MONTRÉAL – Pour une deuxième année de suite, le parcours des Alouettes ressemblait davantage à une télésérie qu’à la saison d’une équipe professionnelle tellement les péripéties ont été nombreuses. L’épisode final sera présenté samedi, à Hamilton, et d’autres auditions sont au programme.

L’entrée en scène du nouvel entraîneur-chef, Jacques Chapdelaine, a freiné la spirale négative qui aspirait le club vers le bas. Arrivé trop tardivement en poste, Chapdelaine pourrait conclure sa propre audition avec une fiche plus que respectable de 4-2.

Bien sûr, dans le but d’inculquer une culture gagnante à sa troupe, l’entraîneur québécois souhaite terminer le calendrier avec une victoire. Cependant, il voudrait bien épier de plus près certains athlètes, dont au poste de quart, en prévision de la prochaine saison.

« La première chose qu’on veut faire, c’est gagner, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas le faire avec plus d’un quart-arrière. On veut s’assurer que l’élan de notre partie ne soit pas rompu par la rotation de certains joueurs.

« Dans un monde parfait, on aimerait utiliser tous les joueurs qui vont faire le voyage. Ce serait plaisant pour la dernière partie de l’Année, mais on ne veut pas changer juste pour changer », a-t-il décrit au terme d’un entraînement sous la pluie.

Évidemment, Vernon Adams fils mérite encore du temps pour démontrer son savoir-faire. Jusqu’à présent, son expérience se limite à deux départs.

« Ça demeure important pour nous de voir comment Vernon va se développer. Au premier départ, tu es nerveux. Au deuxième, tu commences à t’ajuster et au troisième, tu peux accomplir d’autres choses », a exprimé Chapdelaine en vantant aussi l’évolution de l’attitude et de la préparation de Rakeem Cato depuis qu’il a cédé son poste.

L’investissement en vaut le coût puisque les Alouettes ont acquis Adams fils en retour d’un choix de première ronde. Chapdelaine a d’ailleurs remarqué de sa part une progression au niveau de sa précision, son jeu de pieds, sa mécanique et sa technique pour décocher ses passes.

En se fiant à l’entraînement de jeudi, on peut déceler que les Alouettes souhaiteraient confier le ballon à deux autres quarts si le déroulement de la rencontre le permet. Il s’agit de Shane Carden et Greg McGhee (un gaucher).

Du côté des receveurs, les premiers sur la liste sont Alex Charette et Kyle Graves. Ces deux joueurs ont surtout contribué dans d’autres rôles de soutien cette saison.

Étrangement, Chapdelaine doit aussi penser à lui dans cette histoire. Il aimerait bien qu’on lui offre une première saison complète comme entraîneur et il est persuadé que c’est en pensant au bien collectif qu’il constituera le choix de la famille Wetenhall qui détient le club.

Chapdelaine admet lui-même que c’est particulier d’évaluer un rendement sur une si courte période.

« C’est drôle de faire une fiche avec six matchs. La vérité, c’est qu’on avait deux ou trois matchs pour se replacer dans la course aux éliminatoires. Il y a deux choses très difficiles à accomplir dans le sport, c’est de rester au sommet au moins deux ans de suite et changer un vent négatif pour du positif dans la même année.

« Je crois qu’on est en train de le faire. Ce fut du travail difficile, mais, dans les deux dernières semaines, on voit une attitude différente, un engagement plus positif. Ça crée l’identité d’une équipe et quand tu peux faire des choses comme ça, tu peux rivaliser avec tout le monde et gagner plusieurs parties même s’il faut patienter à la saison suivante », a-t-il détaillé en répétant que la décision finale reviendra aux dirigeants. 

Matte a relevé le défi comme centre

L’un des maillons faibles des Alouettes en 2016 a été la ligne offensive. Jacob Ruby avait de grands souliers à chausser pour remplacer Josh Bourke comme bloqueur à gauche, mais il ne peut pas être le seul individu à blâmer pour les 63 sacs alloués, le pire résultat de la LCF.

Pour vous donner une idée, les Alouettes avaient concédé un total de 64 sacs pour les deux saisons précédentes (33 et 31).

Étant donné que Luc Brodeur-Jourdain se remettait d’une importante opération à un genou, le vétéran garde Kristian Matte a été déplacé au poste de centre. Cette audition lui a permis d’être choisi le meilleur joueur de ligne offensive du groupe.

« Je me sens extrêmement honoré, je suis content même très content, mais on joue comme unité », a précisé Matte.

La reconnaissance venait sans doute avec un degré supplémentaire de satisfaction puisque ce n’est pas sa position naturelle. 

« En tant que joueur de football professionnel, il faut être polyvalent. On doit être capable d’exécuter ce qu’on nous demande. Cette année, on m’a placé au centre et j’ai accepté le défi », a-t-il répondu.

La suite des choses sera intrigante à suivre car Brodeur-Jourdain espère convaincre les Alouettes de lui offrir un autre contrat lui permettant de retrouver son poste. Quant à Matte, il ignore s’il restera à cet endroit ou s’il retournera en tant que garde à gauche.

« Dès que je suis rentré dans la LCF, j’ai dit que je voulais aider mon équipe peu importe la manière. Que ce soit en jouant garde, centre ou bloqueur. J’ai confiance envers les dirigeants, ils vont déterminer ce qu’ils pensent être la meilleure ligne », a commenté Matte qui possède deux autres de contrat.

Matte ne cherche pas d’excuses pour les ennuis de son unité, mais il réalise que les problèmes ne se limitaient pas à sa bande.

« Ce n’était pas facile pour l’attaque au complet. C’est impossible de pointer le doigt vers une seule personne, plusieurs joueurs ont fait des erreurs », a témoigné Matte.

Il faut dire que la ligne offensive a reçu le mandat de protéger deux quarts moins expérimentés en Cato et Adams fils qui ont encaissé leur lot de sacs.

En constatant que Jeff Perrett constituait l’unique joueur qui conservait la même fonction par rapport à la saison précédente, il fallait s’attendre à quelques bévues. 

« On le savait que certains jours, on allait apprendre. Mais je pense qu’on sera capable d’avoir une bonne ligne dans les années à venir », a maintenu Matte qui aura sans doute un ou deux nouveaux partenaires à apprivoiser.

Pourquoi pas un rôle dans la NFL?

Sacré recrue par excellence des Alouettes, le demi défensif Jonathon Mincy a prouvé qu’il était à la hauteur pour s’adapter au football canadien. L’ancien de l’Université Auburn était arrivé au Canada avec des choses à prouver ayant été ignoré au repêchage de la NFL. 

« C’est indescriptible comme sensation, je dois partager l’honneur avec mes coéquipiers qui ont travaillé fort et qui m’ont poussé pendant toute la saison pour que je puisse élever mon niveau de jeu », a indiqué Mincy.

« C’est définitivement un honneur de voir que mon jeu a été reconnu. »

Surpris par cette récompense, Mincy est ravi d’avoir attiré l’attention vers lui. Après tout, il rêve encore de prouver qu’il peut se débrouiller en sol américain. 

« Définitivement, ça demeure le but suprême. Je sais que mon physique soulevait des doutes en sortant de l’université. Je voulais démontrer que je peux jouer n’importe où dans la tertiaire », a conclu Mincy qui s’est démarqué malgré une tonne de partenaires différents allant de Jovon Johnson à Billy Parker, Ethan Davis, Ramon Taylor, Greg Henderson, Tyree Hollins, Dominique Termansen et Khalid Wooten.