On dit souvent que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Lorsque le secondeur Nick Perry est tombé au combat contre les Ravens il y a 15 jours, les Packers ont dû se tourner vers une verte recrue qui ne comptait qu’une dizaine de répétitions d’expérience à son actif, soit le Montréalais Andy Mulumba.

Bien que cette opportunité se soit présentée un peu plus tôt que prévu, Mulumba savait trop bien qu’il ne devait pas la laisser filer entre ses doigts. Affichant la maturité d’un vétéran, le jeune secondeur a relevé le défi avec brio, se montrant impressionnant sur toutes les facettes du jeu dans un gain de 19-17 sur les champions en titre du Super Bowl.

Résultat, Mulumba s’est mérité la confiance du personnel d’entraîneurs des Packers et par surcroît, l’opportunité d’amorcer le match suivant contre les Browns au sein de la première unité défensive, au poste de secondeur extérieur du côté gauche.

Andy Mulumba« Il s’agit d’une sensation exceptionnelle quand on apprend de la bouche de son entraîneur qu’on fera partie de la formation partante », a admis d’entrée de jeu le sympathique colosse de 6 pieds, 3 pouces et 260 livres lors d’un entretien au RDS.ca. « On ressent beaucoup de fierté. »

Un premier départ dans la NFL représente assurément un moment inoubliable dans la carrière d’un joueur de football. Mais lorsque ce baptême se déroule dans un temple aussi mythique que le Lambeau Field avec le « bon » uniforme en prime sur le dos, le moment devient tout simplement magique.

« Lorsque le Lambeau Field est plein à craquer et que tu ressens l’appui de tous les partisans, ç’en devient émouvant », a raconté le Montréalais d’origine congolaise, encore touché d’avoir savouré ce scénario de rêve dans une victoire convaincante des siens. « Considérant toute l’histoire qui entoure l’organisation des Packers, je prends ça très au sérieux de revêtir cet uniforme vert et or. »

Mis à part le moment où il a effectué son entrée sur le terrain sous les applaudissements nourris de la foule, Mulumba soutient qu’il n’a pas ressenti trop de nervosité durant la rencontre. Bien préparé, il s’est concentré à exécuter les jeux lorsqu’il devait les réaliser.

« Je devais simplement me contenter de faire ma job, comme je l’ai toujours fait par le passé », a insisté l’ancien porte-couleur des Spartiates du Cégep du Vieux Montréal. « Quand on y pense, ce match n’était pas différent des autres matchs auxquels j’ai participé dans ma vie. »

De son propre aveu, Mulumba souligne qu’il aurait voulu être plus éclatant face aux Browns. Somme toute, il aurait aimé voir davantage de jeux se développer de son côté. Néanmoins, il admet n’avoir reçu que des commentaires élogieux à son endroit.

« Le coordonnateur défensif Dom Capers est venu nous féliciter, moi et Nate Palmer – un autre secondeur recrue – au terme de la rencontre. Il s’attendait à ce qu’on limite le jeu au sol et qu’on mette beaucoup de pression sur le quart-arrière. C’est ce qu’on a fait », a exprimé Mulumba avec fierté. « Il (Capers) avait l’air assez content de ce qu’on avait accompli, ajoutant qu’il s’attendait à autant d’efforts de notre part chaque fois qu’il nous assignerait sur le terrain. »

Mulumba ajoute que la trentaine de jeux disputés la semaine précédente contre les Ravens lui ont donné la certitude qu’il s’était bien adapté au système des Packers. « Je me sentais à ma place contre Cleveland. »

Place aux jeunes

Joueur non-repêché, Andy Mulumba a gravi les échelons un à un depuis son arrivée au camp d’entraînement des Packers en juillet dernier. D’abord considéré comme un projet à long terme de la formation du Wisconsin, le Québécois a mis tous les efforts nécessaires, raflant l’un des 53 postes disponibles. Puis, de solides performances sur les unités spéciales ont attiré l’attention de la direction. Lorsqu’ils en ont ressenti le besoin, les entraîneurs de l’unité défensive n’ont pas hésité à faire appel à Mulumba.

« C’est ce que j’aime avec l’organisation des Packers, ils font confiance à leurs jeunes joueurs en cas de blessures aux vétérans », explique-t-il. « On nous donne toutes les chances de démontrer ce qu’on peut accomplir sur le terrain. »

Même si les Packers sont décimés par les blessures, Mulumba soutient que l’optimisme est contagieux dans l’entourage de l’équipe et que les jeunes joueurs sont les grands responsables de cet état d’esprit, eux qui prennent leur juste place dans l’équipe.

« Lorsque je m’entraîne sur la première unité, on me traite comme un vétéran. C’est beaucoup plus exigeant, mais j’ai l’impression d’apprendre plus vite, car les joueurs déjà établis s’attendent à rien de moins que la perfection de ta part », précise Mulumba. « Je dois donc faire de mon mieux pour demeurer sur la même longueur d’ondes. »

Avant d’entreprendre le match contre les Vikings dimanche soir, Andy Mulumba comptait 11 plaqués à sa fiche. Pas mal pour une recrue qui n’a disputé qu’un départ en carrière.

Toutefois, le secondeur de 23 ans se montre dur envers lui-même, estimant qu’il doit améliorer son agressivité contre les quarts adverses. D’ailleurs, Mulumba ne s’en cache pas : il a bien hâte d’ajouter une certaine statistique à sa fiche.

« Les plaqués, c’est très satisfaisant, mais je veux un sac du quart! Et rapidement! »

À l’image de Biakabutuka et Kane

Dans l’histoire de la NFL, peu de Québécois peuvent se targuer d’avoir occupé un poste aussi important que celui de secondeur lors d’un match de saison régulière. Tommy Kane et Tshimanga Biakabutuka ont réussi à franchir les portes de la NFL sur l’unité offensive et ont connu un certain succès pendant quelques saisons.

Est-ce que le nom d’Andy Mulumba pourra s’ajouter à ceux de Kane et de Biakabutuka? Le principal intéressé l’espère bien.

« Je me sens privilégié de pouvoir faire ce que j’aime dans la vie. J’espère vivre ces émotions pendant encore plusieurs années et je vais m’assurer de m’amuser le plus possible en profitant de chaque moment. »

Une belle amitié avec Aaron Rodgers

Aaron Rodgers est reconnu pour avoir le cœur sur la main. Impliqué dans de nombreuses causes sociales, le quart-arrière des Packers a eu l’idée d’approcher son nouveau coéquipier d’origine congolaise afin qu’il joigne l’organisme nommé Raise hope for Congo.

Créé pour sensibiliser les gens sur l’exploitation des minéraux au Congo à des fins d’exportation, Raise hope for Congo cherche à faire pression sur les compagnies occidentales (électronique, bijouteries, etc.) afin qu’elles s’approvisionnent aux bons endroits.

Aaron Rodgers, Scott Straus, Emmanuelle Chriqui, Andy Mulumba et JD StierAaron Rodgers, l’actrice montréalaise Emmanuelle Chriqui et Andy Mulumba ont d'ailleurs participé à un rallye le 7 octobre à l’Université du Wisconsin dans le cadre de cette cause (photo).

« Des conflits armés surviennent encore trop souvent dans les mines au Congo », explique Andy Mulumba. « Des enfants soldats participent malgré eux à ces conflits dans le but de permettre à certaines compagnies de garder une certaine mainmise sur l’industrie minérale. Les compagnies de tablettes et de cellulaires doivent être tenus au courant de ce qui se passe au Congo afin qu’elles changent leurs habitudes. »

« Quand Aaron Rodgers m’a demandé de m’impliquer, j’ai tout de suite dit oui. J’estime qu’il est important de redonner à mon pays natal. C’est quelque chose qui va me satisfaire en tant que personne. »

Non seulement cette cause permet à Mulumba d’être un ambassadeur humanitaire pour le Congo, elle lui permet également de tisser des liens serrés avec la grande vedette de l’équipe.

« Nous avons une bonne relation; on se parle souvent, de tout et de rien. C’est une bonne personne et je le respecte énormément pour tout ce qu’il fait pour mon pays. Terre-à-terre, il ne joue pas à la vedette. C’est un membre de l’équipe des Packers qui ne se prend pas pour un autre. »