Les chiffres ne disent pas tout
Alouettes jeudi, 24 sept. 2015. 18:26 mercredi, 11 déc. 2024. 15:37
MONTRÉAL – Qu’ils soient flatteurs ou le signe d’une production légèrement en déclin, Samuel Giguère n’est pas intéressé à parler de chiffres.
Les statistiques disent que le receveur de passes québécois a offert sa meilleure performance de la saison en fin de semaine dernière dans une victoire de 35-14 aux mains des Blue Bombers de Winnipeg. Giguère a capté quatre passes dans un match pour seulement la deuxième fois de la saison et ses 66 verges de gains par la voie des airs représentent une récolte supérieure à celle de ses sept parties précédentes combinées.
Il a inscrit un touché sur une passe de 41 verges – de loin son plus long gain de l’année – et ses avancées au sol lui ont permis de totaliser près d’une centaine de verges au compteur à la fin de sa journée de travail.
À lire également
Clairement, Giguère occupait un rôle clé dans le plan de match qu’avaient concocté les cerveaux offensifs des Alouettes au retour d’une semaine de vacances.
« C’est vrai que j’ai été davantage impliqué dans ce match-là et c’est le fun quand ton numéro est appelé plus souvent. Mais il y a des semaines où je vais voir plus d’action et d’autres où je vais en voir moins. [...] Quand le match commence, tu ne sais jamais vraiment comment ça va se passer. Il y a seulement un ballon et cinq receveurs. »
Seulement, les chiffres démontrent que Giguère a été le moins productif de ces cinq receveurs depuis le début de sa première saison dans l’uniforme des Alouettes. L’ancien du Vert et Or de l’Université de Sherbrooke a capté deux passes de moins que la recrue Alex Charette et une de moins que le porteur de ballon Tyrell Sutton. Sa moyenne de 10,4 verges par attrapés est la plus basse qu’il a affiché depuis son arrivée dans la LCF en 2012 et à ce rythme, il n’atteindra pas les indices de rendement qu’il a inscrit comme référence lors de ses trois saisons avec les Tiger-Cats de Hamilton.
Libre à vous d’interpréter tout ça comme ça vous chante. Giguère, lui, n’en a rien à cirer.
« Je ne suis pas venu ici pour avoir le plus de statistiques possibles, je suis venu ici pour gagner un championnat et c’est vraiment ça mon focus », plaide-t-il.
« Il y a des matchs où je vais être appelé à bloquer davantage. Si je fais un bon travail et que je permets aux gars derrière moi de se démarquer et d’aller chercher des premiers essais et faire des gros jeux, j’ai fait du bon travail et j’ai eu une bonne saison même si le ballon ne m’a pas été lancé. D’un point de vue statistique, je ne sais pas de quoi ça va avoir l’air à la fin de l’année, mais pour moi, l’important c’est qu’on continue d’enchaîner les victoires et qu’on se rende au championnat. »
Utilisé comme spécialiste des retours de bottés lors de son séjour dans la NFL avec les Colts d’Indianapolis et les Giants de New York, et aussi à quelques occasions à Hamilton, Giguère a ajouté une corde son arc depuis son arrivée dans le nid montréalais. Régulièrement, on lui remet le ballon dans le champ arrière et généralement, la stratégie rapporte. Il a porté la « roche » 14 fois pour des gains totaux de 119 verges. Jamais les Ti-Cats ne lui avaient donné autant de place dans ce rôle.
« L’offensive à Hamilton ne met pas beaucoup l’accent sur la course non plus, fait remarquer le numéro 15. Ils vont lancer 95 % du temps, donc c’est sûr que quand ton porteur touche au ballon trois ou quatre fois par match, on ne le donnera pas souvent à un receveur. Tandis qu’ici, on a une philosophie plus équilibrée. »
Giguère affirme que cette nouvelle façon de l’utiliser est née d’un concours de circonstances et ne faisait pas nécessairement partie du plan initial au moment de son embauche.
« Je pense que je n’ai pas fait une seule course du camp d’entraînement, fait-il remarquer. Ce n’était pas prévu comme ça, mais on a eu des blessures au poste de quart et des joueurs sans expérience ont dû jouer à cette position. Pour leur enlever la pression, tu cours un peu plus et tu trouves des façons différentes de le faire. »
« Dès qu’il reçoit la balle dans ses mains, il peut filer comme l’éclair, évalue le directeur général Jim Popp, qui a mis l’athlète de 30 ans sous contrat en février dernier. Il est bâti comme un porteur de ballon beaucoup plus que comme un receveur et il peut remplir les deux missions, alors si on peut l’insérer dans notre attaque de plusieurs façons, nous allons le faire. »