Décès de Don Matthews à l'âge de 77 ans
LCF mercredi, 14 juin 2017. 14:13 mercredi, 14 juin 2017. 15:23MONTRÉAL - Les Alouettes de Montréal ont perdu l'un des principaux artisans de leurs succès au tournant des années 2000.
Don Matthews est décédé à l'âge de 77 ans, et les Argonauts de Toronto ont précisé qu'il s'était éteint mercredi matin à Beaverton, en Oregon. Il avait annoncé en 2012 qu'il luttait contre un cancer.
Matthews avait été nommé entraîneur-chef des Oiseaux en 2002, et il avait permis à la formation montréalaise de dominer la LCF pendant cinq ans, soit jusqu'en 2006. Sa fiche de 58-28 pendant son séjour dans la métropole a permis aux Alouettes de gagner la coupe Grey en 2002, de participer en trois occasions au match de championnat du circuit canadien et de terminer au sommet de la section Est quatre fois en cinq ans.
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En arrivant à Montréal, il avait confirmé Anthony Calvillo comme quart partant et lui a confié la responsabilité d'appeler ses propres jeux en attaque.
« L'arrivée de Don avec les Alouettes s'est avérée une bénédiction pour moi, a déclaré Calvillo, qui est maintenant l'entraîneur des quarts de l'équipe. Il m'a démontré énormément de confiance et nous avons développé une relation spéciale et unique. Il a été l'un des grands responsables des succès que nous avons obtenus à Montréal pour une aussi longue période. J'ai gardé le contact avec Don au fil des ans, jusqu'à ces derniers jours avec nous. Je suis attristé par son décès et tout le monde va s'ennuyer de lui. »
Le 4 octobre 2006, il a démissionné de son poste au sein des Alouettes, invoquant des problèmes de santé.
« The Don », comme on le surnommait dans le milieu, ne laissait personne indifférent.
Le membre du Temple de la renommée du football canadien était un personnage plus grand que nature, doté d'un esprit vif qui appréciait particulièrement les feux de la rampe, et qui prenait un malin plaisir à garder les gens qui l'entouraient sur le qui-vive en adoptant un style particulièrement abrasif.
« Don Matthews avait du style, n'avait aucun scrupule à afficher sa confiance et était passionné autant par la vie que par le football, a déclaré par voie de communiqué le président du conseil des gouverneurs de la LCF, Jim Lawson. La LCF était plus flamboyante, plus attrayante et s'en trouvait bonifiée parce qu'il en faisait partie. Nos pensées et nos prières sont dirigées vers sa famille, vers ceux qui le connaissaient et qui l'aimaient et vers une quantité incalculable de partisans qui se souviendront de lui à jamais. »
Matthews fut l'un des entraîneurs les plus prolifiques de l'histoire de la Ligue canadienne de football (LCF) en vertu de ses 231 victoires et de ses 10 conquêtes de la Coupe Grey.
Mais il était également très controversé, puisqu'il aimait prendre des risques pour obtenir du succès.
Les joueurs ont toujours aimé jouer pour lui puisqu'il avait la réputation de créer une atmosphère gagnante et de protéger ses hommes. Pendant la saison régulière, les équipes de Matthews participaient rarement à des entraînements avec contacts, et il les laissait souvent contribuer à l'ébauche d'un plan de match.
Pourtant, il a maintenu sa distance avec eux. Bien que reconnu pour être un « entraîneur près de ses joueurs », il pouvait aussi être impitoyable lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions au niveau du personnel et de clouer des joueurs au banc.
Matthews a conclu sa carrière, qui s'est étalée sur quatre décennies, à titre d'entraîneur qui a connu le plus de succès dans l'histoire de la LCF, en vertu de sa fiche de 231-132-1.
Il occupe présentement le deuxième rang à ce chapitre derrière Wally Buono, qui a brisé sa marque en 2009.
Matthews, qui a obtenu sa citoyenneté canadienne en 2004, a dirigé au cours de sa carrière les Lions de la Colombie-Britannique, les Argonauts, les Roughriders de la Saskatchewan, les Stallions de Baltimore, les Eskimos d'Edmonton et les Alouettes. Il a démissionné de son dernier poste d'entraîneur-chef, avec les Argonauts, le 31 octobre 2008.
Un grand entraîneur et ami pour Lapointe
L'ancien porteur de ballon des Moineaux Éric Lapointe a lui aussi été marqué par la nouvelle, lui qui considérait Matthews comme un ami. Il se souvient très bien de ses débuts sous les ordres de ce dernier.
« Ç'a commencé étrangement, a-t-il avoué en entrevue avec RDS. J’ai été repêché par les Eskimos d’Edmonton et Don Matthews avait été nommé entraîneur-chef tout de suite après le repêchage, donc ce n’est pas lui qui m’avait repêché. Il m’a retranché à ma première saison, ce qui m’a envoyé avec les Tiger-Cats de Hamilton. Donc quand il est arrivé à Montréal en 2002, je dois dire que j’étais craintif parce que j’avais peur de sa réaction. J’avais bien joué à ma première année à Hamilton, mais j’avais peur qu’il me mette sur les lignes de côté. La première chose qu’il m’a dite au camp d’entraînement, c’est « Eric you’re my man, you’re gonna make the team. Tu vas faire l’équipe. » Ça m’a mis en confiance, et c’est probablement la seule fois dans toute mon expérience comme athlète professionnel qu’un entraîneur m’a dit des choses comme ça. Don et moi on a développé une relation exceptionnelle au cours des années. Le fait qu’on avait toujours l’impression qu’on allait remporter chaque match, chaque saison, c’était assez exceptionnel. En cinq ans on s’est rendu quatre fois à la Coupe Grey. Il n‘y a pas grand joueur qui peut se vanter d’un tel scénario. »
Lapointe a lui aussi été témoin du fort caractère de l'entraîneur, qu'il qualifie de « drastique ».
« S’il t’aime, il t’aime énormément et il va aller au bat pour toi, mais s’il ne t’aime pas, il peut te retrancher et ça peut se faire rapidement. C’est clairement un player's coach. C’est un entraîneur qui voulait protéger ses joueurs. Pour lui, les médias c’était l’ennemi, les équipes adverses c’était l’ennemi. C’était nous contre le reste du monde. On avait toujours l’impression qu’à chaque match, dans chaque ville adverse, on s’en allait à la guerre et qu’il était prêt à tout faire pour remporter la victoire. »
Un évènement a particulièrement touché Lapointe, qui tient Matthews en haute estime.
« Il m’a fait un petit vidéo personnel pour ma fête de 40 ans, il y a deux ans. Il ne pouvait pas être présent, car il était déjà malade à l’époque. Il a envoyé une vidéo de lui saluant Bruno Heppell et les gens qui étaient dans la salle pour me dire merci. J’ai trouvé ça très marquant qu’il prenne le temps de le faire, surtout avec son état de santé. Je l’ai toujours considéré comme ami. Il a toujours pris ma défense, il m’a toujours mis sur le terrain, il m’a fait sentir en sécurité. Je pense que, pour moi, c’est le guerrier ultime. »