Le combat était inégal. Débarqués à Muirfield Village avec une équipe redoutable, peut-être la meilleure de leur histoire glorieuse sur la scène du golf professionnel, les Américains ne devaient faire qu’une bouchée de l’équipe internationale composée des meilleurs joueurs recrutés sur le reste de la planète golf, à l’exception de l’Europe.

Ils devaient les avaler tout rond.

Samedi soir, alors qu’ils profitaient d’une avance de 14-8 après les trois journées de compétitions par équipe, cette prédiction était en voie de s’avérer.

À moins d’un effondrement qui aurait rappelé le désastre de Medinah, il y a un an, alors que les Européens ont gâché le party à la Coupe Ryder en gagnant 8 des 12 matchs individuels pour rapatrier le précieux trophée avec une victoire de 141/2 – 131/2, les États-Unis devaient maintenir leur domination de la Coupe des Présidents.

L’effondrement ne s’est pas produit.

Mais une fois rendus à 17 points, les Américains ont vraiment peiné pour ajouter celui qui scellerait l’issue de la compétition.

Il n’y a pas eu de panique à Muirfield. Et bien que le spectre de Medinah était dans toutes les têtes, personne n’osait vraiment croire qu’une telle catastrophe pourrait se répéter.

Tiger Woods a réglé le cas.

Bon! Il serait injuste de dire que Woods a gagné à lui seul. Car la Coupe des Présidents, comme la Coupe Ryder, est d’abord et avant tout une compétition par équipe. Les résultats des trois premières journées sont donc aussi importants que ceux du dimanche en duels individuels.

Mais il faut quand même trouver le moyen de porter le coup fatal.

Et c’est Tiger qui l’a porté. Avec un excellent long coup roulé sur le vert du 18e trou, Tiger a placé sa balle à quelques pouces du trou, forçant Richard Sterne à lui concéder la victoire.

C’était la troisième fois de sa carrière que Woods confirmait une victoire américaine en Coupe des Présidents.

Ce que ça dit? Que lorsque la pression est forte, lorsque la victoire est nécessaire, Woods est encore dans une classe à part pour imposer sa loi. Il est peut-être moins seul tout en haut de la pyramide. Seul dans son monde. Mais il est encore très solide.

De fait, sa victoire d’hier, sa fiche de 4-1-0 en fin de semaine, la meilleure des 24 joueurs présents en fin de semaine au petit paradis du golf construit par Jack Nicklaus, ses cinq gains sur le circuit cette année devraient confirmer son titre de meilleur golfeur de l’année sur la scène mondiale.

Je ne sais pas pour vous, mais exception faite du Suédois Henrik Stenson, je ne vois pas qui pourrait priver Tiger de ce titre. J’adore Phil Mickelson. Sa victoire à l’Omnium britannique est un grand exploit. Mais n’importe qui aurait gagné cinq fois serait couronné. Mais parce qu’il s’appelle Tiger et qu’il n’a pas gagné de tournoi majeur, un doute persiste.

Sans raison selon moi.

On verra bien.

Ce qui est clair, c’est que la victoire de Woods a permis au capitaine Fred Couples et au reste de son équipe de souffler un peu.

Car derrière Woods, Keegan Bradley a perdu (2 et 1) aux mains de Charles Schwartzel, Webb Simpson a fait match nul avec Louis Oosthuizen et Phil Mickelson a perdu par un aux mains d’Angel Cabrera.

DeLaet et Day dans la foulée de Tiger

Parce qu’ils devaient gagner, parce qu’ils affichent ce matin un dossier de 8-1-1 depuis que la Coupe des Présidents a été martelée, les Américains ont simplement confirmé leur domination.

Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils ont gagné sans péril et donc sans gloire, mais le fait qu’ils avaient déjà une main sur la coupe avant le premier coup de départ minimise un brin ou deux la portée de leur victoire.

Inversement, dans la défaite, deux joueurs de l’équipe internationale sortent grandis de Muirfield Village. Pour ne pas dire gagnants.

À commencer par Graham DeLaet.

Avec ses performances solides tout au long de la dernière saison, une saison de consécration qu’il avait déjà amorcée il y a deux ans avec de solides, mais moins régulières bonnes performances, DeLaet s’est imposé parmi les 10 sélections d’office au sein de l’équipe internationale.

Ses performances, d’abord en compétition par équipe avec l’Australien Jason Day, et encore hier en compétition individuelle, ont pris des allures de consécration.

Comme Jason Day, Graham DeLaet affiche un dossier de 3-1-1 après les quatre jours de compétition. C’est énorme.Jeudi, le meilleur duo international a battu Hunter Mahan et Brandt Snedeker.

Vendredi, Day et DeLaet ont été victimes de performances magistrales de Phil Mickelson et Keegan Bradley qui ont gagné 4 et 3. Ce qui veut dire qu’ils étaient quatre trous en avance avec trois trous à faire. Dans la défaite, DeLaet s’est fait remarquer en réalisant des coups impressionnants.

Loin de s’effondrer après cette correction, Day et DeLaet se sont offert une victoire convaincante aux dépens du vieux et meilleur que jamais Steve Stricker qui avait le rôle de parrainer le jeune Jordan Spieth.

Samedi après-midi, le capitaine de l’équipe internationale a donné l’occasion au duo canadien-australien de se reprendre. Day et DeLaet n’ont pu venger complètement leur défaite de la veille. Mais en livrant un verdict nul à Bradley et Mickelson, ils ont pu étaler leur talent et démontrer leur haut niveau de compétitivité.

Des qualités qu’ils ont confirmées en compétition individuelles dimanche avec des victoires de Day aux dépens de Snedeker et de DeLaet aux dépens de Spieth.

Du travail bien fait.

Weir : succession confirmée

Du travail qui confirme la place de DeLaet au sein de l’élite mondiale du golf professionnel. Du travail qui devrait lui permettre de se faire connaître un peu plus, du moins je l’espère, au nord de la frontière canado-américaine et d’occuper la place qui lui revient parmi l’élite des sportifs canadiens au même titre que les Sidney Crosby, Jonathan Toews ou Patrice Bergeron au hockey.

DeLaet comble le vide laissé par Mike Weir dont la qualité du jeu et les performances ont été minées par des blessures sérieuses depuis quelques saisons.

En plus de sa victoire au Tournoi des Maîtres, à Augusta, en 2003, Weir s’est lui aussi déjà signalé en Coupe des Présidents. À Montréal, en fait sur l’Île Bizard au Club Royal Montréal, Weir a battu Tiger Woods en match individuel en 2007.

Comme en fin de semaine, les Américains avaient battu l’équipe internationale. Mais Weir s’était distingué.

Six ans plus tard, DeLaet n’a pu s’offrir Tiger Woods en compétition individuelle. Mais il a tellement bien fait au cours des quatre jours de compétition, qu’il a remporté une victoire aussi importante en assurant sa place parmi les meilleurs golfeurs au monde.

Le plus difficile reste à venir : y rester!