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RÉSULTATS

Pier-Olivier Lestage apportera de la hargne à une équipe en quête d'identité

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COLLABORATION SPÉCIALE

On ne peut jamais avoir trop de bons joueurs dans une équipe de football. L'embauche de Pier-Olivier Lestage représente une bonne nouvelle pour les Alouettes, qui pourront nourrir l'esprit de compétition au sein de sa ligne à l'attaque avec l'ajout d'un joueur aussi polyvalent. C'est important pour une équipe d'avoir des joueurs qui peuvent souffler dans le cou des partants quotidiennement et pour y arriver, il faut avoir le plus grand nombre de bons joueurs à chaque position.

Et soyons honnêtes : avec une fiche de deux victoires et cinq défaites, personne chez les Alouettes ne devrait se sentir confortable à sa position.

Pour deux raisons qui me sautent aux yeux, de par ce qu'on entend et ce qu'on peut lire, l'ajout de Lestage chez les Moineaux est particulièrement intéressant. D'abord, on intègre un joueur capable de jouer comme centre, comme garde et même en mesure de dépanner à la position de bloqueur. Si Danny Maciocia et son groupe d'entraîneurs souhaitent apporter des changements à leur ligne à l'attaque, il est clair que l'arrivée de Lestage va ouvrir la porte à davantage de flexibilité et à plusieurs discussions. Ensuite, son utilisation sur la ligne à l'attaque va dégager une certaine agressivité et un niveau de hargne non négligeable. De façon générale, les joueurs sur la ligne à l'attaque sont toujours de bons gars. Mais, j'aime bien dire à la blague qu'une ligne à l'attaque ne peut pas avoir cinq servants de messe, il faut aussi de mauvais garçons pour créer un bon mélange.

Maintenant, j'ai hâte de voir à quel rythme il sera intégré dans la formation montréalaise. Lestage n'a pas profité d'un camp d'entraînement, il n'a pas participé à des répétitions et les Alouettes ont déjà sept matchs au compteur.

Si je peux soulever un seul défaut du jeu de Lestage, c'est qu'il n'est pas un joueur de ligne défensive! Il y a beaucoup de difficultés à ce niveau chez les Alouettes, parce que le football se gagne dans les tranchées et récemment, Montréal perd ses batailles de tranchées. Tant que ce ne sera pas réglé, ce ne sera pas évident de coller les victoires. Un front défensif peut être dominant via ses stratégies et ses éléments de surprises pour déjouer la ligne à l'attaque et les porteurs de ballons – comme des blitz, des mouvements en croisé –, mais avant tout ça, le front défensif doit gagner ses batailles à un contre un. 

Les Alouettes ne le font pas assez.

Quand tu sors du caucus, il faut aller sur la ligne et battre le gars devant toi. C'est comme ça qu'il faut faire à la base et les Alouettes ne le font pas assez. On ne peut pas toujours compter sur les stratégies et les blitz pour surprendre l'adversaire. Les joueurs devront commencer à gagner leurs batailles.

L'importance de trouver son identité

La semaine dernière, mon collègue Matthieu Proulx soulevait avec justesse qu'on ne pouvait pas cerner l'identité des Alouettes. Quelle est leur identité?

Il faut être reconnu pour quelque chose. Quand je regarde l'attaque, quelle est son identité? C'est un terme qui permet de présenter un style de jeu, une spécialité pour laquelle on désire être reconnu. L'identité, c'est nos stratégies, c'est notre pain et notre beurre. L'adversaire doit se dire « quand on joue contre les Alouettes, on sait ce qui va arriver à chaque match ». Tu pourrais jouer dans le stationnement à côté du stade Percival-Molson, mais cette manière de jouer serait toujours présente et toujours la même.

Est-ce que l'identité est d'imposer son style physique et sa volonté? C'est ce que je croyais. Mais pour trouver son identité, il faut redoubler de prudence : l'identité d'une équipe n'est pas un joueur. Un joueur peut bien représenter ton identité, mais il ne devrait pas être l'identité. Force est d'admettre que la perte de William Stanback est frustrante, surtout qu'il représentait exactement ce qu'on voulait faire à l'attaque. Par contre, depuis son absence, on a complètement oublié notre identité dans le nid des Alouettes.

D'ailleurs, on n'a plus d'identité.

Je peux comprendre que la perte de Stanback soit importante, mais c'est la responsabilité de l'équipe de se munir de clones, si vous me permettez l'expression, pour pallier la perte de Stanback en cas de blessure. Malheureusement, et ce n'est pas une grande surprise en soi, il s'est blessé. Historiquement, Stanback ne joue jamais le calendrier en entier alors on se devait d'être préparé à cette éventualité.

Si tu dois délaisser ton style de jeu parce qu'un joueur se blesse, c'est parce que derrière ce joueur, on n'a pas les munitions nécessaires pour le remplacer – même si on peut dire jusqu'à un certain point que Stanback est un joueur unique d'une puissance et d'une robustesse qu'on voit rarement.

Le meilleur exemple qui tienne vient des prochains adversaires des Alouettes, et j'ai nommé les Blue Bombers de Winnipeg. Ils représentent le style offensif que je croyais que les Alouettes souhaitaient démontrer. Les Bombers ont perdu les services d'Andrew Harris, mais leur identité n'a pas changé. Quand on connaît notre identité, on est en mesure de remplacer un joueur pour la conserver.

Observez bien jeudi contre les Alouettes. Les Blue Bombers ne sont pas la meilleure équipe pour courir cette saison. Au niveau des statistiques, on se retrouve en fond de classement pour les verges par course, mais on demeure au sommet pour le nombre de courses effectuées. La course n'est peut-être pas aussi efficace qu'on le voudrait, mais on ne l'abandonne pas pour autant. En maintenant l'utilisation constante de la course, les Blue Bombers ouvrent aussi la porte à des jeux par la passe qui s'initient par des feintes de jeu au sol. Winnipeg est l'équipe qui court le plus, mais aussi l'équipe qui lance les plus longues passes. C'est un duo qui va ensemble. J'ai toujours estimé qu'une équipe qui court de façon régulière conditionne l'adversaire et c'est souvent ces équipes qui détiennent le plus de jeux explosifs et le plus de longues passes.

Je croyais que c'était ça, l'identité des Alouettes.

Plus tôt, je parlais des guerres de tranchées pour le front défensif, mais la ligne à l'attaque se fait également malmener. L'a-t-on bâti pour courir, puis faire des feintes de course suivies de passes? Parce que pour l'instant, cette ligne à l'attaque est prise d'assaut et je suis loin d'être convaincu qu'elle a été construite pour faire de la protection de passes 75 % du temps.

Comment voulez-vous gagner la guerre de tranchées et punir l'adversaire devant vous en reculant pendant la grande majorité du match et en étant attaqué de toutes parts sur des protections de passes? Posez la question, c'est y répondre. Quoi faire maintenant pour retrouver l'identité et la robustesse? Les Alouettes doivent réintégrer les courses pour aider la ligne à l'attaque à être plus physique. Il faut réintégrer de nouveaux systèmes de blocages, pas uniquement faire du blocage de zone. Parfois, on doit employer du blocage homme à homme, du blocage piège, du blocage à contre-courant, du blocage en puissance. C'est ce qui va donner une chance à la ligne à l'attaque de contrôler la ligne de mêlée, de contrôler la guerre de tranchées.

Déjà en difficulté dans les guerres de tranchées, le défi sera imposant jeudi contre les Blue Bombers. La marque de commerce des Bombers, c'est justement de gagner dans les guerres de tranchées.

Contre les Tiger-Cats la semaine dernière, on a vu une équipe physique qui a imposé sa loi dans les tranchées aux dépens les Alouettes. Ne faisons pas une règle de trois parce que c'est plus complexe que cela, mais pour mettre tout ça en perspective, les Blue Bombers ont imposé leurs volontés contre Hamilton depuis deux ans. Les Bombers ne gagneront pas automatiquement la guerre de tranchées contre les Alouettes, mais c'est tout de même un avertissement sérieux qui doit être pris en considération par Montréal.

Mon collègue Bruno Heppell a préparé quelques chiffres au sujet du jeu au sol des Alouettes dans certaines situations – que ce soit avec une avance, en deuxième demie ou le nombre de courses par match du duo de porteurs de ballon. Les deux bras me sont tombés. Je vous invite d'ailleurs à écouter l'avant-match dès 19 h jeudi pour en tirer vos propres conclusions.

Propos recueillis par Alexandre Bissonnette