L’enragé
NFL lundi, 21 déc. 2015. 19:21 mercredi, 11 déc. 2024. 18:44Avez-vous déjà vu Michael Douglas dans le film L’enragé?
Oui? Vous ne trouvez pas qu’Odell Bekham Jr y ressemblait dimanche lorsqu’il a pété les plombs et pris le demi de coin des Panthers de la Caroline Josh Norman en chasse?
Moi oui.
Tel un missile à tête chercheuse, le receveur étoile des Giants de New York n’avait visiblement qu’un objectif en tête sur la pelouse du Metlife Stadium : se venger.
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Pas étonnant donc qu’il ait écopé d’une suspension d’un match pour son comportement disgracieux. S’attaquer à la tête d’un adversaire en utilisant son propre casque, voilà le genre de geste que la NFL tente d’éradiquer depuis le début de la saison.
Plus que jamais, les coups à la tête monopolisent l’attention des médias, et ce sur une base quotidienne. C’est sans compter que les gestes de Beckham, qui s’en est pris à plusieurs reprises à son couvreur, ont été posés à cinq jours seulement de la sortie en salle du film Commotion, qui traite justement du sujet.
Disons que c’était le pire moment pour perdre la carte de la sorte. La NFL se devait de lancer un message fort et c’est ce qu’elle a fait. Il n’y avait rien d’accidentel dans les gestes de Beckham, qui a décidé de régler ses comptes plutôt que d’agir en bon joueur d’équipe.
Si bien que les Giants, qui s’accrochent à l’espoir d’accéder aux éliminatoires, seront vraisemblablement privés de l’un de leurs meilleurs joueurs face aux Vikings du Minnesota la semaine prochaine. En agissant de la sorte, Beckham a donc compliqué la tâche de son club. C’est sans compter tous les fans de Fantasy football qui devront vivre avec son absence.
La meilleure de façon pour répliquer à Norman aurait été de capter la longue passe d’Eli Manning en début de rencontre, mais il a préféré faire passer ses intérêts personnels avant.
Il y avait longtemps que je n’avais pas vu un joueur perdre le contrôle comme cela. Je me rappelle d’Albert Haynesworth, qui avait pilé sur la tête du joueur de ligne offensive des Cowboys Andre Gurode. Il y a aussi eu Ndamukong Suh, qui a fait de même sur la cheville d’Evan Dietrich-Smith. C’est sans oublier Steve Smith, qui avait asséné un coup de casque protecteur à un de ses coéquipiers pendant une pratique des Panthers.
Bref, ce n’est pas la première fois qu’on assiste à une scène du genre. Le problème avec le cas de Beckham, c’est que le manège a duré pendant une bonne partie de la rencontre perdue 38-35 par ses Giants.
Qu’on fait les arbitres pour mettre un terme à la situation? Rien. Qu’ont ensuite fait les entraîneurs des Giants? Rien non plus.
De prime abord, la situation n’aurait jamais dégénéré si les officiels avaient mis leur culotte. Ils avaient l’opportunité de ramener l’ordre et chasser les belligérants de la rencontre, mais ils ont préféré la laisser passer. Ils ne seront peut-être pas mis à l’amende pour avoir choisi de fermer les yeux, mais soyez assuré d’une chose, on ne risque pas de les revoir au prochain Super Bowl.
Se sont-ils abstenus parce la confrontation entre Beckham et Norman, deux des meilleurs joueurs de la NFL à leur position, a été vendue dans les médias pendant toute la semaine qui a précédé la rencontre et qu’ils ne voulaient pas y nuire?
Je ne sais pas.
Ce que je sais toutefois, c’est que le personnel d’entraîneurs des Giants aurait dû agir après l’inaction des arbitres. Pourtant de la vieille école, l’entraîneur-chef des Giants Tom Coughlin n’a pas toutefois cloué au banc Beckham, ce qui m’a surpris.
Mais quel est le but ultime au football professionnel? Gagner. Gagner à tout prix. Le talent fait donc foi de tout et en voilà la plus récente preuve. Un joueur moins talentueux que Beckham aurait sans aucun doute été invité à s’asseoir pour se contenter d’un rôle de spectateur avant de probablement être libéré.
Pas Beckham, qui vient de ternir son image, et surtout, de prouver qu’il est possible de la déstabiliser mentalement.
Beckham intimidé
Plusieurs hypothèses circulent sur le web pour expliquer le comportement de Beckham, qui aurait selon certaines théories été intimidé avant la rencontre.
Lors de chacune des périodes d’échauffement précédant leurs matchs, les Panthers ont l’habitude de se présenter sur le terrain avec des bâtons de baseball. Non pas pour blesser physiquement l’adversaire, mais plutôt afin d’entretenir le symbole voulant qu’ils vont s’élancer pour le coup de circuit (Bringing wood), en plus d’être robustes avec leurs rivaux.
Plus près de chez nous dans la LCF, les Tiger-Cats de Hamilton ont aussi ce genre de rituel. Un membre de l’équipe se pointe en effet sur la surface de jeu avec une masse (Bring the hammer) afin de rallier l’équipe vers le but commun, la victoire.
Certains joueurs des Panthers auraient sauté sur l’occasion pour s’adresser à Beckham dans l’objectif de le déconcentrer. Ils ont visiblement réussi et Beckham a maintenant tout intérêt à se mettre des bouchons dans les oreilles parce qu’avec ce qu’il vient de faire, il a dit à toutes les équipes du circuit qu’il est possible de le déranger, de le sortir de son match et de lui faire perdre les pédales.
Une petite frayeur
Ces tristes événements ont par ailleurs porté ombrage aux Panthers, qui ont su conserver leur fiche parfaite (14-0). Ce fut cependant loin d’être facile.
L’entraîneur-chef de la Caroline, Ron Rivera, ne devait pas être content au terme de la rencontre. Son équipe a échappé une avance 28 points avant d’éviter le pire. Quand tu mènes 35-7, tu n’es pas supposé gagner 38-35.
Or, en même temps, Rivera doit aussi être heureux de la tournure des événements.
Le plus récent triomphe des siens lui permettra de leur rappeler que malgré l’absence de défaite cette saison, rien n’est parfait et qu’il y a encore beaucoup à faire dans l’espoir de remporter le Super Bowl.
Chose certaine, ce n’est pas à son attaque qu’il adressera le plus de reproches.
Premier quart de l’histoire de la NFL à connaître un match avec au moins 300 verges de gains par la passe, cinq passes de touché et 100 verges de gains au sol, Cam Newton a ajouté un peu plus de poids à sa candidature de joueur par excellence.
Le jeu au sol de Newton, jumelé à celui de ses porteurs de ballon, force les défenses adverses à se prémunir contre cette menace en plaçant huit joueurs, parfois même neuf, dans la boîte défensive. Conséquemment, la couverture de passes devient très prévisible pour Newton, qui n’est confronté qu’à deux demis défensifs aux extrémités et un maraudeur au centre.
Face à une couverture de type « un contre un » à l’état pur comme celle-là, ça devient drôlement facile pour Newton, sachant que ses marchands de vitesse comme Ted Ginn ont souvent le dessus. Avec son bras puissant, le général de l’attaque des Panthers n’a souvent qu’à lancer le ballon dans les zones profondes pour sauter sur l’occasion.
Une simple recette.
*Propos recueillis par Mikaël Filion