Les Alouettes disputeront lundi le troisième match de leur « mini-saison » imaginée par l’entraîneur-chef Jim Popp. Ce dernier avait lancé un défi à ses joueurs il y a deux semaines : voir le dernier tiers de la saison et l’imaginer comme si elle ne comptait que six matchs. L’objectif était d’entrer dans les éliminatoires avec un niveau de confiance le plus élevé possible.

Ce qui est intéressant ces temps-ci avec les Alouettes, c’est qu’il y a une différence par rapport au début de la saison. Il y a une amélioration, un petit quelque chose de plus qui ne se calcule pas, mais qui est néanmoins présent dans l’entourage de l’équipe. Les joueurs sentent vraiment qu’ils peuvent maintenant gagner tous les matchs. Au début de la campagne, les joueurs se demandaient s’ils avaient des chances de l’emporter pendant la période d’échauffement.

Les Alouettes sont aujourd’hui complètement à l’autre bout du spectre. Cela peut paraître anodin, mais la nuance est très importante. L’équipe s’en va vraiment dans la bonne direction.

L’importance du jeu au sol

Les adversaires de lundi sont les Blue Bombers de Winnipeg, une équipe qui présente un dossier de 2-14 et qui a perdu ses 2 derniers matchs par un pointage combiné de 91-28! C’est pourquoi les Alouettes ne doivent pas viser une victoire, mais bien une victoire convaincante.

Les hommes de Popp doivent également dicter la façon de jouer et gagner devant leurs partisans, chose qu’ils n’ont pas faite souvent depuis le début de la saison. L’occasion est idéale pour conserver le niveau de confiance et même l’augmenter. C’est extrêmement important.

Il est toujours possible de remettre en question les progrès des Alouettes, puisqu’ils ont affronté les Eskimos d’Edmonton la semaine dernière et qu’ils se mesureront aux Bombers cette semaine. Mais malgré leur fiche de 6-8, les Alouettes ont battu les Argonauts de Toronto, les Lions de la Colombie-Britannique et les Roughriders de la Saskatchewan. Ils auraient aussi mérité un meilleur sort contre les Stampeders de Calgary. Les Alouettes ont vaincu de bonnes équipes et en ont chauffé d’autres. Il ne faut pas perdre cela de vue.

Face aux Bombers, l’attaque devra encore démontrer des signes de progression. Popp a dû rappeler à ses joueurs de respecter l’adversaire et qu’un match de football se joue le terrain, parce que sur papier, la confrontation est inégale. Au besoin, Popp pourra toujours ressortir les bandes vidéos du deuxième match de la saison, alors que les Bombers étaient venus l’emporter à Montréal. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas gagné en six duels sur la route depuis ce temps.

Lors de ce match, les Alouettes s’étaient inclinés 19-11, même si la défense avait provoqué six revirements (cinq échappés et une interception) et réussi quatre sacs du quart. Il faut dire qu’Anthony Calvillo avait été limité à des gains de 121 verges avec un touché et deux interceptions en plus d’être plaqué sept fois derrière sa ligne de mêlée. Au finale, l’unité offensive des Alouettes avait récolté 122 verges, des statistiques généralement obtenues pendant un quart dans la Ligue canadienne de football. C’était épouvantable.

La meilleure chose qui pourrait arriver aux Alouettes lundi, ce serait de connaître un départ canon comme la semaine dernière à Edmonton. Les Bombers sont vulnérables et d’inscrire rapidement deux ou trois touchés les inciterait à baisser immédiatement les bras. Les Alouettes doivent les écraser pour ne jamais leur permettre de s’accrocher jusqu’au quatrième quart. Les hommes de Popp ne doivent pas commencer à penser aux deux matchs qu’ils disputeront contre les Tiger-Cats de Hamilton et qui seront cruciaux au classement. Ce serait une erreur.

L’attaque des Alouettes a progressé au cours des dernières semaines. Josh Neiswander joue du meilleur football, lui qui a victime d’une seule interception à ses trois derniers matchs. L’attaque au sol a récolté 188 verges la semaine dernière et l’équipe doit suivre dans cette voie. Les Bombers ont donné 622 verges la semaine passée, dont 208 au sol à Jon Cornish. Les Alouettes doivent sauter sur l’occasion pour faire le plein de confiance dans cette facette du jeu. Car il faut être honnête, l’attaque au sol des Alouettes n’a pas été convaincante jusqu’à date cette saison.

C’est important, car une bonne attaque au sol permet d’introduire le « play action ». La semaine dernière, les Alouettes ont réussi leurs plus gros gains par la passe lorsqu’il y avait d’abord une feinte de jeu au sol. Cela permet ainsi de gros jeux avec Brandon London, Duron Carter et compagnie. De plus, les Bombers ont échangé leur meilleur joueur de ligne défensive, Alex Hall, et il faut que les Alouettes en profitent. Par contre, ils devront avoir à l’œil les joueurs qui restent, car ceux-ci sont déjà en mode évaluation en vue de la prochaine saison. Ceux qui veulent rester vont démontrer un peu de fierté jusqu’au bout.

Des objectifs bien précis

Est-ce que la défense des Alouettes va se payer un festin en cette journée de l’Action de grâces? Cela se pourrait très bien avec la façon dont elle joue et comment l’attaque des Bombers se comporte. La confrontation est plutôt inégale, d’autant plus que l’unité défensive des Alouettes est bâtie pour arrêter le jeu sol. Les équipes ne courent pas contre les Alouettes. Il y a tellement de joueurs dans la boîte défensive, que les risques de succès sont plutôt faibles.

La preuve? Les Alouettes ne donnent que 83 verges au sol par match et qu’une moyenne de 4,6 verges par course. C’est bon pour le premier rang dans la LCF dans les deux cas. Les Alouettes totalisent également 46 sacs depuis le début de la saison, ce qui est bon pour le deuxième rang. À l’opposé, les Bombers ont donné 48 sacs, le deuxième plus au total de la ligue. Le quart Max Hall a récolté des gains de 160, 253, 169 et 147 verges avec 3 touchés et 6 interceptions à ses 4 dernières rencontres. Étant donné que les Alouettes rendent leurs rivaux unidimensionnels, ils doivent encore une fois profiter de la chance unique qui s’offre à eux.

Bref, les Alouettes ont trois missions à remplir lundi : jouer le match à leur façon, gagner à la maison parce que les équipes qui jouent devant leurs partisans sont censées gagner et gagner parce qu’ils sont censés gagnés. En prime, ils doivent le faire de façon décisive.

La défense joue très bien, mais c’est l’attaque qui doit en faire davantage. Aussi, les Alouettes doivent être disciplinés, car ils ne sont malheureusement pas assez bons pour donner 100 verges à leurs adversaires. Finalement, les unités spéciales doivent contribuer. Il ne faut pas juste espérer qu’elles ne cafouillent pas. À quand de meilleurs retours de bottés?

Il y a un adage qui dit que ce sont les défenses qui gagnant les championnats. Ce n’est pas unique au football, mais dans plusieurs autres sports. Je dirais plutôt que ce sont les meilleures équipes qui gagnent. En 2011, l’unité défensive des Bombers avait été incroyable : 54 revirements, 55 sacs du quart et seulement 24 points étaient accordés par matchs. Les Bombers se sont malgré tout incliné lors du match de la Coupe Grey contre les Lions.

Ainsi, les Alouettes doivent être bons dans toutes les facettes du jeu pour être prêts pour les éliminatoires.

*Propos recueillis par Francis Paquin