Une visite dans les bureaux des Alouettes
Alouettes mardi, 14 févr. 2017. 23:25 samedi, 14 déc. 2024. 22:34MONTRÉAL – Mardi matin, la porte du quartier général des Alouettes de Montréal s’ouvre à 10 h 30. Kavis Reed, le directeur général recrue, est déjà à l’action depuis quelques heures en compagnie de ses complices les plus fidèles.
À notre arrivée dans les bureaux de l’organisation montréalaise au Stade olympique, on constate que Reed discute de dossiers importants avec son entourage. Après tout, le marché des joueurs autonomes prendra son envol dans 90 minutes, sur le coup de midi.
Dans les minutes suivantes, Éric Deslauriers, le recruteur et homme multitâche, s’affaire à analyser des vidéos de certains joueurs qui ont été ciblés par l’état-major pour replacer le club dans la bonne direction.
Pour cette visite dans les locaux des Alouettes, l’auteur de ces lignes a pu s'installer dans une salle de conférence à quelques pieds des bureaux de Reed, Deslauriers, Catherine Raîche (directrice générale adjointe aux opérations football) et Philippe Moreau (adjoint aux opérations football et analyste).
Rapidement, on sent que l’action grimpe de quelques crans. D’abord, les retours de Nicolas Boulay et Kyle Graves sont annoncés via un communiqué. C’est par la suite que ça s’enclenche sérieusement.
Les discussions se multiplient sur les joueurs potentiels à approcher. Reed, Raîche et Deslauriers se promènent de bureau en bureau en quête d’informations et pour en partager d’autres.
Les décisions seront importantes puisque plusieurs joueurs de l’édition 2016 pourraient devenir libres comme l’air. Parmi eux, les noms de Boris Bede et Jovon Johnson sont évoqués, mais ils subiront un sort inverse.
À midi, la LCF envoie la liste officielle des joueurs autonomes aux neuf équipes du circuit et les démarches officielles peuvent commencer.
Seulement trois minutes plus tard, à 12 h 03, le téléphone de Reed sonne. Le DG des Oiseaux semble déjà à l’aise dans le jeu des négociations. « Je croyais que l’autre équipe allait vous offrir ça? », a lancé Reed au clan d’un joueur.
12 h 09. Reed s’avance vers Deslauriers et lui demande une faveur. « Tu as un lien avec ce joueur, appelle-le pour lui dire que cette offre ne sera plus sur la table dans 10 minutes. »
Dans cette frénésie intrigante, Raîche part même à courir vers la photocopieuse pour aller chercher des documents.
Quelques minutes plus tard, elle contacte un joueur autonome pour connaître ses exigences. Celui-ci se représente lui-même et il s’informe sur les implications fiscales de signer à Montréal.
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Vers 12 h 30, Reed désire parler à Ryan Phillips au téléphone. Une quinzaine de minutes plus tard, le DG vient rejoindre Raîche et Deslauriers. Il ferme la porte pour discuter de la situation en privé.
Un effet de dominos survient. Comme il l’a confirmé aux médias en fin d’après-midi, Reed a été bon joueur en informant le clan de Johnson que les Alouettes n’allaient plus tenter de le garder dans l’organisation.
Durant cette rencontre avec les médias, Reed a confirmé que Phillips avait été embauché. Le geste se veut le remplacement d’un vétéran par un autre vétéran.
À travers cette légère cohue, Raîche accorde quelques minutes de son temps pour répondre à des questions sur cette journée qui file à toute vitesse.
« On a créé notre plan, on s’est réparti les tâches avec les joueurs que l’on voulait viser à partir de midi. On essaie de savoir si d’autres équipes sont intéressées et voir ce qu’on peut offrir », a soulevé Raîche qui doit constamment veiller aux prévisions financières sous le plafond salarial.
« Dès que ça change et qu’on accorde un montant un peu plus haut pour quelqu’un, c’est ailleurs qu’on va devoir diminuer », a reconnu Raîche qui a décrit cette journée comme « super excitante ».
Interrompu quelques secondes par Reed, qui doit communiquer une information à un agent, elle a le temps de révéler une priorité du plan.
« On souhaite ajouter de la profondeur à certaines positions avec des joueurs canadiens. Avec le ratio qu’on veut établir pour la formation partante, on doit respecter certaines choses. Il faut suivre le plan », a exprimé Raîche.
Un ralentissement se produit par la suite jusqu’au moment où Reed rappelle l’agent d’un joueur qui a déjà reçu une offre des Alouettes.
- « As-tu ajouté la clause pour les touchés par la course? », a demandé l’agent au directeur général.
- « Oui, on a fait le tour si vous acceptez les montants. On a une entente », a rétorqué Reed avec plaisir.
- « Je vais l’informer que c’est confirmé », a noté l’agent.
- « Oui, mais pas de réseaux sociaux, je ne veux pas devoir me fâcher après toi », a prévenu Reed qui doit y aller de cette précision pour chaque dossier.
Plus tard dans l’après-midi, un joueur universitaire américain entre en conversation avec Deslauriers et Reed se joint à eux.
« J’espérais que vous aviez bien reçu mon courriel », a mentionné l’athlète qui aimerait faire le saut dans la LCF.
Intéressé par le candidat, Reed accepte d’inclure une clause pour qu’il puisse être libéré si une équipe de la NFL veut lui offrir un essai.
La discussion progresse bien et il ne serait pas étonnant de voir ce joueur tenter sa chance au printemps avec les Alouettes.
Ce ne sont pas tous les dossiers qui ont évolué comme les Alouettes le souhaitaient. Par contre, un beau moment de réjouissance survient autour de 15 h 40. Avec un grand sourire au visage, Reed confirme à Deslauriers la signature d’un joueur. Un high five senti suit immédiatement. Mis au parfum quelques secondes plus tard, Raîche ne contient pas sa joie non plus. Le responsable pourrait être Jabar Westerman ou était-ce plutôt Ernest Jackson dont l'embauche a été annoncée, jeudi matin.
Par la suite, le retour de Bede pour une saison est annoncé par un autre communiqué.
Quelques minutes plus tard, Reed est justement descendu dans le vestiaire de l’équipe pour répondre aux questions des journalistes, dont sur les contrats accordés à Kyries Hebert (lundi), Boulay, Bede et Phillips.
L’action ne s’arrêtera pas là, Reed poursuivra sa chasse aux joueurs autonomes en soirée et au cours des jours suivants. Raîche sera là pour lui rappeler les contraintes budgétaires tandis que Deslauriers et Moreau les épauleront de leur mieux.