Un match pour la confiance
Montréal Alouettes jeudi, 31 oct. 2013. 18:15 vendredi, 1 nov. 2024. 04:20Le dernier match de la saison des Alouettes n’a aucune incidence sur le classement, mais il est toute de même d’une importance assez capitale pour Montréal.
Les Argonauts vont faire ce qu’ils ont à faire parce qu’ils ont assez bien joué au courant de la campagne pour s’assurer d’accueillir la finale de l’Est à Toronto. On sait d’emblée que Ricky Ray ne jouera pas et qu’on va reposer plusieurs joueurs. Ils ont le luxe de pouvoir le faire.
Par contre, du côté des Alouettes, il s’agit d’un affrontement important parce qu’ils veulent finir la saison en force. La situation de la troupe de Jim Popp est différente. Le défi va être d’essayer de gagner de la confiance, d’aller chercher du momentum, d’avoir des répétitions de qualité tout en s’assurant qu’on ne perde pas un joueur clé dans une rencontre qui ne veut rien dire au classement.
Les Alouettes sont dans une position où ils n’ont pas le choix de bien jouer et de garder plus longtemps dans l’action des joueurs réguliers. Popp devra donc jongler avec son effectif.
La façon dont performeront les Alouettes m’importe beaucoup plus que le pointage final. Seront-ils capables de protéger le ballon? C’est un problème qui les suit depuis le début de la saison.
Vont-ils être disciplinés? Ce sont des points que j’observerai vendredi, bien plus que le résultat du match.
Quand je regarde les différentes facettes du jeu, je les gérerais de différentes façons pour cette dernière partie avant les éliminatoires.
L’attaque n’a pas beaucoup d’expérience. C’est une jeune unité offensive qui n’a pas joué souvent ensemble. C’est la facette qui a le plus besoin de répétitions de qualité. C’est une attaque qui n’est pas constante et qui est composée de jeunes. Ce n’est pas les 12 mêmes joueurs qui ont joué sur cette unité pendant la saison.
Troy Smith n’a tenté que 86 passes dans la Ligue canadienne. C’est seulement son troisième départ. On ne peut pas relaxer et penser à Hamilton. Il faut encore construire et gagner en confiance.
Tyrell Sutton n’a que 46 courses en carrière dans la LCF. Ce sera pour lui aussi qu’une troisième fois qu’il est de l’alignement partant.
Duron Carter n’a disputé que 10 rencontres dans la LCF captant 46 ballons. Bo Bowling n’a que quatre réceptions en 2013 et il n’en sera qu’à son troisième match. En fin de compte, il n’a que 15 réceptions en carrière bien qu’il gravite autour de l’équipe depuis maintenant trois ans.
Sur la ligne à l’attaque, Michael Ola n’a que 15 parties en carrière comme partant tandis que Ryan Bomben n’en a que 14. Ils n’ont donc pas vu toutes les stratégies défensives possibles. Chaque match, ils apprennent encore. Chaque match, ils vivent des situations qu’ils n’ont pas vécues la semaine précédente. Ils emmagasinent de l’expérience pour ne pas se faire prendre deux fois par le même jeu.
Période de rodage pour les unités spéciales
Du côté des unités spéciales, on a le luxe d’avoir un match où on peut faire des expériences. Tout indique que Burke Dales s’occupera des bottés de dégagement. On va permettre à Sean Whyte de se concentrer uniquement sur les placements et sur les bottés d’envoi.
Comme je le disais lundi dans ma précédente chronique, il y a quand même cinq équipes sur huit qui pensent que c’est trop de demander à un botteur de s’occuper de tout. Il faut se rappeler de ça. Popp a donc décidé de mettre sous contrat Burke Dales.
Si tu as un botteur qui s’occupe de tous les bottés, s’il se plante sur ses bottés de dégagement, c’est le même homme qui sera affecté lors de ses placements. Et vice-versa. S’il rate un placement, s’il est affecté entre les deux oreilles, il le sera aussi sur ses bottés de dégagement. Ça ne peut pas faire autrement que d’être interconnecté.
Si on peut enlever les bottés de dégagement de l’assiette de Whyte pour qu’il se concentre sur ses placements et ses bottés d’envoi, si ça fonctionne et que Dales connaît un bon match, les Alouettes auront peut-être des décisions à prendre pour le match éliminatoire contre les Tiger-Cats.
À Hamilton, la rencontre sera disputée dehors. La météo ne sera peut-être pas clémente pour les botteurs. Le positionnement sur le terrain sera primordial. Si Burke Dales pourrait être la solution! Imaginez-vous de longs bottés de dégagement pour donner de longs terrains à l’attaque adverse. C’est déjà difficile de traverser des demi-terrains contre la défense des Alouettes. Si, constamment, ce sont des longs terrains, ça ne peut qu’aider la cause de Montréal.
Je suis content de voir qu’on est proactif dans cette situation. Jim Popp a eu la main heureuse il y a quelques semaines. Lorsqu’il n’était pas content de la production de son quart-arrière, de son porteur de ballon, de ses receveurs et de son retourneur, il a fait des changements.
Il a envoyé Troy Smith, Tyrell Sutton et Bo Bowling dans la mêlée. Il a assis Brandon London bien qu’il lui avait donné un vote de confiance. Il n’a pas eu peur de modifier son alignement. Si tu veux être cohérent et être respecté, tu dois faire la même chose avec chaque position.
Le botteur était chancelant. Au moins, il est cohérent. Il amène de la compétition et il cherche des solutions. Il n’y a rien de plus démoralisant que de voir semaine après semaine un botteur raté des bottés. On met de la pression sur Sean Whyte. Popp profite de ce match supplémentaire pour tenter des expériences.
Une seule unité mérite du repos
Du côté de la défense, elle mérite son repos. Pour ma part, si un joueur a le moindrement un petit bobo, je ne le ferais pas jouer pour éviter que ça devienne une blessure.
Je reposerais des joueurs comme Chip Cox, John Bowman, Gerald Brown et Shea Emry. Ce sont des positions où les Alouettes n’ont pas énormément de profondeur.
Bref, mon plan de match est que l’attaque est jeune, donc elle doit jouer. Les unités spéciales tentent des expériences et on repose l’unité défensive.
J’ai hâte de voir comment Popp va gérer son alignement. Le seul scénario qui garantit que tous les joueurs soient en santé contre Hamilton est qu’ils ne soient pas en uniforme. Mais ça ne donne pas la meilleure préparation.
Le meilleur scénario, pour qu’ils soient le plus prêts possible, c’est qu’ils jouent tout le match. Encore là, tu t’exposes à la dynamique des blessures. L’entraîneur doit peser le pour et le contre.
Personnellement, je ne pense pas que les Alouettes aient assez bien joué cette saison, notamment en attaque, pour se permettre de se reposer. C’est mon opinion, mais ce sera à Jim Popp de décider.
Si on avait une boule de cristal et qu’on savait qu’on pouvait jouer tout le match en évitant les blessures, on irait de l’avant. Mais un compromis pourrait être de connaître une bonne première demie. On ressort au troisième quart en débutant avec une bonne séquence en marquant des points.
Si on a l’avance dans le pointage et que tout a bien été, on pourra commencer à retirer des joueurs du jeu. Ces derniers sortiraient sur une bonne note avec de la confiance. Ce pourrait être le scénario idéal.
Néanmoins, il ne faudrait pas manquer de respect à l’endroit des Argonauts. Pour eux, ce match ne veut rien dire. Mais l’an dernier, ils ont connu une autre rencontre sans conséquence sur le classement. Leur dernier match de saison régulière en 2012, Toronto jouait contre Hamilton et les Argos étaient déjà assurés d’accueillir la demi-finale de l’Est la semaine suivante.
Ils ont reposé Ricky Ray et plusieurs autres joueurs. Ils ont joué avec Zach Collaros et Trevor Harris à la position de quart. Qu’est-ce qu’ils ont fait? Ils ont battu les Tiger-Cats par la marque de 43-40 alors que Hamilton jouait sa survie. Les Ticats devaient gagner pour se qualifier pour les éliminatoires et ils n’ont pas été en mesure de le faire. Il ne faut donc pas penser que Toronto va prendre ce match à la légère.
J’ai hâte de voir l’approche des Argonauts. Premièrement, en défense, je crois qu’on va utiliser beaucoup de joueurs parce que c’est une unité défensive qui se cherche encore. Je ne pense pas qu’on soit content de la performance de celle-ci.
Donc, pourquoi ne pas prendre ce match comme une préparation? Tu utilises des défensives simples. Peut-être qu’on va blitzer à outrance pour voir si nos demis défensifs qu’on veut tester sont capables de faire de la couverture homme à homme.
Pourquoi ne pas faire du blitz en surnombre? Tant qu’à y être, aller frapper Troy Smith! On ne sait jamais. Ce seront peut-être les Alouettes qui iront visiter les Argos pour la finale de l’Est.
Ce qui est frustrant, c’est que si Toronto décide d’y aller régulièrement avec des blitz en surnombre, ce sera difficile pour les Alouettes de rouler leur attaque. Ça rendra la lecture de Smith plus compliqué. Il devra se débarrasser du ballon rapidement et opter souvent pour son dépanneur.
Troy Smith n’aurait pas la chance de pratiquer tous ses concepts de jeu, de faire toutes ses lectures de jeu, de faire sa progression et c’est ce dont il a le plus besoin.
Cette situation me rappelle un match préparatoire des Alouettes contre les Renegades d’Ottawa au Stade du PEPS de l’Université Laval au début des années 2000. Même en présaison, Don Matthews avait été intraitable et il avait commandé des blitz pendant tout le match.
Les Alouettes avaient varlopé les quarts-arrières des Renegades. Ottawa avait été forcé de faire des passes rapides et d’aller au dépanneur.
L’entraîneur-chef des Renegades à cette époque, Joe Paopao, avait dit à Matthews après le match : « comment je suis censé évaluer mon équipe si tu ne me laisses pas faire mes jeux? »
Est-ce que c’est ce que Toronto va tenter de faire? Les Argos voudront peut-être utiliser cette stratégie pour ne pas donner confiance aux Alouettes étant donné que c’est un adversaire potentiel pour la finale de l’Est. Ce sera à suivre vendredi soir!
*Propos recueillis par Christian L-Dufresne