Cody Fajardo ou Davis Alexander? Fajardo alimente lui-même le débat

MONTRÉAL – Cody Fajardo ou Davis Alexander en 2025? Voici la question pour les dirigeants des Alouettes de Montréal et pour les partisans de l'équipe. À vrai dire, Fajardo a, lui-même, alimenté ce débat. 

On savait que ce dossier serait le grand enjeu de la saison morte des Alouettes puisque Fajardo détient encore une année à son contrat tandis qu'Alexander pourrait devenir joueur autonome. 

Avec toute l'expérience dont il dispose, on aurait cru que Fajardo aurait sorti la « cassette » pour s'éloigner de cette question, mais il a plutôt semblé vouloir passer un message deux jours après l'élimination de sa troupe. 

Cela dit, c'était difficile de bien cerner les intentions de Fajardo au terme de sa mêlée de presse qui a duré dix minutes aux abords du vestiaire de l'équipe au Stade olympique. 

Précisons que Fajardo, qui entamera la saison 2025 à 33 ans, venait de sortir de sa rencontre avec le directeur général Danny Maciocia. Il n'est donc pas impossible que leur discussion ait mené Fajardo à renoncer aux clichés. 

Son commentaire le plus intrigant était assurément celui-ci. 

« Parfois, miser sur deux très bons quarts-arrières, ce n'est pas une bonne chose », a-t-il lancé. 

« Parce que ça divise les gens, les partisans, les personnes dans le vestiaire, les entraîneurs. Ce n'est pas toujours la meilleure formule. Mais j'ai une grande confiance en Danny et Coach (Jason) Maas pour qu'ils prennent la bonne décision. Je suis prêt à jouer une autre année et j'aimerais me retirer comme un membre des Alouettes », a poursuivi Fajardo. 

Est-ce qu'il ne s'imagine donc pas revoir Alexander dans l'uniforme des Alouettes? 

« C'est une question pour lui et j'espère que vous l'avez cuisiné comme moi. Tout ce que je sais, c'est que sa valeur sur le marché est très élevée présentement. Il a très bien joué dans une année durant laquelle les remplaçants ont été beaucoup sollicités (à travers la LCF) et je trouve qu'il a été le meilleur. Des équipes vont avoir besoin d'un quart chaque année. C'est juste de voir s'il veut tester l'autonomie », a répondu Fajardo en semblant quasiment mousser sa candidature auprès des autres formations. 

« Mais le gazon n'est pas toujours plus vert chez le voisin. Dans mon cas, il était plus vert à Montréal », a enchaîné le numéro 7 dans le même sens. 

On déduit donc que Maciocia ne lui a pas promis qu'il serait le partant en 2025. 

« On se retrouve avec un quart-arrière plus vieux et un plus jeune. Le jeune a bien joué donc on a discuté, mais aucune décision n'a été prise. La bonne chose, c'est qu'ils savent que je veux continuer de jouer ici et je l'ai mentionné », a réagi Fajardo qui assure pouvoir mener les Alouettes à leur neuvième coupe Grey. 

Alors l'option de restructurer la dernière année de son contrat – pour offrir une augmentation à Davis Alexander – devient légitime. 

« Ça dépend des chiffres, car je dois penser à ma famille. Je veux aussi sentir que je suis le gars de confiance. Ne pas penser que ça va changer dès que tu joues un mauvais match. Je l'ai vécu à ma dernière année en Saskatchewan et c'est extrêmement difficile, tu crains de commettre des erreurs », a précisé le vétéran qui recherche un appui fort. 

Fajardo a également profité de l'occasion pour vanter l'ensemble de son œuvre.   

« Je crois que je joue le meilleur football de ma carrière même si certaines personnes pensent autrement. Bien des choses peuvent changer durant la saison morte, mais je suis excité d'avoir une autre occasion », a-t-il souligné. 

« Avant de me blesser, je trouvais que j'avais une saison digne du joueur par excellence. J'ai mené la LCF pour le moins de revirements par passes tentées et pour le pourcentage de passes complétées. Sauf que tu en viens à perdre ton rythme, cette blessure a fait chuter le vent dans mes voiles », a analysé Fajardo. 

Pour la petite histoire, Fajardo s'est blessé à l'ischio-jambier contre Toronto ce qui a mené Alexander à s'emparer du rôle de partant en présentant un dossier de 4-0. 

Mais on a enfin eu la confirmation que Fajardo s'était aussi blessé durant le match du 21 septembre à Ottawa. 

« Je peux vous le dire maintenant, je me suis fracturé deux côtes. J'ai joué la partie suivante contre Toronto et j'ai ensuite obtenu trois semaines pour guérir avec ma famille, mais tu perds ton élan », a révélé le quart-arrière. 

Alexander n'écarte aucune option 

Quelques minutes plus tôt, Alexander a répondu à nos questions en portant des souliers différents de Fajardo. Il doit attendre les offres pour trancher. 

« Oh ouais, ce sera probablement une longue saison morte. Je vais parler avec Coach Maas, Danny et Cody aussi. Ça repose entre leurs mains », a d'abord évoqué Alexander. 

Voudrait-il jouer une autre saison à Montréal dans un rôle de réserviste? 

« Ça dépendra du portrait à travers la LCF », a-t-il soumis sans hésiter. 

« J'adore ça ici, j'aime les entraîneurs et l'organisation. Mais ça doit faire du sens à mes yeux et pour ma famille. Alors peut-être que je resterai de retour sans être le partant, je ne suis pas certain. Je n'écarte aucune possibilité », a prononcé Alexander pour ajouter des détails. 

En tant qu'athlète confiant, Alexander est prêt à miser sur lui-même. Avec l'histoire de Shawn Lemon, il a réalisé que son choix de mots n'était pas parfait, mais il se sent outillé pour réussir. 

À 26 ans, Alexander intéressera une multitude d'équipes de la LCF et même des formations avec des quarts établis qui voudraient se rajeunir à cette position. 

Chose certaine, il a quitté le vestiaire des Alouettes avec la tête haute. 
 
« C'était une année vraiment folle et je suis vraiment très fier de moi-même après tout ce que j'ai traversé. C'était étrange car j'ai vécu parmi les meilleurs moments de ma vie ainsi que le pire (le décès de son père). Je suis fier de comment je me suis comporté et d'avoir gagné le respect de mes pairs et des dirigeants », a mentionné Alexander. 

Puisqu'il est le doyen de l'équipe, à 39 ans, on a songé Kristian Matte sur ce dossier épineux. 

« C'est une très bonne question, je suis chanceux de ne pas avoir à gérer ça. Davis n'est pas arrivé de nulle part, on savait qu'il avait beaucoup de talent. Il avait un peu de magie et il a un bras canon. Quand des jeunes font une ascension, ça impose un peu de pression sur les vétérans. Mais cet esprit de compétition améliore l'équipe et ça fait que Cody a poussé un peu plus fort aussi. C'est une bonne question, je ne vois que du bon et je souhaite que l'équipe pourra garder les deux », a conclu Matte.