La touche magique de Joe Flacco à Foxboro
NFL jeudi, 8 janv. 2015. 18:55 mercredi, 11 déc. 2024. 21:43Les journées de samedi et de dimanche promettent d’être des plus exaltantes pour les amateurs de football américain, alors que feront leur entrée en scène les puissances du circuit Goodell dans le cadre des demi-finales d’association.
Quatre affrontements relevés entre des formations remplies de joueurs vedettes sont à nos portes, donc il est difficile de ne pas être fébrile à l’approche de cette fin de semaine chargée dans la NFL!
Ravens c. Patriots (samedi à 16 h 30, RDS)
Le tout va débuter en force, puisque les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Ravens de Baltimore seront les protagonistes du premier duel, samedi après-midi. Comme Bill Belichick l’a mentionné avec beaucoup de justesse plus tôt cette semaine, l’affrontement risque de soulever les passions car il s’agit d’un huitième match entre ces deux rivaux depuis 2009, sans même qu’ils évoluent dans la même division. C’est donc dire qu’ils ont croisé le fer à trois reprises en éliminatoires ces dernières années, et chaque fois nous avons eu droit à du football chaudement disputé et d’une grande qualité.
Joe Flacco a prouvé par le passé qu’il a les nerfs assez solides pour gagner sur la pelouse des Pats, à Foxboro, comme en témoigne sa fiche de 2-1 au Gillette Stadium face à Tom Brady en contexte éliminatoire. C’est une statistique encore plus significative lorsqu’on considère que depuis 2001, la Nouvelle-Angleterre a une fiche cumulative de 12 gains et 3 revers à domicile. Contre les 30 autres clubs de la ligue, elle montre un dossier de 11-1 et un différentiel de +12 au chapitre des revirements. Face aux Ravens, en plus d’avoir une fiche perdante, elle en arrache dans cette bataille cruciale avec un ratio de -7. La tendance est on ne peut plus claire : les Ravens sont nullement intimidés. Le génie de Belichick, en fin stratège qu’il est, saura-t-il la renverser?
Je pense qu’une autre intrigue à l’approche de ce duel réside dans la fin de saison somme toute ordinaire des Pats. Lors de l’avant-dernier match, ils se sont imposés de peine et de misère, 17-16, face aux pauvres Jets de New York, et lors de la 17e semaine, ils ont concédé la victoire aux Bills de Buffalo. Je conviens toutefois qu’on ne peut pas conclure grand-chose de cette rencontre, qui ne revêtait pas une grande importance pour les Pats. Ils ont d’ailleurs reposé plusieurs éléments importants.
Tandis qu’ils bénéficiaient de deux semaines de repos et de préparation, les Ravens ont pris leur élan à Pittsburgh en y battant les Steelers de façon convaincante la semaine dernière. John Harbaugh dirige une formation confiante en ses moyens et c’est là où Baltimore devient dangereux.
Une chose que l’on a apprise en regardant les Ravens jouer en matchs d’après-saison ces dernières années, c’est que la préparation stratégique n’est pas suffisante pour les déjouer. Ils apportent constamment un élément de robustesse. C’est une équipe comptant plusieurs colosses qui cognent dur. Les Pats ne peuvent pas prétendre pouvoir s’en sortir uniquement en jouant de ruse; il faut absolument égaler la mise quant à l’aspect physique.
Cette nécessité de jouer avec intensité et combativité prend tout son sens lorsqu’on regarde la composition des équipes ayant donné du fil à retordre aux Pats en saison régulière. Les Jets et les Chiefs de Kansas City, notamment, ont privilégié une recette axée sur le jeu physique contre les Patriots. Les premiers leur ont livré deux batailles serrées malgré leur position dans les bas-fonds du classement, et les deuxièmes les ont carrément lessivés à heure de grande écoute. Dans les deux cas, on avait affaire à des fronts défensifs physiques et à un système de type « 3-4 ».
Compte tenu de la performance étincelante de la défense des Ravens la semaine dernière, on a tous hâte de voir si elle pourra ennuyer Brady de la même façon. Par le fait même, on se demande comment la ligne offensive des Patriots réagira à la pression exercée. Face à Ben Roethlisberger, Baltimore a réussi cinq sacs du quart, mais chacun de ceux-ci est survenu alors qu’on déployait une pression à quatre joueurs.
Samedi dernier, les Ravens ont habilement donné l’illusion qu’ils allaient envoyer un blitz à sept joueurs, en amenant beaucoup de personnel à la ligne d’engagement, pour ensuite en faire reculer quelques-uns. Cela crée de la confusion, alors que les membres de la ligne offensive sont portés à croire que leur quart sera attaqué de toutes parts. Au final, des bloqueurs finissent par être « gaspillés » en protection du quart alors qu’ils auraient pu être utiles ailleurs au lieu de bloquer « dans le vide ».
Le meilleur exemple des succès obtenus par les Ravens en agissant ainsi est l’interception réalisée par Terrell Suggs contre Big Ben la semaine dernière. Il a feinté d’appliquer de la pression pour finalement rester en couverture et mettre la main sur une passe déviée qui était destinée au porteur de ballon. Ce genre de permutations est bien ancré dans le système préconisé par les Ravens.
Il m’apparaît donc évident que les Pats devront consacrer beaucoup d’énergie à installer un jeu au sol efficace. Le gros et physique demi offensif LeGarrette Blount constitue-t-il une réponse au front défensif des Ravens? On le saura bien assez vite.
Chose certaine, les passes pièges devront aussi faire partie du plan de match de Belichick. C’est une force de Brady, qui en moyenne décoche ses passes en moins de 2,5 secondes. Rob Gronkowski devra trouver une façon de faire la différence, et de se comporter comme le joueur dominant qu’il est.
Statistiquement, les Ravens ne s’en sont pas tirés trop mal contre les ailiers rapprochés cette saison. Ils ont concédé deux touchés mais seulement 47 verges sur six attrapés à Jimmy Graham des Saints de La Nouvelle-Orléans, puis sept attrapés pour des gains de 83 verges à Antonio Gates des Chargers de San Diego. Ce sont les deux joueurs d’élite qu’ils ont affronté à cette position durant l’année, mais nous conviendrons que Gronk a été dans une classe à part.
Afin de le retirer de l’équation, les Ravens doivent se montrer physiques à la ligne de mêlée. Le frapper constamment et le faire dévier de sa trajectoire sont des manières de le ralentir. S’ils en sont incapables, il pourrait faire basculer le rythme du côté des Pats, parce que non seulement peut-il faire avancer les chaînes, mais il est aussi un joueur d’énergie. Lorsqu’il est impliqué et qu’il joue bien, il transporte ses coéquipiers avec son enthousiasme. Si on consacre d’importantes ressources à limiter son emprise sur la rencontre, cela permettra aux Julian Edelman et aux Brandon LaFell de se mettre en évidence.
Brady, comme les autres quarts d’élite de la ligue, a vu neiger et s’avère un maître dans l’art de s’ajuster. D’où l’importance pour les Ravens d’avoir deux plans de match : un pour la première demie et un pour la deuxième. Un élément de surprise est essentiel, sinon Brady décèlera rapidement les failles. Sans se renouveler en cour de match samedi, l’unité défensive de Baltimore sera vulnérable.
Son vis-à-vis Flacco est sur une séquence irrésistible de cinq gains d’affilée en éliminatoires. Les quarts affrontés lors de ces triomphes? Pas les premiers venus : une brochette contenant Andrew Luck, Peyton Manning, Brady, Roethlisberger, ainsi que Colin Kaepernick au Super Bowl en 2012, à l’issue duquel il avait été nommé joueur par excellence. Ses chiffres sont simplement sublimes durant ces cinq rencontres : 13 passes pour le majeur et aucune interception.
Il n’en demeure pas moins que le jeune vétéran aura besoin d’une attaque diversifiée pour gagner. En faisant fonctionner Justin Forsett, Flacco aura plus de facilité à implanter la feinte de jeu au sol suivie d’une passe. S’ils forcent les Pats à amener un joueur supplémentaire au front, les Smith (Torrey et Steve Sr) jouiront de couvertures plus favorables afin de réaliser des attrapés près des lignes de côté. Ce sont des jeux signatures de l’attaque aérienne des Ravens.
Forsett n’a pas terminé l’année en lion, c’est le moins qu’on puisse dire. Lors de trois de ses quatre dernières sorties, il a été tenu en échec, avec des journées peu productives de 50 verges ou moins face aux Jaguars de Jacksonville, aux Texans de Houston et aux Steelers. Sa seule journée encourageante dans le dernier mois est survenue contre les Browns de Cleveland (119 verges), mais ceux-ci ont terminé bons derniers contre la course! Les Pats, eux, ont pris le neuvième rang. Cet aspect sera névralgique dans le résultat du match. Le centre Jeremy Zuttah aura beaucoup de plain sur la planche. La semaine dernière, il a été malmené face à Pittsburgh. Cette fois, c’est Vince Wilfork qu’il aura en plein visage. Pas une commande facile!
Panthers c. Seahawks (samedi à 20 h, RDS)
Le deuxième affrontement présenté samedi mettra aux prises deux équipes aux profils étrangement similaires. La Caroline et Seattle sont bâties de manière très semblable : les deux possèdent une excellente défense qui préconise le jeu physique, les deux mettent l’accent sur un jeu au sol en puissance et les deux misent sur un jeune quart-arrière aux habiletés athlétiques et à la mobilité exceptionnelles.
Cela fait trois ans maintenant que la NFL s’arrange pour avoir à l’horaire une rencontre opposant ces deux formations. Depuis 2012, les Panthers et les Seahawks ont été opposés une fois par saison, chaque fois sur le terrain des hommes de Ron Rivera. Ces matchs se sont soldés par trois courtes victoires des Seahawks par de très bas pointages (16-12, 12-7 et 13-9). Compte tenu des forces en place, il ne faut pas être surpris de voir qu’ils se sont livrés des duels défensifs.
Les Panthers n’ont donc pas eu l’occasion de s’exécuter dans l’environnement hostile du CenturyLink Field depuis le début de l’ère Cam Newton. Pour une attaque, c’est le jour et la nuit d’évoluer à domicile ou au stade le plus bruyant de la ligue. Ils doivent à tout prix se mettre dans la tête qu’ils sont capables de rivaliser et de compétitionner en dépit des facteurs qui jouent en leur défaveur.
On n’a pas le choix de s’encourager en se disant que lors des trois dernières confrontations, ils ont été au plus fort de la lutte. En plus, en creusant un peu plus loin, on s’aperçoit que les Panthers avaient les devants en deuxième demie dans chacune de ses trois parties.
Lorsqu’on parle de deux unités défensives hors pair, les chiffres abondent certainement dans le même sens. Pour terminer le calendrier, les Panthers ont alloué 59 points à leurs cinq dernières rencontres, une superbe moyenne de 11,8 points. Leur ratio au chapitre des revirements a été de +8 durant cette séquence heureuse. Les Seahawks, eux, ont fait encore mieux : 39 points concédés en six matchs! C’est moins d’un touché par rencontre. Ils n’ont pas permis le moindre point à ces six adversaires lors du quatrième quart. Lors de cinq des six parties, ils n’ont pas laissé leur rival atteindre la zone des buts en deuxième demie. Bref, un conseil aux Panthers : il est impératif de ne pas tirer de l’arrière durant les 30 dernières minutes, car c’est pratiquement mission impossible de combler un déficit contre l’équipe de Pete Carroll.
Au point de vue de l’attaque, Russell Wilson est capable de faire grimper son niveau de jeu à un échelon supérieur, comme il nous en a déjà fait la démonstration dans la conquête du dernier Super Bowl. Chez les Panthers, les coéquipiers doivent souhaiter voir un Newton différent de celui qui a offert une prestation en demi-teinte la semaine dernière face aux Cardinals de l’Arizona. Sa constance dans le jeu aérien et la capacité de ses receveurs à effectuer les attrapés contestés fera foi de tout. Lors des trois matchs précédemment mentionnés entre les deux clubs, l’ancien premier choix au total a amassé en moyenne 146 verges par la voie des airs et 35 verges au sol. Des chiffres qui ne seront pas suffisants pour transporter les siens en finale d’association…
Pour Newton, il est essentiel de ne pas se laisser démoraliser par les mauvais jeux qui pourraient s’accumuler samedi. Les Aaron Rodgers et Peyton Manning de ce monde sont passés par là pas plus tard que cette saison, donc aucun quart n’est à l’abri d’une défaillance contre cette redoutable défense. À lui d’avoir la force mentale requise pour garder son calme et son désir de vaincre.
*Propos recueillis par Maxime Desroches