Une tradition sous Calvillo, une nouveauté pour Dequoy
MONTRÉAL – À l'époque d'Anthony Calvillo, c'était une tradition pour les Alouettes de profiter d'un laissez-passer pour la finale de l'Est. À l'époque de Marc-Antoine Dequoy, c'est une nouveauté à apprivoiser.
Avec les succès obtenus par Calvillo, un petit tour dans les archives a permis de se rappeler que les Alouettes avaient bénéficié, de 2002 à 2012, d'une semaine de répit supplémentaire huit fois!
Cet univers si familier s'est transformé en une rareté depuis pour l'organisation montréalaise. Ce sera la première fois, depuis 2012, que les Oiseaux n'auront qu'un match éliminatoire à remporter pour disputer la coupe Grey.
On a donc sondé Dequoy pour découvrir ce qui trotte dans sa tête ces jours-ci.
« C'est très différent, c'est la première fois que ça m'arrive dans ma carrière professionnelle. Je n'ai jamais eu à attendre dans les éliminatoires et ce n'était pas comme ça au niveau universitaire non plus », a-t-il réagi d'emblée.
Lui et ses coéquipiers ont rapidement constaté que ce n'est pas banal comme privilège.
« Je réalise que c'est bon pour prendre le temps de corriger des éléments et travailler sur soi-même. Habituellement, au football, tu as un nouvel adversaire chaque semaine. En début de semaine, tu reviens sur les correctifs, mais tu tombes rapidement dans le plan de match », a indiqué le maraudeur.
« Cette fois, on peut plus se concentrer sur nous et c'est très bien accueilli par les joueurs. J'apprécie de pouvoir aller plus en profondeur, ce qu'on ne peut pas faire souvent en raison du manque du temps », a ajouté Dequoy.
Alors non, pour le moment, ce n'est pas une torture de devoir attendre l'identité de l'adversaire. Un verdict qui tombera, samedi en fin d'après-midi, avec le duel entre le Rouge et Noir et les Argonauts à Toronto.
Au lieu d'accorder un long congé, les Alouettes ont opté de s'entraîner trois fois cette semaine et ils pensent avoir trouvé la formule appropriée pour éviter les pièges de cette « pause ».
Afin d'aborder la semaine actuelle avec le meilleur état d'esprit, Dequoy s'est rappelé une discussion datant de quelques semaines avec l'entraîneur-chef Jason Maas.
« En parlant d'un possible laissez-passer, Coach Maas m'avait dit qu'il n'était pas inquiet que les joueurs allaient continuer de démontrer leur esprit compétitif et j'étais d'accord avec lui », a rappelé Dequoy qui semblait fier de l'attitude de ses coéquipiers.
On a abordé le sujet avec Luc Brodeur-Jourdain, l'entraîneur de la ligne offensive. Il était conscient que bien des joueurs n'avaient jamais expérimenté une telle semaine qui ressemble à un jeu d'attente.
« Durant la saison, c'est contre-intuitif de dire ‘On va attendre pendant une semaine'. Dans les éliminatoires, on reste concentrés sur notre mission, on est dans les derniers milles du marathon. Oui, on a alloué un certain temps de repos, mais c'est le retour au travail », a commenté Brodeur-Jourdain en excluant, bien sûr, les semaines de congé qui surviennent pendant le calendrier régulier.
« Un vent dont on avait besoin »
On croit que c'était sans vouloir faire un jeu de mots, mais Dequoy s'est exprimé ainsi pour décrire l'impact rassurant du dernier match de la saison.
« C'est un vent dont on avait besoin, on a bien exécuté dans les trois facettes. Oui, la fin a été particulière (avec la bourrasque de vent qui a coûté la victoire aux Alouettes), mais on n'y pouvait rien. Ce match a surtout procuré beaucoup de confiance à l'équipe et on est prêts à attaquer les éliminatoires. »
Ce « vent positif », Dequoy et sa troupe ne veulent surtout pas le voir s'essouffler.
« On ne peut pas aborder cette semaine comme du repos, tenir ça pour acquis et relaxer. Ce que tu veux éviter, c'est de tuer ton momentum et ça pourrait arriver sans pratiquer pendant une semaine », a soutenu le Québécois.
En terminant, même la semaine supplémentaire de répit ne devrait pas guérir Mustafa Johnson à temps pour la finale de l'Est ou même la coupe Grey.
« Il ne reste que de l'espoir, un petit espoir », a reconnu Maas.
« C'est l'un des meilleurs joueurs de la LCF et une pièce incroyable de notre défense donc une lourde perte. Ça nous motive d'être capable de jouer pour lui et les autres joueurs perdus comme Reggie Stubblefield et Shawn Lemon. Ce ne sera pas évident de compenser son absence. Quand il n'est pas là, tu réalises encore plus à quel point il représente une pièce importante », a conclu Dequoy.