Résultat frustrant des Alouettes à Edmonton
Alouettes dimanche, 2 juil. 2017. 14:17 mercredi, 11 déc. 2024. 21:43Lorsque l’on regarde le début de match des Alouettes, jumelé au fait que les Eskimos ne jouaient pas leur meilleur football, la défaite de 23-19 est frustrante pour les Alouettes. Quitter Edmonton avec une victoire aurait donné toute une dose de confiance aux Alouettes. Ça fait maintenant quatre saisons d’affilées qu’ils n’ont pas gagné à Edmonton. C’était la chance de porter un grand coup et d’avoir cette note positive dès le début de la saison.
Par contre, je veux souligner que personne n’a baissé les bras dans le clan montréalais. Tout le monde a travaillé fort et a persévéré. Surtout en défense avec les nombreuses blessures qui ont affecté la tertiaire.
Cependant, malgré ses facteurs le résultat est frustrant. Même les Eskimos doivent se considérés chanceux d’avoir gagné, car ils ne jouaient pas leur meilleur match. Ils avaient ouvert la porte.
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Les Alouettes ont été leur pire ennemi
C’est déjà assez dur de battre l’adversaire et en plus les Alouettes ont été leur pire ennemi. Ils ont été victimes d’un total de 14 pénalités pour 115 verges ce qui a eu un énorme impact sur le dénouement du match. Jacques Chapdelaine va sûrement adresser un mot à ses joueurs sur le sujet, c’est même certain.
Lorsqu’on décortique les pénalités dans la Ligue canadienne, elles se classent en trois catégories. Il y a celle que l’on peut prévenir que je juge être des erreurs mentales, de concentration (hors-jeu, procédure inadmissible). Il y a les pénalités d’ordre technique (avoir retenu) et il y a aussi celle pour rudesse.
Sur les 14 pénalités des Alouettes, il y en a sept qui se retrouvent dans la catégorie « prévenir ». La moitié des pénalités sont le résultat d’un manque de concentration. C’est le type de pénalité qui frustre le plus les entraîneurs. Nous en avons eu un bon exemple au troisième quart alors que l’attaque de Darian Durant s’est retrouvée à la ligne d’une verge dans le territoire des Eskimos.
Il y a eu coup sur coup des pénalités de manque de concentration. Il y a eu une substitution illégale et une procédure inadmissible ce qui a fait en sorte que l’attaque a été forcée de reculer. On ajoute à ces deux pénalités celle de Philip Blake qui a annulé le touché de Tyrell Sutton et les Alouettes n’ont pu inscrire que trois points.
Philip Blake a eu une pénalité pour avoir tiré Tyrell Sutton avec lui dans la zone des buts. Je comprends que le règlement existe, mais en 16 ans de description, je n’ai jamais vu cette pénalité être décernée. Est-ce que c’est le fait qu’il était le seul à tirer qui a forcé les officiels à réagir ? Car on voit parfois les joueurs de ligne le faire et ça donne une mêlée comme au rugby.
Le pire dans cette situation, c’est que Sutton entrait tout de même dans la zone des buts. Le règlement est cependant là, mais je ne crois pas que le geste changeait l’issue du jeu ce qui est une fois de plus frustrant. Il y a eu cependant du gros cafouillage au départ avec les deux pénalités à la porte des buts et tout est parti de ce moment.
Les pénalités ont deux effets néfastes au football. Dans un temps, elle arrête tes séquences lorsque tu es en attaque. Lorsque tu es en défense, elle permet à l’attaque adverse de conserver le ballon. C’est ce qui s’est produit dans le camp des Alouettes. Au deuxième quart, Jonathan Mincy a écopé d’une pénalité qui a permis aux Eskimos de poursuivre leur séquence et ils ont ultimement inscrit trois points.
On a vu des pénalités qui ont enlevé des points aux Alouettes et certaines qui ont permis aux Eskimos d’en marquer. Dans une défaite qui s’est soldée par un écart de quatre points, il ne faut pas gratter bien loin pour trouver ce qui a fait la différence.
Manque d'opportunisme à l'attaque
L’attaque des Alouettes a aussi sa part du blâme dans la défaite, car elle n’a pas été capable de rester sur le terrain. Il n’y a eu que 42 jeux offensifs contre 67 pour Edmonton. Les Alouettes n’ont obtenus que 16 premiers jeux et leurs adversaires 29. Au final, ces chiffres affectent le temps de possession qui a été largement à l’avantage des locaux. L’attaque montréalaise n’a été sur le terrain que durant 25 minutes ce qui a laissé un 35 minutes à celle de Mike Reilly.
Après une demie, les deux équipes avaient eu le ballon durant 15 minutes. Tout s’est donc joué en deuxième demie. L’attaque de Durant n’a pas été en mesure de soutenir ses séquences.
Les pénalités ont été un facteur, mais Durant a également lancé plusieurs passes imprécises. Il n’a complété que 14 de ses 24 passes pour des gains de 166 verges. Il a d’ailleurs été victime d’une interception. Ce n’était définitivement pas sa meilleure prestation.
Depuis deux matchs, les Alouettes n’ont pas complété beaucoup de longs jeux, mais à leur défense, les unités défensives adverses ont beaucoup utilisé « la zone » pour limiter les longs gains . Oui on veut étirer le terrain et effectuer des longs jeux, mais parfois le style de l’équipe adverse t’en empêche. Il en faudra quand même plus à l’avenir.
Il faut le relever que depuis le début de la saison, Ernest Jackson est très silencieux. C’est un receveur qu’ils sont allés chercher à gros prix sur le marché et après deux rencontres, il n’a que trois réceptions pour 19 verges et un touché. Ce sont des chiffres décevants. La faute ne revient pas qu’à lui, car les Alouettes doivent trouver des moyens de l’impliquer dans le jeu. Il n’a été visé que trois fois lors du dernier match. Il a obtenu un attrapé pour trois verges et c’était sur le premier jeu de la rencontre. Durant l’a visé une deuxième fois alors qu’on était déjà au troisième quart. Je comprends qu’il faut distribuer le ballon et que la défense a son mot à dire, mais il faut l’impliquer.
On regarde ce que Reilly a réussi à faire avec Adarius Bowman et on a une bonne idée de la recette à utiliser. Il a inscrit un touché et a enregistré 117 verges en neuf attrapés. Les Alouettes savaient qu’ils devaient l’arrêter, mais les Eskimos ont trouvé un moyen de l’impliquer pour qu’il fasse la différence. C’est vrai cependant que ça fait plusieurs années que la chimie s’est installée avec son quart. Il faut dont donner la chance à Jackson de développer la même chose avec Durant. Ça n’empêche pas que le receveur devra en donner plus.
De son côté, la ligne à l’attaque n’a une fois de plus pas accordé de sacs du quart. Il faut cependant faire attention, car Durant a tout de même été mis sous pression sur 33 % de ses passes. Cette statistique fait en sorte que les passes peuvent être imprécises et il a d’ailleurs été victime d’une interception. À titre indicatif, sur les quatre passes tentées au quatrième quart, il y a eu de la pression pour trois passes. Donc, sur quatre de ses cinq dernières passes, il a été mis sous pression.
Note positive malgré tout, le travail de Tyrell Sutton. Ce que j’ai moins apprécié, c’est qu’il n’a touché au ballon que 14 fois. On était dans un match chaudement disputé et il a touché 14 fois au ballon : 12 courses pour 88 verges et deux passes pour des gains de 18 verges. C’est toujours plus facile d’en discuter après, mais il semblait être l’étincelle à l’attaque.
Un dernier chiffre qui a eu son influence sur le résultat du match est le pourcentage de réussite dans la zone payante. Les Alouettes n’ont inscrit aucun touché en trois présences à l’intérieur de la ligne de 20. Dans un match chaudement disputé, le manque d’opportunisme les aura rattrapés.
Une défense rattrapée par le temps de possession
Sur le plan défensif, il est vrai que les receveurs des Eskimos ont échappé plusieurs passes, mais ils demeurent une grosse machine.
La défense a bien tenue en provoquant deux revirements et en n’allouant pas de gros jeux. Ça fait cependant deux matchs de suite que la ligne défensive n’est pas en mesure d’appliquer beaucoup de pression sur le quart adverse. Il ne faudrait pas que ça devienne une tendance.
Lorsque je regarde le travail de l’unité dans son ensemble, avec le nombre de minutes passées sur le terrain, le nombre de blessés dans la tertiaire, elle n’a accordé que 23 points.
Cependant tout ce temps sur le terrain les a rattrapés en fin de match. Les Eskimos ont eu le ballon avec un peu moins de trois minutes à faire au match et on pouvait s’attendre à ce que l’attaque touche à nouveau au ballon.
Ça aurait été intéressant, surtout que depuis 2008, c’est Durant qui a le plus de poussées victorieuses en fin de match.
Malheureusement on est resté sur notre appétit parce que les Alouettes n’ont jamais touché au ballon. Le temps de possession est venu se faire sentir à ce moment.
Ce match à Edmonton s’est véritablement joué en deux temps. Après une première demie où les Alouettes ont mené, les Alouettes ont perdu la deuxième demie et c’est frustrant quand tu regardes le début de match.
Les Alouettes ne représentent pas une puissance à travers la ligue, donc ils ne peuvent pas se tirer dans le pied comme ils l’ont fait. Certaines équipes comme les Eskimos peuvent le faire et survivre. Les Alouettes ne sont pas encore à ce niveau.
Ils doivent oublier cette rencontre assez vite parce qu’ils vont accueillir les Lions de la Colombie-Britannique dont l’attaque ressemble à celle des Eskimos. Ils ont un quart mobile avec un bras puissant et un bon groupe de receveurs. Les Alouettes n’ont pas le temps de s’apitoyer sur leur sort.
Propos recueillis par Maxime Tousignant