatoires.

On sait que tout peut arriver, particulièrement au football, quand tu accèdes aux éliminatoires parce que ça se décide en un seul match et non avec des séries de plusieurs rencontres. Ça dépend donc de l’équipe qui joue le mieux cette journée-là.

Bien sûr, les Alouettes seraient les négligés en éliminatoires à la suite de leur calendrier cahoteux. Les joueurs se présenteraient donc avec « l’argent du casino » en mains et avec l’attitude de « rien à perdre ».

Il suffit donc de demeurer dans le coup et de garder le pointage serré jusqu’en deuxième demie. Ainsi, l’adversaire peut devenir tendu devant ses partisans car il n’est pas supposé s’incliner devant un opposant qui a battu de l’aile durant la saison régulière.

C’est ce qui devient dangereux et j’ai vu des équipes gagner avec une fiche ordinaire. Je pense tout de suite à Calgary en 2001 (8-10), Vancouver en 2000 (8-10) et Toronto en 2012 (9-9). Bref, il faut toujours garder cela en tête. Je l’admets, je prends de l’avance un peu, mais c’est pour dire que l’espoir demeure au rendez-vous.

Le cas intrigant de Troy Smith

Revenons sur le match qui attend les Oiseaux, on a tous hâte de voir l’entrée en scène de Troy Smith comme quart-arrière partant. À moins qu’il ne se foule une cheville dans sa douche, il amorcera la partie contre Hamilton. Ça démontre que les Alouettes demeurent en mode solutions et on peut quasiment dire panique! Ce n’est jamais une bonne idée de changer des joueurs à la 16e semaine du calendrier.

Quant à Smith, c’est clair qu’il n’est pas encore prêt à mes yeux et qu’il ne connaît pas encore l’ensemble du cahier de jeux. Après tout, il s’est amené dans une nouvelle ligue sans profiter d’un camp d’entraînement et il n’est pas avec l’équipe depuis longtemps. De plus, ça fait seulement quelques jours qu’il s’entraîne avec la première unité, mais on ne parle pas de plusieurs semaines. Troy Smith

Est-ce lui rendre service de le jeter dans cette situation exigeante? Il pourrait peut-être se brûler en voulant en accomplir trop sur le terrain. Il est quand même un grand compétiteur et un athlète fier donc il ne voudra pas avoir l’air fou. Bien sûr, il voudra bien faire, mais il sera intéressant de voir s’il finira par s’en mettre trop sur les épaules. C’est là que le danger se situe pour lui. Il ne doit pas jouer au sauveur même si c’est un peu le statut qu’on semble lui confier en l’envoyant dans l’action pour faire débloquer l’attaque.

Chose certaine, c’est clair qu’il possède un bras canon si bien qu’il s’avère le candidat idéal pour attaquer les zones profondes comme le veut la nouvelle tendance du plan offensif des Alouettes.

Mais il faut faire attention, tu ne peux pas seulement te nourrir de cela surtout dans du football canadien à trois essais. Si tu rates ton coup, le deuxième essai devient plus exigeant et ensuite ça mène déjà à un dégagement.

C’est clair que tu ne peux pas toujours t’attendre à voir Duron Carter réussir de longs attrapés ou que des punitions d’obstruction soient imposées. Ça m’intrigue donc de savoir si les Alouettes pourront faire progresser le ballon avec constance et contrôler la confrontation.

Pour y arriver, c’est évident que lui et sa ligne offensive devront s’adapter au niveau de la cadence et de la communication. Le même élément s’impose avec les receveurs qui veulent synchroniser leur course vers l’avant avec la cadence du quart.

Voilà pourquoi on ne peut pas s’attendre à observer un synchronisme parfait.

On parle aussi du changement à la position de demi offensif alors que Tyrell Sutton succèdera à Jerome Messam. Ça me semble une évidence que Sutton est plus explosif, plus agile, plus rapide et doté d’une accélération foudroyante.

Ce n’est pas tout, ses qualités comme receveur sont meilleures que celles de Messam. Il peut même accomplir de vrais tracés de passe à l’extérieur comme un receveur contrairement au costaud numéro 23.

On voit tout de suite qu’il n’est pas plus gros que Messam alors que son gabarit se compare davantage à celui de Brandon Whitaker, mais il possède un style robuste et ne craint pas le style physique.

Avec l’ajout d’un jeune ou d’un nouveau porteur de ballon, la grande question demeure toujours de savoir s’il pourra fournir la protection nécessaire à son quart-arrière.

D’ailleurs, il faut noter que les Tiger-Cats ont récemment adopté un style défensif semblable à celui des Alouettes en misant sur un système plus agressif avec une pression plus intense. Ce sera donc un défi encore plus imposant pour Sutton. C’est aussi vrai pour Smith qui devra dégainer avec vitesse car on testera sa prise de décisions et sa précision.

Tout de même, il faut souligner que le champ-arrière des Alouettes sera nettement plus athlétique avec Smith et Sutton. Ainsi, les courses du quart deviennent un élément intéressant tout comme le jeu d’option qui est à la mode.

Sutton peut exécuter, avec succès, des courses en partant d’une position statique contrairement à Messam. Cependant, c’est bien beau ajouter de nouveaux jeux, mais il faut réussir à les exécuter à la hauteur.

Pour revenir à l’enjeu de la protection, le meilleur exemple s’avère celui de Chris Garrett des Roughriders de la Saskatchewan. Le jeune porteur de ballon a dû céder son poste après une demie contre les Alouettes car il en avait plein les bras! Ils ont donc enlevé leur meilleure option comme porteur de ballon car sa protection était déficiente.

Pour son premier départ, Smith peut s’encourager en se disant qu’il évoluera à domicile donc le bruit ne sera pas un facteur, mais les Alouettes n’ont pu faire mieux qu’un dossier de 3-5 devant leurs partisans jusqu’à maintenant.

Il pourrait aussi se motiver par le fait que les Tiger-Cats occupent le dernier rang défensif pour les revirements provoqués, les interceptions et les sacs du quart. Ceci dit, on sent que cette unité a repris du poil de la bête dernièrement. À preuve, elle a concédé seulement 18 et 19 points à ses deux dernières sorties en plus d’obtenir 7 sacs du quart et provoquer 4 revirements.

Mine de rien, le blitz est plus présent à l’image des Alouettes. À ce sujet, Smith peut sans doute se préparer adéquatement quand il se mesure à la défense des siens à l’entraînement.

La défense de Hamilton se classe dernière dans quelques catégories, mais elle a concédé moins de points que celle des Alouettes. Je dois quand même préciser que celle des Alouettes accorde plus de points en raison des nombreux revirements offensifs et des bévues sur les unités spéciales.

La bonne méthode du copier-coller

Henry Burris et Chip CoxÀ propos de la défense, Montréal doit effectuer un copier-coller de sa dernière prestation contre les Tiger-Cats à Moncton. Durant ce match, l’unité défensive avait dérangé Henry Burris alors qu’il avait échappé un ballon et qu’il avait été limité à 176 verges aériennes.

 

De plus, les Als avaient éliminé le dangereux porteur de ballon C.J. Gable de l’équation avec 29 verges par la course et aucune par la passe. Gable demeure la bougie d’allumage de cette équipe et ton plan doit commencer par limiter ses gains. Ce n’est pas tout, le receveur Greg Ellingson n’avait pas gagné une verge non plus.

Les Alouettes avaient donc ciblé certains joueurs à contenir la stratégie avait été fructueuse malgré la défaite de 28-26. Il faudra donc revenir avec beaucoup de pression sur Burris et espérer que ce sera encore le mauvais visage de ce quart à deux personnalités qui se présentera.

Calvillo, rien de trop étonnant

En ce qui concerne la nouvelle qui est tombée sur Calvillo, il ne faut pas trop s’en étonner surtout qu’on voyait que le protocole était long.

Bien sûr, les équipes dévoilent seulement ce qu’elles veulent aux journalistes et ça semblait plus prometteur quand Calvillo s’est présenté à l’entraînement mercredi, mais il a probablement rencontré des spécialistes quand il a ressenti, de nouveau, des symptômes de sa commotion.

Les médecins lui ont sûrement dit que l’option la plus sage pour lui était de renoncer à un retour en 2013. Mais, justement, il faut faire attention car on n’a pas annoncé sa retraite.

Comme à chaque année, Calvillo procédera à une réflexion sur son avenir avec sa femme. Généralement, il communique sa décision à l’équipe au début décembre et ce sera aux Alouettes de déterminer s’ils veulent poursuivre avec lui en 2014.

Ce ne serait pas surprenant qu’il opte pour la retraite, mais s’il souhaite continuer, les Alouettes devront être clairs avec lui en précisant qu’il sera impliqué dans une compétition féroce dès le camp d’entraînement. Ainsi, ça reviendra à Calvillo de décider s’il veut revenir dans de telles conditions.

Bien sûr, Jim Popp voue un très grand respect à Calvillo et c’est plus que normal car il a été bon pour lui depuis qu’il est arrivé à Montréal. Popp avait été bon pour Calvillo en l’embauchant, mais il a eu tout un retour sur son investissement avec tous les championnats de l’Est, les présences à la Coupe Grey et les victoires à la Coupe Grey. C’est évident que tu ne peux pas traiter Calvillo comme un vulgaire chiffon. 

Anthony CalvilloJe craignais que le vétéran quart revienne en fin de saison et qu’il encaisse un autre virulent plaqué. Maintenant, il aura tout le temps pour réfléchir.

Au moins, ça ne change rien pour le prochain match et ça enlève un peu d’attention sur Smith et les autres joueurs qui pourront se concentrer sur sa préparation.

En fin de compte, cette décision enlève de la pression sur Calvillo et je suis content pour lui. Il n’aura pas à revenir trop tôt pour sauver l’équipe. Il aurait pu ressentir l’obligation de venir aider l’équipe qui a été si bonne pour lui. Cet aspect est réglé et il peut guérir en paix.

Ensuite, ça clarifie la situation chez les quarts puisque la balle est dans le camp des jeunes. Cette histoire aurait pu devenir une source de distraction si, par exemple, Smith avait comblé les attentes et que Calvillo avait voulu revenir.

Par contre, si Smith lance quatre interceptions dimanche et qu’on revient avec Tanner Marsh ou Josh Neiswander, les Alouettes auraient sans doute été heureux de revoir Calvillo…

*Propos recueillis par Éric Leblanc