MONTRÉAL – Les Alouettes de Montréal ont pris un pari audacieux en sacrifiant deux membres importants de leur redoutable unité défensive pour les remplacer par trois nouveaux venus qui désirent s’imposer chacun à leur manière.  

Après avoir libéré le demi défensif Dominique Ellis, le demi de coin Mitchell White a choisi de partir au lieu d’accepter une réduction salariale imposée par l’état-major montréalais.

La surprise a été telle que les partisans ignoraient quels joueurs allaient assurer la relève de ces joueurs aguerris. À vrai dire, même plusieurs journalistes sportifs n’auraient pas été en mesure d’identifier la relève prévue pour ces deux postes.

Pourtant, aux dires des entraîneurs, Ethan Davis, Jonathon Mincy et Greg Henderson ont démontré durant leur premier camp d’entraînement avec les Alouettes qu’ils méritaient un rôle accru dans la formation.

À priori, Henderson devait participer au premier match de la saison contre les Blue Bombers de Winnipeg, vendredi dernier, mais Mincy a assuré la relève puisqu’il était blessé et il risque de devoir regagner son poste.

Même s’ils sont méconnus, Mincy et Davis ont été à la hauteur compte tenu du fait qu’il s’agissait de leur première partie dans la LCF. Oui, Davis a été battu sur un long touché, mais le reste de la rencontre a été une réussite pour eux.

Mais qui sont-ils, ces recrues qui veulent s’imposer au nord de leur frontière américaine?

« Avant tout, ils partagent deux qualités. Ils sont physiques et ce sont des plaqueurs avec une grande intelligence sportive. On a rapidement constaté qu’ils avaient de belles habiletés au ballon, c’est pourquoi ils ont tous fait l’équipe », a décrit le coordonnateur défensif Noel Thorpe.

« C’est particulier, mais ils se ressemblent tous. Ils sont majoritairement très discrets outre peut-être Mincy qui est un peu plus un personnage. Ils s’entendent à merveille et ils cadrent bien dans notre système », a ajouté celui qui les chapeaute avec l’aide de William Fields, l’entraîneur adjoint des demis défensifs.  

On a joué à un petit jeu avec Davis en lui demandant de trancher sur quelques sujets concernant les trois amigos. D’abord, lequel frappe le plus fort?   

« Je crois qu’on frappe tous fort, j’aimerais donner une réponse, mais il faudrait me poser la question de nouveau un peu plus tard. Chose certaine, on peut tous contribuer dans cette facette », a réagi Davis qui ne souhaitait surtout pas blesser Weston Dressler avec son violent plaqué à Winnipeg.

Dans ce cas, qui est le plus rapide?

« J’aimerais dire que c’est moi, mais je n’en suis pas certain alors je vais faire attention à mes propos », a proposé Davis qui était entouré de Mincy et Billy Parker.

Et le plus drôle?

« C’est certainement Mincy, c’est un véritable clown », a jugé Davis en une fraction de seconde.

Même s’il est, pour le moment, réservé en entrevue, Mincy a confirmé les dires de son complice.

« C’est vrai que j’ai un grand sens de l’humour, je suis très extroverti. J’aime les gens, ça fait partie de moi. En dehors du football, je souhaite m’amuser et découvrir des endroits dans le monde. Je viens d’Atlanta et Montréal est une ville passablement différente que j’apprécie déjà beaucoup », a raconté Mincy qui ne faisait pas allusion au fait de faire la fête.

Sur le terrain, Mincy possède aussi un bagage impressionnant ayant évolué à l’Université Auburn. Ses performances dans ce programme réputé de football lui ont permis de décrocher un essai avec les Falcons d’Atlanta. Par contre, il n’est pas gêné d’admettre qu’il arrivait en terrain inconnu quand les Alouettes lui ont ouvert les portes du football canadien.

« En fait, je connaissais seulement quelques joueurs qui sont venus jouer ici. Pour les aspects spécifiques du jeu, j’ai découvert le tout en arrivant avec l’équipe et j’ai essayé de m’ajuster le mieux que je pouvais », a révélé Mincy qui se disait fier de son adaptation rapide.

Heureux d’avoir relancé sa carrière, l’athlète de 23 ans veut aider l’équipe de diverses manières.

« Je peux jouer dans tous les schémas que notre coordonnateur pourra sélectionner », a précisé Mincy, qui dit s’être senti à l’aise, dans le premier match, dès qu’il a retrouvé son rythme avec les plaqués.

De son côté, Davis est heureux de pouvoir déjà contribuer au rendement des Alouettes.

« Je dirais que je suis avant tout un joueur d’équipe qui fournit un gros effort. On veut être une équipe physique donc je veux aider dans ce sens. Je me sers de mes atouts comme la vitesse et  la mobilité », a évalué Davis.  

L’athlète de l’Université Troy State avoue qu’il a été étonné de la mission qui lui a été confiée.

« J’étais en quelque sorte surpris de devenir partant, Mitch (Mitchell White) est un très bon joueur. J’ai appris des choses en le regardant aller, je le remercie d’ailleurs et je suis reconnaissant de cette opportunité », a déclaré Davis qui comprend que cette histoire intrigue les partisans.  

Les atouts pour s’établir dans la LCF

Si le premier match de la saison s’est avéré une entrée en matière idéale face à Winnipeg, la commande s’annonce colossale pour eux contre le Rouge et Noir d’Ottawa, jeudi soir.

« C’est un défi toutes les semaines, toutes les équipes présentent des menaces offensives. On a eu plusieurs autres recrues qui ont joué par le passé. Ils seront certainement testés, mais on a confiance en eux. Oui, ils traverseront des hauts et des bas, mais c’est aussi le cas des vétérans parfois », a réagi Popp face à cette opposition.

« Non, je ne suis pas effrayé du tout pour eux. Toutes les semaines comportent des défis et les joueurs doivent commencer quelque part. Ce n’est pas différent de déplacer un vétéran à une nouvelle position après tout », a fait remarquer Thorpe.

Le coordonnateur défensif faisait référence à Jovon Johnson qui a été déplacé de son poste régulier de demi de coin à demi défensif dans ce remaniement de la défense.

Bien sûr, Popp et Thorpe ne peuvent tout de même pas dénigrer les joueurs qu’ils ont promus, mais ils assurent voir un grand potentiel en eux.

« Ils peuvent devenir très bons, ils sont jeunes et ils se développent encore. Le jeu de la LCF est nouveau pour eux donc ils apprennent certaines nuances, mais leur potentiel est très élevé », a indiqué Thorpe sur ses trois nouvelles munitions.

« Ce qui m’a impressionné de leur part, c’est leur niveau de compétition depuis le lancement du camp d’entraînement. Au niveau professionnel, c’est normal de commettre des erreurs, mais ils n’ont pas répété celles-ci deux fois », a décelé Parker pour expliquer la décision des dirigeants.

Parker, qui entame sa huitième saison avec les Alouettes, évolue donc avec trois nouveaux partenaires. Il est le seul à être de retour pour les deux positions de demis défensifs et demis de coin.  

« On ne peut pas deviner les plans du directeur général quand on arrive au camp d’entraînement. Il y a souvent des surprises dans les retranchements et il faut rapidement tourner la page parce que ça fait partie de notre métier », a convenu Parker qui s’adapte au virage inattendu survenu autour de lui.