Semaine après semaine, c’est le même refrain.

Travaillant de nouveau sans véritable filet de sécurité, la défense des Alouettes ne pouvait flancher. Mais une fois de plus, face aux Roughriders de la Saskatchewan dimanche, les membres de cette unité ont démontré à quel point ils sont forts entre les deux oreilles.

Peu importe les résultats de l’équipe, cette défense demeure en mission et continue de jouer avec beaucoup d’énergie et d’intensité, ce qui leur permet d’aligner les gros jeux. Pressés et bousculés tout au long de la rencontre, les Riders en ont payé le prix en commettant quatre revirements, cheminant tout droit vers un revers de 17-12.

La défense des montréalaise a de plus excellé lorsque la visite des Prairies a posé les pieds dans la zone rouge. On n’a qu’à penser aux trois jeux à la porte des buts que les Alouettes ont arrêtés. C’est sans compter les deux interceptions réussies par Geoff Tisdale et Chip Cox dans la zone des buts.

Oui les Riders ont grugé leur part de verges et traversé le terrain en quelques occasions, mais quand venait le temps de réussir des touchés et marquer des points, c’était une autre histoire. On en a eu notamment la démonstration à la suite d’un jeu de 72 verges réussi par le receveur Chris Getzlaf, qui a alors transporté les Riders à la porte des buts.

Nullement ébranlée, la défense a tenu le fort.

Ce brio s’explique en partie par la belle complicité entre la ligne défensive et les demis défensifs. Après avoir vu les Alouettes réussir quatre sacs du quart, les Roughriders ont procédé à quelques ajustements afin de ralentir la pression exercée par les Oiseaux sur le quart Darian Durant.

Épargnés de quelques longues poursuites contre un excellent groupe de receveurs en raison de la pression exercée par la ligne défensive en début de rencontre, les demis défensifs des Alouettes ont toutefois bien réagi une fois que les Riders ont ajouté des protecteurs supplémentaires pour Durant.

Comme si cela n’était pas assez, la défense des Alouettes a fait la vie dure à Chris Garrett, porteur de ballon des Roughriders, qui comptent pourtant sur la meilleure attaque au sol du circuit. En cinq courses, le remplaçant de Kory Sheets a été limité à neuf petites verges de gains.

Le message lancé par les Alouettes aux Riders était on ne peut plus clair. C’est par la passe que vous allez nous battre.

Là où Garrett a vraiment échoué, c’est sur le plan de la protection. Affronter les Alouettes est toujours une grosse commande pour les porteurs de ballon, qui doivent se farcir des blitzs de Kyries Hebert, Shea Emry et Marc-Olivier Brouillette.

Quand je le voyais se faire battre jeu après jeu, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce que Marc Trestman a souvent répété au fil de son séjour à Montréal. La qualité première d’un porteur de ballon de la LCF est sa capacité à effectuer de bons blocs. Tu as beau être le meilleur coureur au monde, si tu n’es pas capable de protéger le quart, ça ne marchera pas.

Garrett a bien essayé, mais il n’était tout simplement pas à la hauteur. La pression sur Durant a donc été omniprésente tout au long de la première demie et cela n’a pas tardé à apporter des dividendes aux Alouettes.

Darian Durant et Jerald BownUne pression suffocante

À force d’encaisser les plaqués et se retrouver sur le derrière, Durant a vu son instinct de survie prendre le dessus. Dégainer rapidement, quitter la pochette protectrice, courir... tout sauf se faire frapper à nouveau.

Au retour du vestiaire en deuxième demie, les Riders ne se sont donc pas cassé la tête. Plus costaud, le centre-arrière Neal Hughes a ainsi fait son entrée dans le match afin d’offrir un peu plus de protection à Durant.

Sacrifier le jeu au sol afin de protéger davantage Durant et solliciter de bons  receveurs. Cela a fonctionné jusqu’à un certain point pour les Riders, mais pas suffisamment pour l’emporter. Comme plusieurs avant eux, les Riders ont fait les frais des blitzs des Alouettes.

La stratégie des Alouettes à cet égard est simple. C’est un blitz en surnombre. S’il y a cinq bloqueurs, ils envoient un blitz à six. S’il y a six bloqueurs, ils envoient un blitz à sept. Et ainsi de suite...

En réaction, les attaques adverses envoient souvent des ailiers rapprochés à chacune des extrémités de la ligne à l’attaque. Cela fait en sorte que le joueur des Alouettes qui n’est pas bloqué doit parcourir une plus grande distance avant d’atteindre le quart-arrière. C’est comme si on rallongeait la ligne à l’attaque.

De cette façon, l’adversaire estime qu’il offre davantage de temps à son quart-arrière pour effectuer sa lecture. Le problème avec cela, c’est que les quarts ne sont pas disciplinés dans leur recul tellement ils se sont fait frapper récemment.

Normalement, le quart reçoit le ballon, prend son recul, effectue sa lecture de jeu, plante son pied arrière, entre dans sa pochette protectrice et décoche sa passe. Ce qu’on a vu de Durant – et d’Henry Burris une semaine plus tôt – c’est qu’ils reculaient beaucoup trop tellement la pression était constante.

Cela a pour effet de changer les angles de blocage pour la ligne à l’attaque. Un bloqueur peut se faire contourner quand son quart est dans sa pochette protectrice car les ailiers rapprochés ou les secondeurs adverses se retrouvent derrière le quart. Mais quand ce dernier recule trop et qu’il se retrouve 11, 12 ou 13 verges plus loin dans le champ arrière, même le meilleurs bloqueurs au monde, ils ne pourront pas contenir la pression.

Des gars comme Chip Cox, qui arrivent de l’extérieur tel des fusées, contournent aisément le bloqueur devant eux et empruntent une ligne directe vers le quart.

Neiswander progresse

Ce beau travail de la défense n’a heureusement pas été gâché par l’attaque des Alouettes.

Aux commandes de celle-ci, le jeune quart-arrière Josh Neiswander n’a pas commis de revirements dans un deuxième match consécutif. Là est la clé. On ne lui demande pas d’amasser 400 verges de gains par la passe. Tout ce qu’on veut, c’est qu’il évite à tout prix les revirements.

Avec l’excellence de la défense, si Neiswander n’erre pas, les Alouettes seront toujours dans le coup. C’est la base. S’il peut ensuite nous offrir 300 verges par la passe, tant mieux.

N’eût été les défaillances des unités spéciales contre les Tiger-Cats, les Alouettes l’auraient d’ailleurs emporté il y a deux semaines.

On a d’autre part senti une volonté chez les Alouettes d’impliquer davantage le jeu au sol au cours de la rencontre face aux Riders. Une attaque équilibrée, c’est exactement ce qu’il faut pour faciliter le travail de Neiswander et s’assurer que tout ne repose pas sur ses épaules.

Duron CarterMonsieur gros jeux

Outre le jeu au sol, Neiswander a surtout pu compter sur Duron Carter, qui s’est une fois de plus donné en spectacle en fin de semaine.

Le receveur a en effet effectué six attrapés pour des gains de 152 verges et un touché. Il a ainsi porté son total à 29 passes captées pour 529 verges de gains, soit une moyenne de 18,2 verges par attrapé. Pas de doute, c’est Monsieur gros jeux chez les Alouettes.

Pour s’illustrer de la sorte, cela exige énormément de talent. Il ne s’agit pas seulement de courir vite et de se démarquer. Il faut être capable de pivoter la tête, jeter un coup d’œil par-dessus l’épaule, repérer le ballon, s’ajuster à sa trajectoire et lever les mains au dernier moment pour ne pas vendre la mèche à son couvreur et effectuer l’attrapé. Tout ça en courant!

Plus encore, Carter démontre match après match qu’il est un receveur complet. Deux longs jeux réussis face aux Riders le démontrent clairement.

D’abord, sur un gain de 46 verges, il a effectué l’attrapé après que le ballon eut flotté dans les airs sur une distance de 46 verges. Puis,  sur son touché de 45 verges, il a capté une passe piège de deux verges avant de franchir la distance le séparant de la zone des buts.

Il excelle donc aux deux extrêmes de ce que j’appelle l’arbre des tracés de passe. C’est tout un casse-tête pour les demis défensifs qui doivent le couvrir. Alors que la défense adverse pourrait s’attendre à une bombe, il peut très bien faire des dommages à l’aide d’une longue course. À l’inverse, si la défense effectue une couverture serrée à la ligne d’engagement, elle a intérêt à ne pas manquer son coup car Carter peut très bien attaquer les zones profondes.

Carter est donc toute une bougie d’allumage pour les Alouettes par les temps qui courent. Face aux Riders, il a inscrit un touché en plus d’ouvrir la porte à un placement de Sean Whyte. Il est donc directement responsable de 10 des 17 points des Montréalais. C’est tout dire.

Ça doit s’arrêter, et vite!

La défense excelle donc, Carter épate la galerie, Neiswander affiche un peu plus de constance, mais on ne peut en dire autant des unités spéciales.

D’abord, le botteur Sean Whyte a connu beaucoup d’ennuis en début de match, ratant des bottés de dégagement et un placement. Avec le manque constance de l’attaque, les matchs sont chaudement disputés et les Alouettes ne peuvent donc se permettre de compter sur un botteur erratique. La marge d’erreur est mince, pour ne pas dire nulle. Les unités se doivent de se ressaisir.

Whyte a fait un premier pas en ce sens en fin de première demie en réussissant un placement qui a semblé le relancer. Il n’est toutefois pas le seul à blâmer. Le spécialiste des retours de botté Tyron Carrier doit aussi se regarder dans le miroir.

En plus de mal juger la trajectoire du ballon en quelques occasions, il l’a échappé une fois. Était-il ennuyé par le soleil? Peut-être, mais il faut que ça arrête tout de suite. À ce que je sache, les Alouettes s’apprêtent à disputer leur 14e match de la saison. Il serait plus que temps de ne plus commettre des erreurs de base.

Un gros retour de Carrier en deuxième demie sur un botté d’envoi après que les Riders eut nivelé le pointage 11-11 sur un touché de Dressler, a permis à Sean Whyte d’inscrire trois points et donner une avance de 14-11 aux Alouettes.

Les Alouettes étaient alors de retour dans le match et ils ont ensuite creusé l’écart à l’aide d’un autre placement pour sceller l’issue de la rencontre. Ils affichent donc maintenant un dossier de 5-8.

En plus de ce gain, les hommes de Jim Popp ont aussi vu les Tiger-Cats (6-7) et les Eskimos (3-10) s’incliner. De bonnes nouvelles pour les Montréalais, qui occupent le troisième rang du classement de la division Est. Il y a de l’espoir.

*Propos recueillis par Mikaël Filion