Le temps de séparer les hommes des enfants
NFL jeudi, 4 déc. 2014. 16:46 vendredi, 13 déc. 2024. 19:55C’est le début du dernier quart de la saison dans la NFL et c’est plus que jamais le temps de jouer son meilleur football de l’année. Évidemment, on assistera une fois de plus à plusieurs confrontations palpitantes avec des implications pour le classement des divisions et celui des associations aussi.
J’ai choisi de vous offrir mon point de vue sur trois matchs intrigants que nous aurons la chance de vous présenter à RDS. D’abord, commençons avec la grande rivalité de division entre les Steelers et les Bengals (13h à RDS dimanche).
Les Bengals présentent un dossier 8-3-1 contre celui de 7-5 des Steelers. Ainsi, on peut dire que la marge d’erreur est minuscule pour Pittsburgh. Les Steelers doivent gagner ce match pour aspirer au titre de la division tandis que Cincinnati se placerait en excellente position avec une victoire.
Une multitude de facteurs seront à surveiller pour déterminer le gagnant entre ces deux ennemis. Par exemple, les Bengals ont repris du poil de la bête depuis leur contre-performance face aux Browns (défaite de 24-3). Ils sont parvenus à remporter trois matchs à l’étranger ce qui est digne de mention car c’est déjà très éprouvant de savourer trois triomphes consécutifs. Ils sont définitivement à prendre au sérieux surtout que leur défense a rehaussé son niveau de jeu. C’est une excellente nouvelle, ils viennent d’allouer un minuscule total de 36 points (10 aux Saints, 13 aux Texans et 13 aux Buccaneers) pour une moyenne de 12 points concédés à l’extérieur de leur stade.
Même s’ils sont toujours classés au 25e rang contre la course, les Bengals ont été convaincants depuis trois matchs. Face aux Saints, ils ont accordé 26 courses pour 75 verges (moyenne de 2,9 verges) comparativement à 19 courses et 64 verges pour les Texans (moyenne de 3,4 verges) ainsi que 25 courses et 75 verges face à Tampa Bay (moyenne de 3 verges). Il ne faut donc pas se fier à leur 25e rang et c’est un élément déterminant puisque les Steelers se présenteront avec le dangereux Le’Veon Bell.
Il connaît toute une saison et il est l’arme la plus dangereuse des Steelers. Il vient de réussir une autre performance étincelante face aux Saints avec 95 verges par la course et 159 par la passe! Le receveur Antonio Brown n’est pas à négliger, mais Bell doit attirer encore plus d’attention parce que la course permet à une attaque de mieux imposer sa volonté. Il faudra donc voir si Bell peut connaître du succès face aux Bengals.
En ce qui concerne le quart-arrière Ben Roethlisberger, on sait qu’il s’est fait mal au poignet droit dans le dernier match. Mais on ne surprendra pas personne en disant qu’il sera à son poste étant donné qu’il est certainement l’un des plus endurants.
Par contre, depuis ses fameuses performances consécutives de six passes de touché face aux Colts et aux Ravens, il a été limité à quatre passes de touché et cinq interceptions en trois matchs. On peut dire qu’il ne joue pas son meilleur football et il sera opposé à la tertiaire des Bengals qui est classée en tête de la NFL pour le moins de passes de touché accordées cette année avec 11.
Une belle bataille se dessine parce que ce n’est pas évident de courir face aux Bengals dernièrement et ce n’est pas plus facile de lancer des touchés contre eux. De plus, les Steelers sont un peu bipolaires offensivement dans le sens que ce n’est pas la même équipe à l’étranger. Sur la route, on parle d’une production moyenne de 18 points par match contre 35 à domicile. Quant à Big Ben, il a réussi 6 passes de touché dans les stades adverses et 20 à domicile. Ce n’est pas tout, ils ont réussi 22 jeux explosifs de plus de 25 verges devant leurs partisans contre 9 dans les stades adverses.
Du côté d’Andy Dalton, le quart des Bengals ne connaît pas une grosse saison, mais l’attaque mise sur des receveurs menaçants. Ike Taylor, le demi de coin des Steelers, est revenu au jeu, mais il a été malmené par Kenny Stills et les Saints. Je me dis donc qu’A.J. Green pourrait avoir du succès. À mon avis, c’est un match qui favorise les Bengals.
Seahawks contre Eagles (16h à RDS dimanche)
Ce match aura définitivement une incidence sur le classement de l’Association nationale. Les deux équipes luttent pour le premier rang et ils se battent également pour le sommet respectif de leur division. Tout de même, les deux équipes contrôlent leur destinée. Les Seahawks n’ont qu’à gagner leurs quatre derniers matchs pour terminer en première place même si les Cards sont actuellement en tête. Ils ont encore un match à disputer contre eux et ils pourraient donc les devancer.
C’est donc un match important et les Eagles devront se méfier des Seahaws qui ont joué des tours aux amateurs cette saison. Après un départ étincelant contre les Packers, on s’imaginait que les Seahawks seraient aussi dominants que l’édition 2013. Ensuite, ils ont eu un passage à vide, mais on dirait que la puissante formation est de retour. Ils viennent de gagner cinq de leurs six derniers matchs et la défense a été tout feu tout flamme dans les deux derniers matchs en ne concédant aucun touché pour un total de 6 points ! En moyenne, ils ont concédé 184 verges d’attaque, ce n’est pas rien.
On commence même à reparler la Legion of Boom - ce sujet avait été discret cette année - mais elle revient en force notamment depuis le retour de Kam Chancellor (photo). Richard Sherman a d’ailleurs réussi deux interceptions la semaine dernière le menant au titre de joueur de la semaine et Chancellor avait reçu le même honneur quelques jours plus tôt pour son brio face aux Cardinals de l’Arizona.
Les Seahawks sont donc revenus à leur recette gagnante de stopper la course, créer des revirements et une tertiaire qui s’illustre avec des jeux clés. Tout de même, le défi sera de taille face aux Eagles qui se présentent comme une proie plus coriace que l’attaque chancelante des 49ers et celle des Cards menée par Drew Stanton.
En moyenne, les Eagles cumulent 416 verges offensives et 31 points par match. Le mandat le plus lourd sera de freiner LeSean McCoy qui a repris son rythme. Il s’est réveillé en gagnant 289 verges depuis 2 matchs avec une moyenne de 6,3 verges par portée. Avant ça, il avait été limité à 3,7 verges par course.
Il ne faut jamais oublier que la course est très importante dans le système offensif de Chip Kelly. On pense souvent à son tempo et ses passes, mais c’est une attaque qui veut courir et qui a besoin de le faire pour s’imposer.
Quant au tempo offensif très rapide des Eagles, qui effectuent les jeux sans tarder, je considère que la défense des Seahawks pourrait se mesurer avantageusement à cet attribut. Je dis cela parce que les Seahawks ne multiplient pas les stratégies défensives différentes et ça devient un plus quand tu te mesures aux Eagles. Étant donné que leurs jeux sont effectués très rapidement, tu as moins de temps pour te déployer et communiquer. C’est donc dire que les Seahawks pourront se placer sans tarder et déployer leurs forces.
De plus, ils peuvent procéder à plusieurs répétitions de leurs stratégies défensives et bien les maîtriser. C’est le cas car ils ne pratiquent pas une tonne de déploiements donc ils peuvent pratiquer souvent ceux qu’ils vont employer et ça te permet de mieux maîtriser tes stratégies. Dans le fond, cette défense prend le pari de faire moins de choses, mais de bien les exécuter.
En attaque, on sait que les Seahawks dominent la NFL pour la course et c’est une recette qui sera toujours efficace pour ralentir les ardeurs de l’offensive adverse. Marshawn Lynch (956 verges) est sur le point d’atteindre le plateau des 1000 verges et Russell Wilson a déjà parcouru 679 verges. Pour cette équipe, on parle d’une moyenne de 169 verges par partie.
Cela dit, j’ai hâte de voir la prestation du front défensif des Eagles parce que cette défense commence à fournir du jeu intéressant. Depuis 7 matchs, ils ont contraint leurs adversaires à une moyenne de seulement 90 verges par la course (3,6 verges par portée). L’exemple idéal consiste bien sûr à leur réussite contre DeMarco Murray, le meilleur porteur de la NFL, qui n’a récolté que 73 verges en 20 courses pour les Cowboys.
Les Eagles parviennent aussi à imposer beaucoup de pression avec 42 sacs du quart, un sommet pour les équipes de la Nationale. Ce sera à surveiller parce que Wilson a déjà encaissé 31 sacs du quart dont 11 depuis 2 matchs. Si le jeu au sol des Seahawks ne fonctionne pas, Wilson devra exceller vu qu’il ne mise pas sur la protection la plus efficace dernièrement.
En somme, quand j’analyse cette confrontation, je veux savoir quelle équipe va le mieux courir et laquelle va le mieux stopper la course. La clé réside sur dans cet aspect.
Mais j’aurais quand même un avertissement pour les Seahawks, ne permettez pas aux Eagles d’inscrire un touché sur un retour. C’est une équipe qui marque de plusieurs façons et qui domine la NFL avec 8 touchés sur des retours : 4 sur des revirements défensifs et 4 sur des retours des unités spéciales. C’est une autre facette à ne pas négliger contre Philadelphie.
Patriots contre Chargers (20h à RDS dimanche)
La première chose intéressante sur ce duel s’avère de savoir que les Patriots ont directement quitté vers San Diego après leur partie à Green Bay contre les Packers. Ce n’est jamais une mauvaise chose puisque tu peux t’acclimater au décalage horaire et ça réduit le voyagement ce qui ménage les joueurs. De plus, ça te permet de t’entraîner à la chaleur et de t’y habituer. Avouons-le, c’est quand même plus agréable de s’entraîner en Californie qu’à Foxborough présentement. Les hommes de Bill Belichick pourront aussi de développer de la camaraderie dans le dernier droit de la saison, ce qui est toujours bénéfique.
C’est drôle, mais les Patriots finiront par avoir moins voyagé que les Chargers en vue de ce match. C’est inusité, mais véridique puisque les Chargers revenaient de Baltimore. Ça me semble donc être une excellente stratégie des Patriots qui sortent d’une séquence très éprouvante avec des affrontements contre les Broncos, les Colts, les Lions et les Packers. Ils sont parvenus à récolter trois victoires et une défaite face à ces trois meneurs de leur division respective.
Ça ne s’annonce guère plus reposant face aux Chargers qui ont un dossier de 8-4 et qui feraient les éliminatoires si elles commençaient aujourd’hui. C’est probablement une autre raison qui a incité les Patriots à se diriger vers San Diego tout de suite.
Le duel sera palpitant étant donné que deux vétérans quarts croiseront le fer en Tom Brady (28 passes de touché contre 6 interceptions) et Philip Rivers (25 passes de touché contre 10 interceptions).
La confrontation sera également intéressante au niveau des ailiers rapprochés entre Rob Gronkowski et Antonio Gates qui ont chacun marqué neuf touchés.
Ce sont aussi des équipes qui ont rapidement rebondi après une partie très difficile. On se souvient tous de la défaite de 41-14 des Patriots à Kansas City alors que plusieurs se demandaient si Brady était arrivé au bout du rouleau. Depuis, ils ont une fiche de 7-1. Du côté des Chargers, ils ont été lessivés 37-0 à Miami avant de répliquer avec trois victoires. Si l’on se fie à la séquence active de victoires, on pourrait même dire que les Chargers et les Bengals sont les deux équipes de l’heure dans l’Américaine avec trois gains d’affilée.
Les Patriots devront donc redoubler de vigilance surtout qu’ils ne sont pas aussi dominants à l’étranger. Ils détiennent une fiche globale de 9-3, mais une de 3-3 à l’étranger avec des revers à Miami, Kansas City et Green Bay.
J’ai hâte de voir s’ils vont plus se dédier à la course, je m’attendais à ce que ce soit plus le cas contre les Packers pour contrôler le temps de possession. Finalement, c’est plutôt Green Bay qui a gagné cette bataille. J’étais surpris de cette approche et je prévois que la ligne offensive se relèvera surtout qu’elle jouait de l’excellent football dans la série de sept victoires. Les Pats ont seulement amassé 84 verges par la course contre les Packers qui croulent au dernier rang de la NFL à ce chapitre. Brady s’est aussi fait frapper à six occasions donc il faudra éviter cela.
Cette fois, les Patriots vont se mesurer à un bon front défensif, mais ils ont amassé seulement 18 sacs du quart et ils sont classés 15e contre la course. Je présume que la course sera plus présente dans le plan de match.
En défense, la clé demeure de contrer Gates (à gauche sur la photo) et Brandon Browner pourrait obtenir cette mission tandis que Darrelle Revis serait opposé à Keenan Allen. Mais Rivers dispose de d’autres outils comme Malcolm Floyd et cette équipe parvient à produire des jeux explosifs. D’ailleurs, depuis que Ryan Mathews est revenu, les Chargers gagnent et ce n’est peut-être pas un hasard.
On entend souvent qu’une défense est mieux de plier, mais de ne pas casser. Ce fut un cas éloquent des Patriots face aux Packers. Ils ont alloué 478 verges à Aaron Rodgers et sa bande, mais ceux-ci ont été 0 en 4 dans la zone payante. Ils sont parvenus à gagner avec un total de 26 points, mais c’est loin de leur moyenne de 41 points à domicile cette saison.
Vous comprendrez que si San Diego veut gagner ce match, ce sera impératif de produire plus de points à partir de la zone payante.
Pour revenir à cette philosophie de ne pas casser, cette approche devient parfois taxante dans un match. Ça permet à l’autre équipe de contrôler le ballon comme ce fut le cas face aux Packers qui ont eu le ballon pendant plus de 36 minutes et donc 13 minutes de plus que les Patriots. C’est une arme à double tranchant et les Patrios devront se raffermir à ce sujet surtout que Rivers (à droite sur la photo) n’est pas à négliger comme opposition.
Mais du côté positif, les Patriots tentaient avant tout de contenir Rodgers la semaine dernière en voulant qu’il demeure dans sa pochette protectrice. La pression n’a pas été si présente car on avait peur qu’il s’échappe pour produire un gros jeu. Cette fois, le défi sera différent contre le « robot Rivers ». Il dégaine rapidement, mais on ne craindra pas ses courses.
Petit détail pour terminer, depuis que Rivers est le quart partant des Chargers, les Patriots possèdent une fiche de 5-1 contre San Diego et l’unique défaite est survenue quand Matt Cassel était le quart des Pats durant la blessure de Brady.
*Propos recueillis par Éric Leblanc