QUÉBEC - Les Carabins attendaient depuis longtemps le premier titre québécois de leur histoire. Il aura fallu 13 saisons et six matchs de la Coupe Dunsmore avant de pouvoir mettre la main sur le trophée que le Rouge et Or détenait depuis 2003.

Après la victoire de 12-9 face aux champions en titre de la coupe Vanier, les partisans des Montréalais présents à Québec scandaient à tue-tête « allez les Bleus » et les joueurs de Danny Maciocia pouvaient célébrer pour la première fois après un match en éliminatoires face aux Lavallois.

Ce triomphe est évidemment un grand accomplissement pour le programme qui a revu le jour en 2002. Tous les membres des Carabins avaient des pensées pour tous ceux qui ont aidé au fil des années à bâtir cette équipe.

« C’est gros pour l’Université de Montréal. L’histoire, ce n’est pas seulement nous qui l’avons écrite. Il y a beaucoup de personnes qui ont eu une influence sur l’équipe et moi. Je pense à des gars comme Antoine Pruneau et Jonathan Beaulieu-Richard qui étaient présents aujourd’hui. Ce sont des gars qui ont fait du gros travail. Des gars qui nous ont montré ce que ça voulait dire ce match-là pour eux. Je pense que c’est à cause de gens comme eux qu’on a été capable de faire ça aujourd’hui », a raconté le secondeur de quatrième année, Byron Archambault, qui a terminé le match avec deux sacs du quart.

« On a fait ça pour tous les anciens qui ont bâti le programme pour le rendre où il est maintenant. Je me souviens en 2002 quand j’avais mes billets de saison et quand le programme a été remis en place, s’est remémoré le quart-arrière des Bleus, Gabriel Cousineau. Je rêvais à ce moment qu’on vit aujourd’hui. On a réussi à le faire et je suis super content. »

Pour arriver à vaincre le Rouge et Or, les Carabins ont dû puiser au fond de leurs ressources. Ils ont même failli perdre la rencontre lorsque Sean Thomas Erlington a échappé un ballon en territoire montréalais avec 1:25 à faire au match. La défense a tenu le coup pour limiter les Lavallois à un placement pour forcer la prolongation. Un botté de précision a finalement donné la victoire aux Carabins en surtemps.

« Dans une finale comme aujourd’hui, ça prend plus que ton 100 % à chaque jeu. Il faut que tu y ailles un petit peu plus à chaque fois. On était épuisé avant la prolongation. Mais ensemble, en tant que famille, on a été capable de se redonner de l’énergie et de la chaleur pour continuer à pousser pour la prolongation », a expliqué Archambault, qui n’a jamais douté que son équipe était capable de gagner ce match.

Carabins 12 - Rouge et Or 9

Une défaite qui ne change rien au passé

Toute bonne a une fin. La séquence de 70 victoires à domicile du Rouge et Or s’est terminée lorsque Boris Bede a raté un placement de 47 verges en prolongation.

Le pilote de l’Université Laval, Glen Constantin, était très émotif après la rencontre. Et pour cause! Le Rouge et Or avait remporté les 11 dernières coupes Dunsmore. Durant cette séquence, Constantin et ses troupiers ont ramené sept coupes Vanier à Québec.

« J’ai dit à mes joueurs que je suis fier d’eux et que le programme du Rouge et Or n’est pas défini par une saison ou par un match. C’est quelque chose à travers le temps. Ce qu’on a fait depuis longtemps, c’est de repousser la logique, et ce, sans complaisance et sans compromis », a rappelé Constantin qui présente une fiche à vie de 38-9 en éliminatoires.

Néanmoins, la réalité frappe de plein fouet une équipe qui n’est pas habituée à perdre, surtout sur sa propre pelouse.

« C’était dû pour arriver un jour. Je suis malheureux que ce soit arrivé à cette édition-ci. La réalité, c’est que l’avenir est beau ici. On va se relever et on va travailler fort encore », a ajouté celui qui voue un bel avenir à son quart recrue Hugo Richard.

« On n’a jamais joué pour les records. Mais je ne pense pas que ce sera battu honnêtement. Comme notre entraîneur a dit, ce n’est pas une question de 70 victoires de suite à la maison. Chaque année, c’est une nouvelle histoire et cette année on n’a seulement pas été en mesure d’aller chercher la Coupe. On a donné tout ce qu’on avait et on n’a pas réussi », a noté le bloqueur lavallois Danny Groulx, qui devrait être sélectionné au cours des trois premières rondes du repêchage de la LCF au printemps.

La recette du Rouge et Or reproduite

Le fondateur du programme de football du Rouge et Or et qui en est son président, Jacques Tanguay, a donné une bonne accolade à Danny Maciocia après la rencontre pour le féliciter pour la victoire des Bleus.

« C’est vraiment sincère », a soufflé Tanguay à l’oreille du Montréalais.

« Je le sais », lui a répondu Maciocia ce qui dénote le grand respect entre ces deux rivaux de l’Association québécoise.

Pour l’emporter, les Carabins ont utilisé la recette gagnante du Rouge et Or en dominant la ligne de mêlée. La guerre des tranchées avait aussi été à l’avantage des Bleus lors de leur triomphe il y a deux semaines.

« Il fallait trouver une façon de dominer la ligne de mêlée. Il faut se dire les vraies choses : si cette équipe-là a gagné autant de championnats, c’est à cause de sa ligne à l’attaque et de sa ligne défensive. Ils ont des joueurs d’impact aux autres positions aussi. Mais ça commence par les deux lignes et aujourd’hui on était capable de partager le même terrain qu’eux », a estimé Maciocia qui croit que cette victoire est très bonne pour le football universitaire québécois.

Le Rouge et Or comptait neuf finissants dans son alignement, dont plusieurs joueurs qui ont marqué le programme. Jean-Alexandre Bernier, entre autres, a effectué un retour cette saison après un an d’absence en raison d’une blessure. Il était décrit par Constantin comme l'un des grands leaders dans l'histoire de la formation. Danny Groulx est aussi du lot, lui qui a fait partie de la ligne offensive la plus dominante au pays durant son séjour universitaire.

« J’ai eu de belles années ici. J’ai gagné deux coupes Vanier. Je suis content de ça, mais c’est difficile de terminer cette carrière contre Montréal. J’espérais ne pas finir ma carrière avec une défaite à la maison, ça, c’est sûr et certain. C’est ce qui me fait le plus mal », a déclaré Groulx qui suivra les pas de son ancien coéquipier Pierre Lavertu, premier choix au total du dernier encan de la LCF.

Outre Bernier et Groulx, l’ailier défensif et candidat au joueur de ligne par excellence au pays, Vincent Desloges, le botteur Boris Bede, le porteur de ballon Guillaume Bourassa, le receveur Matthew Norzil, le centre-arrière Dave Savard, le centre Karl Monjoie et le receveur Julian Bailey ont disputé leur dernier match dans l’uniforme du Rouge et Or.