Kevin Glenn voudraient que d'autres joueurs imitent Colin Kaepernick
Alouettes lundi, 29 août 2016. 16:29 mercredi, 11 déc. 2024. 14:47MONTRÉAL – Colin Kaepernick s’est attiré des tonnes de critiques pour son geste revendicateur, mais Kevin Glenn se classe parmi les athlètes qui aimeraient voir plus de joueurs agir de la sorte pour que le message devienne plus puissant.
D’entrée de jeu, rappelons que le joueur de 28 ans a refusé de se lever lors de l’interprétation de l’hymne national américain, samedi, avant le match préparatoire des 49ers de San Francisco contre les Packers de Green Bay. Son message vise à décrier l’oppression aux États-Unis envers les Afro-Américains et les autres minorités du pays.
Évidemment, le sujet suscite beaucoup de réactions en sol américain et même au nord de la frontière. Il s’agit d’une question tout autant délicate chez les Alouettes de Montréal et dans les autres organisations sportives avec la multitude de croyances et de nationalités qui se côtoient.
Devant les journalistes, la plupart des joueurs consultés ont déploré la manière employée par le quart-arrière des 49ers de San Francisco. Par contre, Glenn ne s’est pas gêné pour aller à contre-courant.
« J’adore ça, plus de joueurs devraient faire comme lui », a lancé Glenn sans aucune hésitation.
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Lorsqu’on lui a soulevé le fait que la plupart de ses coéquipiers croyaient que son geste était déplacé parce qu’il se détachait de ses partenaires et qu’il s’attaquait à un puissant symbole, Glenn a réagi ainsi.
« Il est quand même présent sur les lignes de côté avec ses coéquipiers, c’est simplement qu’il ne se lève pas. Il habite ce pays et il possède la liberté de s’exprimer. Il a décidé de se faire entendre sur un problème qui est très délicat et qui doit être résolu », a expliqué l’Américain de 37 ans.
L’athlète originaire du Michigan considère que Kaepernick a visé juste en profitant de son statut pour sensibiliser davantage les gens à cet enjeu.
« Quelle meilleure plateforme pour le faire en tant que joueur perçu et regardé comme un modèle ou exemple par des milliers d’enfants et d’adultes! J’aime le fait qu’il agisse ainsi », a évalué le volubile quart-arrière.
Chose certaine, Glenn aura – et a probablement déjà eu – des débats intéressants avec d’autres membres des Alouettes. À titre d’exemple, Corbin Louks était totalement en désaccord avec le geste posé par Kaepernick qui a été son coéquipier à l’Université du Nevada.
« Il a le droit de faire ce qu’il veut. Ceci dit, je ne suis pas nécessairement d’accord avec ses actions en raison de ce que l’hymne national et le drapeau américain représentent », a témoigné Louks, un fier défenseur des valeurs des États-Unis.
Le receveur de 27 ans ne partage donc pas l’avis de Glenn.
« Je ne suis pas vraiment d’accord, mais ils ont droit à leur opinion », a soutenu Louks.
Ce dernier a utilisé un exemple pour démontrer à quel point le geste peut fâcher des gens.
« Renversons la chose un instant, pourriez-vous imaginer qu’un des Américains de notre équipe ne se lève pas pour l’hymne national canadien? On est accepté dans votre pays et on en est reconnaissant. Par conséquent, on va respecter votre pays et se lever pour votre hymne national parce qu’on est privilégié de pouvoir travailler ici. Si on ne se levait pas, je suis certain que les Canadiens ne seraient pas très contents », a proposé Louks avec un exemple pas entièrement comparable.
Aux yeux de Louks, le geste de Kaepernick ne se soucie pas des personnes qui ont risqué leur vie pour la nation américaine.
« J’espère qu’il pourra se sentir plus heureux aux États-Unis éventuellement et qu’il pourra démontrer du respect pour les gens qui ont combattu pour notre pays », a-t-il souhaité sans méchanceté.
Il y a quelques semaines, Nik Lewis avait livré un vibrant plaidoyer pour que la brutalité policière envers les Noirs et autres minorités raciales. Il se sentait donc interpellé par l’action de Kaepernick.
« Je n’approuve pas sa manière de procéder, mais je comprends qu’il y a beaucoup d’émotions et de frustration envers les choses qui se sont produites beaucoup trop souvent aux États-Unis. Il y a beaucoup trop de personnes innocentes qui ont perdu la vie », a rappelé Lewis.
« Tout le monde a le droit à un procès juste et à ne pas être persécuté sur le champ ou même assassiné. C’est fou! Il faut accorder beaucoup plus de valeur à la vie des gens qu’on peut le constater présentement », a lancé comme message le Texan.
Des joueurs des Alouettes ont également soulevé l’ironie selon laquelle Kaepernick s’est attiré plus de foudres pour sa dénonciation que Donald Trump, le candidat présidentiel républicain, qui a proposé des mesures racistes.
Perdre son emploi pour ce geste?
Étant donné qu’il a grandi dans l’univers des sports d’équipe, le demi défensif Jovon Johnson place toujours la cause collective en avant-scène. C’est pour cette raison qu’il ne parvient pas à endosser la protestation de Kaepernick.
« Il est intelligent, s’il sent qu’il ne veut pas se lever, il a le droit. Par contre, il est dans un sport d’équipe et tu dois te conformer à ce que l’équipe exige. Ça ne paraît pas très bien de le voir seul sur les lignes de côté », a précisé Johnson qui partage cependant les revendications du quart-arrière.
La décision de Kaepernick affiche un caractère explosif. Si son geste est loin de faire l’unanimité dans la population américaine, c’est tout aussi vrai dans le vestiaire de son équipe. Quelques observateurs prétendent même que les dirigeants des 49ers pourraient se départir de lui en raison de son choix politique.
« Il a définitivement attiré beaucoup d’attention, mais je crois qu’il sera évalué pour ses qualités de joueur. Je ne pense pas qu’une équipe irait jusqu’à le retrancher pour ça », a mentionné Louks sur celui qui n’a pas été en mesure de répondre aux attentes, sur le terrain, depuis quelques années.
Le mot de la fin est revenu à Bear Woods qui rageait de devoir répondre à des questions à ce propos.
« On me pose des questions sur Colin Kaepernick, un multi-millionnaire, alors que je joue pour une équipe qui a un dossier de 3-6. Je suis prêt à aller affronter Ottawa et ne pas me soucier de lui », a conclu le secondeur avec frustration.