Darian Durant n’a pas joué jeudi face aux Argonauts. Il n’était même pas en uniforme, et bien que son poste de quart no 1 des Alouettes ne soit nullement remis en question, cela ne l’a pas empêché d’engranger quelques points supplémentaires.

À la lumière des performances de ses jeunes dauphins lors du premier match préparatoire de l’équipe, perdu 24-20, on peut même dire que la valeur de Durant a monté.

Inutile toutefois de se lancer dans la suranalyse. Après tout, il ne s’agissait que d’un premier test hors-concours durant lequel de nombreux jeunes joueurs se sont succédé sur le terrain. Au total, 17 receveurs ont été ciblés par une passe de l’un ou l’autre des quarts envoyés dans la mêlée.

En pareilles circonstances, il est toujours ardu pour une attaque de trouver son synchronisme. Bref, ça roule rarement au quart de tour.

Reste que deux des trois quarts-arrières employés au fil de cette rencontre n’ont pas été des plus impressionnants. À commencer par Vernon Adams fils.

Premier à se présenter sur le terrain, le quart de deuxième année pouvait compter sur la protection de la première ligne à l’attaque des Alouettes. Or, on ne peut pas dire qu’il a su en profiter.

Le livre de jeux de l’entraîneur-chef Jacques Chapdelaine est certes volumineux et difficile à assimiler, j’en conviens, mais Adams semblait dépassé par le rythme de la rencontre.  On avait l’impression que ça allait trop vite pour lui, tout comme lors du match simulé de la semaine dernière. Si bien qu’il a rapidement été victime de sa première de deux interceptions.

Plusieurs aspects à peaufiner chez les Alouettes

Sous pression dès le premier jeu de la deuxième série offensive montréalaise, Adams a néanmoins opté pour une passe alors que les conditions lui dictaient plutôt de se débarrasser du ballon. Surtout en situation de premier essai et 10 verges à franchir! Non seulement frustrante, sa décision était vouée à l'échec.

Le maraudeur des Argos Akwasi Owusu-Ansah en a alors profité pour s’interposer et ramener le ballon à l’autre extrémité du terrain.

Si Adams est entièrement responsable de cette interception, on ne peut lui en vouloir sur la deuxième survenue au deuxième quart, alors que c’est son receveur qui a échappé le ballon. Il ne s’agissait alors que de l’une des nombreuses passes échappées par les receveurs montréalais au cours du match. Quand ce n’était pas les quarts qui rataient une passe, ce sont les receveurs qui commettaient un faux pas.

Appelé à remplacer Adams aux commandes de l’attaque des Alouettes à la fin du deuxième quart, Jacory Harris n’a pas été en mesure lui non plus d’insuffler un peu de rythme à son unité.

Le pauvre, il a vu sa toute première passe être interceptée par le demi défensif Aaron Berry, qui a lui aussi ramené le ballon jusque dans la zone des buts.

L’erreur, encore une fois, revient ici au quart des Alouettes. Au moment d’effectuer une passe dans le flanc, il y a deux principes à respecter. D’abord, le synchronisme doit être au rendez-vous. Il ne faut pas lancer le ballon en retard puisque le ballon prend plus de temps à atteindre le point de réception. La défense est alors davantage en mesure de réagir. La précision doit aussi être de la partie. Si le ballon arrive du côté intérieur du receveur ciblé plutôt qu’à l’extérieur, les risques d’interception sont décuplés, comme le prouve ce revirement commis par Harris.

Ce dernier a cédé sa place à Matthew Shiltz au terme du troisième quart.

Matthew ShiltzUne longueur d’avance pour Shiltz

Depuis le début du camp d’entraînement, Shiltz est le jeune quart qui m’impressionne le plus.

Lors du match simulé, il a été le plus productif. Il affiche une bonne présence et une bonne attitude, tout en semblant en contrôle. Quand il est sur le terrain, il est capable d’indiquer à ses receveurs où se positionner, ce qui donne d’entrée de jeu une chance au jeu de réussir.

À l’instar de ses performances à l’entraînement, Shiltz a été productif lors du match préparatoire face aux Argonauts. Pour l’exercice, simplifions un peu les choses. Ce que je recherche chez un quart c’est qu’il protège le ballon et qu’il permette à son attaque d’inscrire des touchés.

Avec Shileds sur le terrain, c’est ce qu’ont fait les Alouettes. C’est sous la gouverne de l’ancien de l’Université Butler que les Oiseaux ont marqué leur seul touché de la rencontre. C’est sans compter qu’il n’a été victime d’aucun revirement.

Certains d’entre vous diront peut-être « Ouais, mais en jouant au quatrième quart, Shiltz affrontait sans doute la troisième, voire quatrième unité défensive des Argonauts ». C’est peut-être vrai, mais il ne jouissait pas non plus de la protection de la première ligne offensive des Alouettes.

On pourrait argumenter et se relancer longtemps, mais l’attaque a-t-elle produit quand Shiltz était sur la pelouse?

Oui.

C’est ce que je retiens.

En sept séries offensives, Adams n’a pas permis à son unité de mettre le moindre point au tableau. C’est plutôt la défense adverse qui en a profité pour en marquer sept.

Moins-7...

En six séries offensives, Harris a quant à lui mené l’attaque à trois bottés de placement, mais il a lui aussi été victime d’une interception ramenée pour un touché.

Plus-2...

En trois séries offensives pour se démarquer, Shiltz a pour sa part permis aux siens de réussir un botté de précision, un touché et une transformation de deux points.

Plus-11...

Il s’agit peut-être d’une façon simpliste d’évaluer la situation, mais on peut dire que Shiltz a fait la job. Lorsqu’il était sur le terrain, les Alouettes ont marqué des points, tout comme lors du match simulé. Ce n’est pas un hasard.

Bédé en confiance

Outre le rendement de Shiltz, il importe de souligner celui de Boris Bédé.

À sa première saison dans la LCF il y a deux ans, le botteur des Alouettes avait été brillant, réussissant 36 de ses 40 tentatives de placement pour un taux de réussite de 90 %. L’an dernier, avec seulement 11 réussites en 21 opportunités et une efficacité de 52 %, Bédé avait perdu ses repères, sa confiance et ultimement son poste.

Jeudi, il a réussi ses quatre tentatives, ce qui est pour l’instant rassurant. D’autant plus qu’il a réussi son premier botté de précision de la rencontre sur une distance de 48 verges (son plus long du match) lors du dernier jeu de la première demie pour inscrire les Alouettes au pointage. Il s’est également montré efficace sur les bottés de dégagement et d’envoi.`

D’un point de vue plus général, les unités spéciales se sont elles aussi montrées efficaces malgré le fait que le coordonnateur Bruce Read en était à un premier match dans la LCF après avoir roulé sa bosse dans la NFL et la NCAA.

Un premier match préparatoire peut rapidement devenir cacophonique pour un coordonnateur recrue devant gérer une quantité de nouveaux joueurs. N’empêche, Read a semblé bien en contrôle de son unité.

Cela a notamment permis à DeAndre Reaves de réussir quelques bons retours de bottés de dégagement et d’envoi.

Responsable de 10 des 24 points concédés aux Argonauts, la défense des Alouettes a quant à elle peu à se reprocher. Le groupe de Noel Thorpe a entre autres terminé la première demie en force, réussissant une interception qui a mis la table au premier placement de Bédé.

Ce fut toutefois un peu plus compliqué en fin de rencontre, alors que le pointage était de 24-20 et qu’il ne restait qu’une minute 53 secondes à écouler à la rencontre. Même si les Argos avaient été plutôt timides en attaque en deuxième demie, l’unité défensive n’a pu forcer rapidement un botté de dégagement, Dommage, car j’aurais aimé voir Shiltz gérer une attaque sans caucus avec la possibilité d’offrir la victoire aux Alouettes.

Ce sera pour une prochaine fois, peut-être jeudi prochain, alors que les Alouettes disputeront leur deuxième et dernier match préparatoire face aux champions  en titre, le Rouge et Noir d’Ottawa au Stade Percival-Molson. Un match qui sera présenté sur les ondes de RDS.

*Propos recueillis par Mikaël Filion