De Vanier au Vert & Or : Huit ans de complicité
Universitaire vendredi, 6 nov. 2015. 08:26 dimanche, 15 déc. 2024. 08:26Août 2009. Les Cheetahs du Cégep Vanier commencent leur saison avec un nouveau quart-arrière partant. Un dénommé Jérémi Roch qui est seulement âgé de 17 ans.
À son premier match à titre de quart numéro un au niveau collégial, Jérémi Roch a complété quatre passes de touché, toutes captées par un receveur du nom de Vincent Cléroux-Gaudreau. C’était le début d’une longue complicité entre deux jeunes hommes qui ont passé les huit dernières années au sein des Cheetahs, puis avec le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke.
Roch et Cléroux-Gaudreau en sont à leurs derniers milles avec le Vert & Or, et qui sait, aussi peut-être à leurs derniers moments de leur carrière de joueur. Les deux amis ont gentiment accepté de jeter un regard sur leurs parcours dans le sport qui les passionne, mais aussi sur l’amitié qui les unira pour le restant de leur vie.
L’époque de « Cool Jay »
Au cours des huit dernières années, Jérémi Roch, le meilleur quart de l’histoire du Vert & Or, a toujours été un partant. Sauf une. C’était en 2008, à sa première année collégiale avec les Cheetahs.
À 16 ans - il a sauté une année durant son parcours scolaire -, Roch était le quart-arrière réserviste derrière Myles Gibbon.
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Vincent Cléroux-Gaudreau, qui a été la recrue par excellence des Cheetahs en 2008, se souvient très bien du jeune Jérémi qui lui a lancé des milliers de passes depuis qu’ils se connaissent.
« Au début, Jérémi était réserviste. C'est un peu drôle à dire en parlant de lui. Je me souviens très bien de l'avoir côtoyé dans les pratiques où il travaillait aussi fort qu'aujourd'hui. Dans des fins de match ou des parties que le quart partant faisait moins bien, l'entraîneur l’embarquait. Il faisait toujours bien même s'il était très jeune et qu’il passait du Bantam au collégial », relatait Cléroux-Gaudreau dans un généreux entretien téléphonique.
« J'étais toujours impressionné comment il était relax même s'il était jeune et peu expérimenté au niveau collégial. Il faisait ses lectures et complétait ses passes. On l'appelait “Cool Jay“. À Sherbrooke, le surnom n'est pas resté. Mais des fois, entre nous deux, on le dit en riant », a raconté l’étudiant en kinésiologie.
Après trois ans au Cégep Vanier, le duo a pris le chemin de l'université en 2011.
La chimie quart-arrière/receveur
Après cinq saisons à l’Université de Sherbrooke, Jérémi Roch est maintenant le détenteur du record canadien pour les verges par la passe en saison régulière avec 11 477.
De ce nombre, environ 1000 sont le résultat de jeux de passe avec Vincent Cléroux-Gaudreau.
À l’été 2009, les deux représentants du Cégep Vanier ont commencé à développer leur chimie avec l’équipe canadienne lors des Championnats du monde junior. Cela les a bien préparés pour leur deuxième campagne collégiale où Roch a pris les commandes de l’attaque.
Roch pouvait compter sur un groupe de receveurs hyper talentueux avec les Cheetahs. En 2009, Julian Bailey (Rouge et Or de 2010 à 2014), Matthew Norzil (Rouge et Or de 2011 à 2014) et Michael Harrington (Stingers de 2010 à 2013) étaient toutes des cibles disponibles pour le pivot originaire de Lasalle.
Malgré tout, la complicité avec Cléroux-Gaudreau était plus présente qu’avec les autres receveurs. Étant deux travailleurs acharnés, leurs six derniers étés ont compris des emplois et des stages, mais aussi d’innombrables heures à peaufiner leur synchronisme.
« On prend un peu les mêmes décisions parce que je sais à quoi m'attendre avec Vincent. Ça nous permet d'anticiper le jeu un peu plus rapidement. Ça fait qu'on est productif ensemble », a observé Roch qui détient aussi les marques universitaires canadiennes pour les passes complétées (866) et tentées (1470).
« On pense souvent à la même chose pendant le jeu en fonction de la défense devant nous. Il sait où je vais aller et je m'attends à une certaine passe de lui. C'est quelque chose qui se développe avec le temps et tous les étés qu'on s'est entraîné ensemble sur le terrain », a ajouté Cléroux-Gaudreau qui n’a disputé que trois rencontres en 2015 en raison d’une blessure.
Au fil des ans, ils ont amélioré cette chimie tant importante pour une unité offensive en même temps que leur amitié se formait.
« Des jeunes hommes exceptionnels »
À la suite de leur parcours collégial couronné de succès, Roch et Cléroux-Gaudreau ont évalué leurs options pour la suite de leurs études et de leurs carrières de footballeur. Les deux hommes ne s’étaient pas donné comme but d’être à tout prix réunis à l’université, mais c’était certainement un désir.
« On se parlait souvent des points pour et contre des universités sans se dire vraiment qu'on allait aller à la même place. Par contre, c'est sûr que ça nous intéressait de continuer cette chimie qui avait été présente pendant trois ans à Vanier », a expliqué Cléroux-Gaudreau qui terminera son baccalauréat en avril prochain.
« On voulait venir ici pour construire quelque chose. On voulait rendre Sherbrooke un programme qui compétitionne chaque année pour les championnats. C'était important pour nous de jouer ensemble. Quand tu es quart, tu veux t'entourer de joueurs talentueux comme Vincent », a souligné Roch qui aura complété une maîtrise en commerce électronique au printemps.
David Lessard était le coordonnateur offensif du Vert & Or lorsque le programme a recruté ces deux joueurs qui sont aujourd’hui parmi les capitaines de l’équipe. L’entraîneur-chef de l’UdeS se souvient très bien du processus qui a mené à leur décision.
« C'était deux gars qui faisaient partie de l'élite à leur position de cette année de recrutement. La réussite académique pour nous, c'est central dans nos valeurs. Ils voulaient évoluer dans un cadre sportif qui leur permettrait de s'épanouir tant sur le plan académique que dans le football. Ils ont sauté sur l'occasion parce qu'ils se sont retrouvés dans nos valeurs et nos façons de faire », s’est souvenu le pilote qui a connu les deux étudiants-athlètes alors qu’il était entraîneur du programme des moins de 17 ans de Football Québec.
Roch a déménagé en Estrie une session avant son receveur de passe. Les deux ont ensuite habité ensemble durant trois ans partageant la vie de coéquipiers et de colocataires. Ils n’ont pas de cachette l’un pour l’autre dans leur vie personnelle et ils ont traversé les épreuves, bonnes et mauvaises, de la vie d’étudiant-athlète ensemble.
Même s’ils ne sont plus des colocataires, ils ne sont pas bien loin l’un de l’autre alors qu’ils vivent à une porte de distance.
« On a toujours été proche. On se côtoie encore chaque jour. On se parle souvent de football et des ajustement à apporter pour devenir meilleur chaque jour », a indiqué Cléroux-Gaudreau qui s’est fait un ami pour la vie en Roch.
« Encore aujourd'hui, ils passent beaucoup de temps ensemble, a remarqué Lessard. [...] Leur amitié, elle va durer toute leur vie. Ils en ont pleinement profité le temps de leur carrière ici. »
Plusieurs grands joueurs sont passés par l’institution universitaire de Sherbrooke. Les Samuel Giguère, Jean-Philippe Shoiry, Simon Charbonneau-Campeau, Pierre-Luc Labbé et Nicolas Boulay, pour ne nommer que ceux-là, sont maintenant des ambassadeurs du programme. Cléroux-Gaudreau et Roch font aussi partie de cette liste après leurs cinq années au sein du Vert & Or.
En bon leaders, ils ont transmis les valeurs prônées à ceux qui les remplaceront, comme l’a fait Kevin Régimbald avec eux. Comme le dit David Lessard, c’est la roue qui tourne.
« Ils sont toujours là pour aider les gens autour d'eux. Ils sont axés sur les autres. J’ai énormément de respect pour ça. C'est comme ça qu'on identifie le leadership à Sherbrooke », a-t-il mentionné en soulignant aussi les nombreuses implications sociales de ses deux ouailles.
« Ce sont des humains d'exception. Ce sont des jeunes qui ont acquis des habiletés, mais surtout qui prônent des valeurs humaines qui sont vraiment en ligne avec ce qu'on veut de nos jeunes hommes quand ils sortent de notre université et qu'ils deviennent des actifs dans la société », a reconnu Lessard.
« Peu importe le milieu de travail qu'ils vont choisir, que ce soit dans le monde du football ou ailleurs, leurs futurs employeurs vont être choyés d'avoir deux jeunes hommes comme ça. On veut gagner des matchs de foot, des trophées et des honneurs individuels. Mais il n'y a rien de plus important que la façon dont on se comporte à tous les jours. On est très fier de ces deux jeunes-là. »
Terminer sur la même note qu’à Vanier
Jérémi Roch et Vincent Cléroux-Gaudreau ont conclu leur carrière collégiale de la plus belle manière possible en remportant le Bol d’Or en 2010. Même si Roch n’a pas disputé la finale en raison d’une blessure à la clavicule, les deux hommes ont été des pièces maîtresses de cette conquête.
« On en parle souvent que l'année 2010 à Vanier était vraiment spéciale. On était vraiment une équipe liée et talentueuse. Ces deux points nous avaient aidés à aller jusqu'au bout. C’était un accomplissement de trois années de travail acharné », se remémorait Cléroux-Gaudreau avec le souvenir de la photo de la victoire bien en tête.
Byron Archambault, Jean-Samuel Blanc, Djonathan Buissereth, Marc Glaude, Vincent Levitt, Junior Luke, Matthew Norzil, Brandon Tennant et Maïko Zepeda étaient des coéquipiers des deux joueurs du Vert & Or à l’époque.
Tous ces joueurs nommés ci-haut ont soulevé la coupe Vanier soit avec le Rouge et Or ou les Carabins au cours de leur carrière universitaire.
Jérémi Roch et Vincent Cléroux-Gaudreau aimeraient vivre le même sentiment, surtout pour le programme qui les a fait grandir en tant qu’hommes. Ils ne se sont jamais cachés pour dire qu’ils veulent redonner cela à l’Université de Sherbrooke et ses fidèles partisans.
« On avait fini avec l'objectif qu'on s'était fixé en début d'année (avec les Cheetahs) et on veut faire la même chose cette année. On veut partir en l'ayant accompli », a exprimé Roch lorsque replongé dans les souvenirs de la conquête de 2010 à Vanier.
Pour remporter la Coupe Dunsmore, le Vert & Or doit vaincre ses rivaux de toujours, les Carabins et le Rouge et Or - les Lavallois doivent d’abord gagner contre les Stingers -, sur leur pelouse artificielle respective de surcroît.
Nul doute que la bande de Roch et de Cléroux-Gaudreau a le talent et le cœur pour réussir cet exploit. À elle maintenant de jouer son « meilleur foot » en éliminatoires pour reprendre les paroles de leur entraîneur.
Mais peu importe le résultat des deux prochaines semaines, une chose est certaine. L’avenir est rose pour Roch et Cléroux-Gaudreau.
« Je ne sais pas ce qu'ils vont faire dans le futur, mais ils vont avoir du succès. C'est le plus beau lègue qu'ils peuvent laisser à l'Université de Sherbrooke », a conclu Lessard, un entraîneur extrêmement proche de ses joueurs.