Des finales d'association de rêve
NFL lundi, 13 janv. 2014. 19:29 mercredi, 11 déc. 2024. 20:50Lorsqu’on jette un regard rapide sur les statistiques du duel entre les Saints de La Nouvelle-Orléans et les Seahawks de Seattle, on est tenté de déduire que la troupe de Sean Payton a dominé mais n’a pu capitaliser sur des occasions. Toutefois, la réalité est toute autre. Les Seahawks ont exercé un contrôle total sur cette partie du début à la fin pour l'emporter.
On a attaqué Drew Brees agressivement dès le départ, et on a créé un revirement qui a par la suite été converti en touché. Le scénario que les Saints voulaient éviter à tout prix, c’était celui de tirer de l’arrière par plusieurs points tôt dans le match tout en offrant des terrains courts à leurs adversaires, et c’est pourtant exactement ce qui s’est produit. Les Seahawks ont ensuite réussi avec brio ce qui constitue leur marque de commerce, soit d’établir leur défensive suffocante et de limiter l’efficacité des receveurs adverses.
Leur travail de couverture à l'endroit de Jimmy Graham a été particulièrement remarquable puisqu'il a été éliminé de l’équation, lui qui n’a capté qu’un seul ballon pour un gain de huit verges. En ce qui me concerne, cette statistique s’accompagne toutefois d’un astérisque, puisque Graham n’avait pas l’air aussi à l’aise qu’à l’habitude samedi. Impossible pour l’instant de savoir si cette performance silencieuse est attribuable à une blessure ou à la frustration, mais quelque chose ne tournait pas rond dans son cas. Le gros ailier rapproché manquait de fougue et n’arrivait pas à se défaire de ses couvreurs.
Du côté offensif, Marshawn Lynch a mis sur empreinte sur cette partie avec une récolte de 140 verges au sol. On a été à même de constater une fois de plus pourquoi le qualificatif de « Beast » lui convient parfaitement. Il n’est tombé que rarement lors du premier contact, et c’est ce qui le rend si dominant puisque ces trois ou quatre verges supplémentaires sur chaque jeu s’accumulent et se traduisent par des premiers jeux.
Dans le camp de Seattle, la seule préoccupation qui à mon sens ressort de cette rencontre est le jeu ordinaire du quart-arrière Russell Wilson. Ce dernier n’a complété que 50 % de ses passes et a peiné à dépasser le plateau des 100 verges et on l’a déjà vu plus en confiance durant ses deux premières saisons dans la NFL. Si les 49ers de Francisco parviennent à ralentir Lynch lors de leur affrontement en finale d'association, Wilson saura-t-il élever son jeu d’un cran? C’est l’un des sujets chauds à l’approche de ce match à mon avis.
Un effort éclatant de l'unité défensive
Justement, parlant de ces mêmes 49ers, ils ont défait dimanche un deuxième rival de qualité en terrain hostile en l’espace d’une semaine, infligeant un revers de 23-10 aux puissants Panthers de la Caroline. Personne n’a été étonné d’assister à un match axé sur la défensive entre ces deux formations. C’est toutefois l’unité dirigée par Jim Harbaugh qui s’est imposée grâce à cinq sacs du quart et deux interceptions. À deux reprises, le front défensif des Niners a empêché l’attaque des Panthers de marquer un majeur alors que celle-ci cognait à la porte des buts.
L’intransigeance de la défensive de San Francisco a donné le ton au match. De la ligne défensive à la tertiaire, tout le monde a contribué à stopper une équipe bien équilibre à l’offensive. Pour sa part, Colin Kaepernick en a fait suffisamment pour obtenir la victoire. Il n’a pas connu un grand match, mais il a effectué les ajustements nécessaires en cours de match en plus de marquer un touché déterminant avec ses jambes.
L’attaque de la formation californienne a été l’affaire de trois séquences, soit la dernière de la première mi-temps, ainsi que deux premières à leur retour sur le terrain, au troisième quart. Ces trois séries leur ont permis d’engranger 17 points (deux majeurs et un placement). L’avance de 10 points était amplement pour accorder à la défensive la latitude nécessaire pour neutraliser Cam Newton et les Panthers, qui n'ont jamais été en mesure de retrouver leur rythme après des signes encourageants lors des 20 premières minutes.
Même s’ils ont été dominés à quelques reprises au Century Link Field lors des deux dernières saisons, il ne faudrait surtout pas négliger la confiance qui habite cette équipe à l’approche de la finale d'association. Il leur faudra une performance tout aussi impeccable pour surmonter la frénésie qui habitera le stade à Seattle dimanche prochain.
Cette fois, le jeu au sol fait des dommages
Pour leur part, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre se sont amusés à Foxborough contre les Colts d’Indianapolis, les humiliant lors d’un gain de 43-22. De prime abord, je me dois de lever mon chapeau à Bill Belichick et Tom Brady, qui poursuivent leur formidable travail compte tenu des effectifs en place. Je suis d’avis que c’est la meilleure saison de coaching de Belichick en raison du travail colossal accompli avec une troupe décimée par les blessures et les départs.
Les Pats ont effectué une transition remarquable vers un jeu au sol plus soutenu, après avoir semé la terreur pendant tant d’années par la voie aérienne. Sans Wes Welker, Aaron Hernandez et Rob Gronkowski, Bellichick et ses adjoints ont fait preuve de créativité toute l’année et continuent d’en récolter les bénéfices. Simplement dit, on prend ce que nos adversaires nous offrent. Samedi, LeGarette Blount et Stevan Ridley ont fait mal au front défensif des Colts en courant avec puissance et intelligence pour un total de 235 verges. Au final, les demis offensifs des Pats ont inscrit pas moins de six majeurs au sol!
Toute aussi fascinante fut la domination de la défensive de la Nouvelle-Angleterre. Plusieurs se demandaient si la perte du secondeur de ligne Brandon Spikes allait rendre l’unité défensive vulnérable. C’est plutôt la situation inverse qui s’est produite, puisque le réserviste Jamie Collins a probablement été le meilleur joueur défensif du duel, réalisant des sacs du quart, des plaqués à la tonne et se permettant même une interception aux dépens d’Andrew Luck, qui en a lancé quatre dans la défaite.
Cela revient à ce que je mentionnais, puisque c’est le reflet de l’habileté de l’instructeur Belichick à identifier le talent et créer des confrontations avantageuses.
Une parenthèse au sujet de Luck. Celui-ci a bien tout tenté, mais c’était clair : il ne pouvait se permettre la même irrégularité qui avait caractérisé sa première demie contre les Chiefs de Kansas City. Le jeune quart a erré sur certains lancers lorsque les siens tiraient de l’arrière, et il en a payé le prix. De son côté, une meilleure protection du ballon s’impose. Sept passes interceptées en deux matchs, c’est beaucoup trop. N’empêche qu’avec l’ajout de quelques cibles de qualité et une ligne offensive plus stable, cette équipe pourrait accomplir de belles choses dans un avenir rapproché.
Manning en a fait suffisamment
Dans l'autre demi-finale de l'Association Américaine, les Chargers de San Diego avaient la recette pour venir à bout des Broncos de Denver. Les deux clubs s’étaient séparé les honneurs des duels de saison régulière. Leur victoire à la mi-décembre, les Chargers l’avaient obtenue en accordant une importance capitale à la course dans leur stratégie offensive afin de limiter le temps de possession de l’attaque dévastatrice de Denver.
Cette planification n’a pas pu être mise à exécution dimanche puisque les Broncos ont rapidement pris les devants et forcé les hommes de Mike McCoy à jouer du football de rattrapage – donc par le fait même, de s’éloigner du jeu au sol. Peyton Manning a effectué du bon boulot, même s’il n’a pas affiché les statistiques éloquentes qui caractérisaient la plupart de ses départs en calendrier régulier. Il s’est moqué de l’unité défensive des Chargers à quelques reprises en variant ses cadences et en changeant les jeux à la ligne d’engagement. San Diego est d’ailleurs tombé dans le panneau en étant victime de pas moins de cinq hors-jeux.
La rencontre aurait pu être mise hors de portée rapidement, mais les Chargers se sont montrés opportunistes avec une interception dans la zone payante et une échappée recouvrée sur ce qui aurait été un premier essai des Broncos dans leur territoire. Bref, malgré un pointage final plutôt serré de 24-17, les Chargers n’ont jamais été dans le coup lors des trois premiers quarts, avec 79 minuscules verges de gains.
On a appris dans les dernières heures que le demi de coin Chris Harris fils allait rater la fin des éliminatoires, lui qui s’est déchiré le ligament croisé antérieur du genou gauche contre les Chargers. C’est une nouvelle qui revêt une certaine importance puisque son remplaçant, Quentin Jammer, a été simplement horrible en couverture durant le quatrième quart.
La table est donc mise pour le quatrième chapitre de la fameuse confrontation Manning-Brady en éliminatoires à l’occasion de cette finale d'association. On entendra énormément parler des deux quarts étoiles – possiblement un peu trop! Chose certaine, il ne serait guère surprenant d’assister à un festival offensif entre ces deux grands joueurs de l’ère moderne.
Peu importe le résultat des matchs Patriots-Broncos et 49ers-Seahawks, une chose est déjà assurée : le Super Bowl XLVIII mettra aux prises un général établi au pedigree impressionnant à un jeune quart rempli de promesses. Nous devrions donc avoir droit à trois affrontements d’une qualité exceptionnelle pour terminer en beauté cette saison de football américain.
* Propos recueillis par Maxime Desroches