MONTRÉAL – Des joueurs dotés de grandes habiletés athlétiques avec un physique de six pieds six pouces et 284 livres, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue.

C’est le bilan qu’a reçu Mehdi Abdesmad des entraîneurs des Titans du Tennessee au terme de sa saison recrue dans la NFL.

Ce verdict, l’imposant joueur de ligne défensive québécois l’a mérité avec son rendement sur l’équipe d’entraînement de l’organisation. En bûchant semaine après semaine contre la première unité offensive dans les pratiques, Abdesmad a convaincu les dirigeants de lui confier l’occasion de jouer ses deux premières parties dans la NFL, face aux Chiefs et aux Jaguars, lors des semaines 15 et 16 du calendrier régulier.

« Quand tu réussis des jeux contre l’attaque numéro un à l'entraînement, ça veut dire que tu es capable de le faire dans des matchs. J’ai prouvé que je pouvais faire des sacs et des beaux jeux. C’est pour ça que les entraîneurs m’ont donné cette chance », a commenté Abdesmad en entrevue au RDS.ca.

Ce privilège n’est pas réservé à tous les joueurs confinés à l’équipe d’entraînement pour leurs premiers pas dans la NFL. L’athlète de 25 ans avait été déplacé au sein de ce groupe après avoir appris qu’il avait gagné sa place dans la formation active. Il a donc surmonté une déception, mais il était préparé pour cette éventualité.

« Évidemment, quand tu n’as pas été repêché, tu dois t’attendre à des décisions comme celle-ci. Lorsque l’équipe n’a pas investi en toi, ton poste peut s’envoler très vite. C’est quelque chose à laquelle je m’attendais », a-t-il admis.

Embauché après le repêchage de 2016, Abdesmad a transformé cette embûche en bel accomplissement.

« Les entraîneurs m’ont dit de rester avec l’organisation et que j’aurais ma chance. C’est ce qui est arrivé quand une place s’est libérée », a expliqué l’ancien de Boston College.

Reconnaissant envers ses patrons qui ont respecté leur parole, Abdesmad considère quand même que cette récompense lui revenait.

« J’ai fait le nécessaire pour que ça se produise. Ils ne m’ont pas seulement donné cette chance comme ça. J’ai travaillé très fort et je leur ai prouvé, durant toute la saison, que je pouvais faire partie du club », a indiqué le premier Québécois à avoir participé au Combine de la NFL, l’an dernier.

Sa nature compétitive l’incite à viser un poste de partant dès 2017, mais la compétition est vive devant lui au sein du système 3-4 employé par les Titans.

« En s’entraînant constamment contre les meilleurs, tu te développes beaucoup au niveau des techniques. En plus, il y avait un joueur devant moi, Jurrell Casey, qui est allé au Pro Bowl. De le voir pratiquer tous les jours, tu retiens des trucs dans ce qu’il fait et tu essaies de poursuivre ton développement », a noté Abdesmad.

« Il y aura toujours de la compétition, mais tu dois viser le top. Tu ne peux pas arriver avec l’idée en tête que tu veux seulement faire partie de l’équipe. Je vais me présenter avec la bonne attitude et je vais jouer chaque jour à mon maximum. Je vais montrer que j’ai le talent pour être partant dans la NFL », a-t-il enchaîné.

Un départ satisfaisant, mais pas suffisant

De retour en sol montréalais depuis le mois de janvier, le joueur aux origines tunisiennes a savouré quelques semaines de repos, sauf qu’il a hâte de renouer avec l’action.

« C’était la première fois que je vivais une saison NFL, ce n’est pas comme au niveau universitaire où ça se limite à 12 semaines. Là, c’est 16 semaines de calendrier régulier après 4 semaines de présaison, c’est très long », a admis l’homme qui axe son entraînement sur l’agilité, la force, l’endurance et la flexibilité.

Abdesmad entend prouver que cette préparation physique jumelée au bagage acquis propulsera son jeu à un autre niveau.

« Ça s’est bien passé (dans les deux matchs), mais en tant que professionnel, tu dois être critique et trouver les manières de t’améliorer. Chaque fois, tu dois progresser, tu ne pourras jamais dire que tu as joué une partie parfaite.

« C’est certain qu’en étant sur l’équipe d’entraînement pendant la majeure partie de la saison, la vitesse n’est pas la même quand tu sautes sur le terrain pour une partie. J’aurais voulu jouer avant pour être habitué à la vitesse du jeu, mais c’est maintenant chose faite », a-t-il exposé.

Dans cette « folie » de ses débuts professionnels, Abdesmad s’est assuré d’apprécier le moment.

« Après la première partie, j’étais vraiment content de ce que je venais d’accomplir. C’est un objectif que j’avais depuis que j’étais jeune. J’étais heureux pour moi que ça devienne une réalité et aussi pour ma famille qui me suit depuis que je suis jeune. J’ai également pensé à mes meilleurs amis, tout le monde était content que j'y parvienne. C’est un but que j’ai réalisé pour moi et pour les gens qui m’entourent », a confié celui dont le père est décédé en 2008 d’un cancer du cerveau.

Sans l’ombre d’un doute, cette rencontre a gravé plusieurs précieux souvenirs dans sa tête. Il en retient ses plus beaux moments, jusqu'à présent.

« Le fait d’avoir joué dans un gros stade comme celui des Chiefs, une équipe qui a un grand bassin de partisans. En plus, j’ai eu plusieurs répétitions, c’était vraiment plaisant », a identifié le numéro 92.

Puisque la température n’était pas du tout clémente (près de -20 degrés Celsius), il avait choisi de ne pas inviter ses proches pour ce match.

« Non, c’était à l’extérieur et il faisait très froid. J’avais planifié de les faire venir pour le duel contre les Texans à Nashville, mais je n’ai pas pu jouer cette partie », a-t-il raconté.

Dès mardi, Abdesmad a repris le chemin du Tennessee pour deux raisons bien logiques.

« On doit être de retour avec l’équipe le 17 avril, mais je vais revenir plus tôt pour regagner le rythme. C’est aussi plus facile de s’entraîner dehors à Nashville, il fait plus chaud. Courir sur un terrain, c’est toujours mieux que de courir sur un tapis roulant. Au Québec, il y a encore beaucoup de neige », a convenu le colosse en riant de la dernière tempête qui n’a pas aidé.

Parmi ses plans pour cette deuxième saison, il a donc l’intention de se reprendre avec son entourage. Selon ses entraîneurs, il devrait pouvoir le faire bientôt.

« Ils m’ont également dit de travailler fort et que j’aurai une longue carrière », a conclu l’athlète qui veut entamer les étapes préparatoires du calendrier 2017 sans craindre d’être retranché.