La folle année d'Anthony Calvillo
Alouettes jeudi, 29 oct. 2015. 22:35 mercredi, 8 janv. 2025. 06:27BROSSARD – Imaginez la classique scène de film dans laquelle un personnage, qui est forcé d’emprunter un raccourci comprenant une multitude de bosses venant compliquer sa vie, parvient à se rendre à bon port avec une fin heureuse.
C’est un peu la manière de décrire la toute première saison d’Anthony Calvillo à titre d’entraîneur sauf qu’il n’est pas encore arrivé à destination.
Mais si on quitte la fiction pour revenir à la réalité, on peut constater qu’AC a fini par connaître une année encore plus folle que des scénaristes auraient pu mettre en scène.
Méthodique comme nul autre, Calvillo a eu besoin de temps pour s’adapter à la Ligue canadienne de football durant sa carrière sur le terrain. Une fois qu’il a assimilé cet environnement particulier, AC s’est hissé parmi les meilleurs de sa profession, forçant la réécriture de plusieurs records.
Fidèle à personnalité, Calvillo avait mûri sa décision avant de se lancer vers l’exigeant métier d’entraîneur. D’ailleurs, le directeur général et entraîneur Jim Popp a dévoilé une anecdote intéressante pour démontrer à quel point Calvillo ne faisait rien au hasard.
« Il a toujours été très studieux et il l’est encore comme entraîneur. D’ailleurs, il prenait déjà des notes quand il venait nous visiter dans son année de repos pour se familiariser avec le poste d’entraîneur », a révélé Popp.
Au terme de cette année de congé plus que méritée, Calvillo a plongé dans l’aventure du « coaching » en acceptant de sortir de ses pantoufles. Étant donné la présence de Turk Schonert à titre de coordonnateur offensif et entraîneur des quarts-arrières, les Alouettes lui ont confié la particulière mission des receveurs.
Seulement 10 semaines après avoir essayé d'absorber toutes les nuances de ce mandat, Calvillo a été promu dans une situation plus naturelle, celle d’entraîneurs des quarts, dans la vague du congédiement de l’entraîneur Tom Higgins.
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Mais ce n’était pas terminé, il a finalement été nommé co-coordonnateur offensif le 5 septembre. Bref, un parcours qui aurait pu en étourdir plus d’un.
Toujours aussi humble, Calvillo est le premier à reconnaître qu’il a éprouvé des ennuis dans ses trois différentes fonctions sauf qu’il comprend les conditions imprévisibles de sa deuxième carrière.
« Je détenais beaucoup de connaissances venant de ma carrière de joueur, mais je n’aurais jamais pu réussir toute cette transition sans l’aide de Ryan (Dinwiddie, l’autre co-coordonnateur), André (Bolduc, l’entraîneur des receveurs) et Kris (Sweet, l’entraîneur de la ligne offensive). Leur bagage m’a aidé à avancer », a remercié l’ancien numéro 13.
« Anthony est assez brillant pour avoir utilisé les gens autour de lui à différents niveaux. Il n’est pas arrivé en pensant nous montrer comment ça marche. Il avait une approche d’équipe et on l’a senti tout comme les joueurs ont pu le faire », a vanté Bolduc.
Calvillo n’est pas gêné que le déroulement de l’année 2015 l’a forcé à effacer ses prévisions.
« Au début de l’année, je pensais rester auprès des receveurs et apprendre à devenir un entraîneur. Ensuite, tout s’est bousculé vers le poste que j’occupe maintenant. C’est définitivement un processus d’apprentissage inusité et je suis prêt à accepter ça », a-t-il ajouté.
Popp a d’ailleurs poussé cet aspect un peu plus en profondeur.
« Je suis certain que ça ne s’est pas passé comme il l’avait prévu, mais c’est la réalité de ce métier. Tous les anciens joueurs passent par cette étape. Il avait probablement élaboré dans sa tête une façon de faire au quotidien pour enseigner aux joueurs, mais il s’est rendu compte que ça ne fonctionnait pas entièrement. Il s’est très bien adapté », a-t-il déclaré.
Grand manitou de l’organisation sous les inspirations occasionnelles du propriétaire Robert Wetenhall, Popp a essayé de l’accompagner à travers cette année rocambolesque.
« Ça fait partie de l’apprentissage pour devenir un entraîneur, c’est simplement qu’il a dû emprunter le raccourci », a exprimé Popp qui en a vu de toutes les couleurs dans le football professionnel.
Et la panoplie de quarts dans tout ça?
Déjà que cette année ne s’effacera jamais de ses souvenirs pour ses rebondissements, Calvillo a dû composer avec l’interminable liste de quarts. Depuis qu’il a enfilé son dernier chapeau, il a épaulé Rakeem Cato, Jonathan Crompton, Tanner Marsh et maintenant Kevin Glenn.
Sans surprise, l’arrivée de Glenn est venue enlever un peu de poids sur ses épaules.
« Quand Ryan et moi expliquions des choses avant son arrivée, il fallait vraiment regarder des vidéos et leur expliquer le pourquoi. Avec Kevin, il peut visualiser une chose qu’on lui dit et ça fait que les choses vont plus rapidement », a exposé Calvillo.
« Avant son arrivée, on s’était quand même assuré de bâtir quelque chose de facile à comprendre pour n’importe quel quart. Mais, avec Kevin, il va vraiment aider les jeunes à progresser, ils pourront voir ce qu’il comprend des jeux et à quel point il dégaine ses passes rapidement », a enchaîné celui dont le numéro 13 a été retiré.
Au sein de l’attaque montréalaise, le fait de miser sur Glenn produit une petite révolution comme l’a décrit Bolduc.
« On peut maintenant commander deux jeux dans le caucus à chaque fois. Il va toujours choisir le bon. Avec des recrues, on ne pouvait pas faire ça.
« Kevin est vraiment bon là-dessus, il prend les bonnes décisions 90 % du temps. C’est un vétéran de 15 ans qui ne se fait pas surprendre par les défenses. C’est vraiment agréable, on peut creuser et ressortir des trucs de l’an passé », a louangé le Québécois.
Pendant ce temps, Popp peut enfin souffler en observant des signes positifs de tous les changements effectués.
« C’est plaisant de commencer à voir des résultats de nos efforts. Ça ne veut pas dire qu’on va répéter ce qu’on a fait dans le dernier match chaque fois, mais ce serait fantastique si on pouvait le faire par contre », a convenu le dirigeant d’expérience.
Même s’il n’en sera qu’à sa troisième partie sous la direction de Calvillo, Glenn a pu remarquer une évolution de son coordonnateur offensif. Le courant semble passer entre les deux qui se comprennent aisément.
« Il va dire des choses et je peux deviner le prochain mot qui sortira de sa bouche et c’est la même chose pour lui. Ça aide d’avoir vécu les mêmes choses sur le terrain pendant plusieurs années », a décrit Glenn.
L’année 2016 s’annonce plus calme
Évidemment, rien n’est coulé dans le béton dans le sport professionnel. Par contre, si le souhait de Popp est exaucé, la saison 2016 comportera beaucoup moins de changements.
Popp a reçu un vote de confiance de son propriétaire et on ignore s’il gardera la double fonction de directeur général et entraîneur, mais il entend laisser l’attaque entre les mains de Calvillo.
« On a choisi de prendre cette décision et la meilleure chose à faire demeure de poursuivre dans ce sens. Il va seulement progresser et il deviendra plus confortable.
« Il doit apprendre tellement de choses. Son boulot ne consiste pas seulement à choisir les jeux, il doit élaborer des séquences dans sa tête, penser deux à trois jeux à l’avance, choisir un jeu pour surprendre quelques séries plus tard. Il se familiarise avec tout ça présentement », a rappelé Popp.
Le règne de Calvillo a connu quelques ratés comme dans la cinglante défaite de 39-17 contre Ottawa, mais la dernière prestation encourage l’organisation.
« C’est une année de progression, ça prend plusieurs années pour devenir un coordonnateur offensif chevronné qui choisira toujours les bons jeux. C’est ça le défi, il faut surprendre coup après coup. Dans cette ligue, les coordonnateurs défensifs sont redoutables donc le défi est encore plus grand », a reconnu Bolduc qui croit en les capacités de l’ancien quart étoile.
Calvillo ressent la même conviction et il peut compter sur l’appui de sa famille qui a dû accepter plusieurs compromis dans cette année invraisemblable.