Le roi Scottie Scheffler dans son royaume inatteignable en 2024
MONTRÉAL – La vie est parfois parsemée d'injustices et les golfeurs qui ont eu le malheur d'affronter Scottie Scheffler dans les 12 derniers mois se sont certainement demandé à quelques occasions ce que le karma avait contre eux.
Pour les nouvelles générations de partisans de golf, le palmarès de Scheffler relève du jamais vu : sept titres officiels sur le circuit de la PGA, agrémentés par un veston vert, une médaille olympique et une première coupe FedEx.
Pour les générations plus vieilles, cette domination a possiblement ramené quelques souvenirs de Tiger Woods au début des années 2000. Parce que oui, même si Scheffler est encore loin d'avoir un héritage aussi riche que Woods, son monopole actuel du monde du golf s'approche drôlement de celui de Woods.
Après tout, l'excellence de Scheffler lui a déjà permis de se hisser au quatrième rang de l'histoire pour le plus de semaines consécutives au sommet du classement mondial (84) et sa prestance semble indiquer qu'il est bel et bien à la poursuite des marques de Greg Norman (96 semaines de suite) ainsi que Tiger Woods (264 et 281 semaines de suite).
Si l'enchaînement continue des triomphes par le no 1 mondial peuvent paraître redondants – voire même détestables pour certains –, ce fantastique rendement a peut-être davantage à offrir pour le développement du golf. En fait en 2024, Scheffler a rehaussé les standards de performance pour tout golfeur à la conquête de succès.
Cette année, Scheffler a attiré les regards de tous ceux qui veulent assister à l'histoire. Il a attiré les regards pour sa conciliation entre la vie professionnelle et sa vie de nouveau papa. Il a attiré les regards pour ses statistiques et son sang-froid. Au final, Scheffler a attiré les regards pour tout ce qui fait présentement de lui le meilleur golfeur de sa génération.
Et il a aussi été au coeur d'un passage en prison en plein Championnat de la PGA en raison d'un malentendu. Mais oublions cette brève tache au tableau.
Joueur de l'année sur le circuit de la PGA, Scheffler a retranché un total de 239 coups à la normale cette saison et il est devenu le golfeur le plus décoré en une année depuis 2007, rejoignant Tiger Woods et Vijay Singh.
La saison a été historique pour Scheffler a il a les outils nécessaires dans son sac pour que 2025 soit aussi spectaculaire – si ce n'est pas plus.
Ah oui! Permettez-moi de rappeler que les exploits de Scheffler l'ont aidé à mettre la main sur des bourses de 62,2 M$ cette saison, un record pulvérisant.
Autre année de croissance au Canada
Les 12 derniers mois auront également permis de faire briller le golf canadien encore une fois et de montrer que les représentants de l'Unifolié peuvent compétitionner avec les meilleurs au monde.
Cette croissance du golf canadien et québécois en 2024 a été couronnée par la présence de la Coupe des Présidents au Royal Montréal, de l'Île Bizard.
Au plan sportif, l'expérience a été un succès. Malgré une énième victoire consécutive américaine contre les Internationaux, les partisans ont eu droit à des duels enflammés et des rebondissements inattendus, ponctués de deux balayages lors des deux premiers jours.
Le capitaine canadien Mike Weir a également profité de l'édition pour faire confiance à Corey Conners, Taylor Pendrith et Mackenzie Hughes, qui ont tous eu la chance de jouer devant la foule locale. Bref, un scénario rêvé à première vue.
Mais hors du plan sportif, cet évènement qui devait faire rayonner la ville de Montréal a davantage exposé un manque d'engagement, voire même un manque de sérieux envers l'évènement.
Le seul axe routier faisant le lien entre Montréal et l'Île Bizard étant toujours en réparation, d'importants enjeux de circulation ont entaché l'évènement. Des partisans ont vécu un enfer pour accéder au site, les embouteillages ont provoqué la frustration des résidents et des agents du contrôle routier de la SAAQ ont visé le système de navettes organisé par la Coupe des Présidents.
Et sur le plan politique, des sources avaient révélé que les lignes de communication entre la PGA et la mairesse Valérie Plante n'ont pas été particulièrement ouvertes avant la première rencontre officielle de cette dernière avec le commissaire de la PGA Jay Monahan, lors de l'évènement.
La crème de la crème des golfeurs était en sol québécois et ils ont offert un spectacle de grande qualité, mais le fiasco principalement lié aux enjeux de transport a malheureusement privé Montréal du maximum de visibilité positive qui devait accompagner le tournoi.
En vrac
Il serait probablement criminel de vanter tous les exploits de Scottie Scheffler sans souligner les performances de son compatriote américain Xander Schauffele. Unique golfeur à avoir réellement talonné Scheffler au plan statistique et au niveau du rendement, Schauffele aura profité de l'année 2024 pour décrocher ses deux premiers titres majeurs, au Championnat de la PGA et à l'Omnium britannique.
Toujours au sommet du monde, un mot sur le populaire Rory McIlroy. Il appartient toujours à l'élite du golf et il n'y a aucun doute à ce niveau. McIlroy a connu du succès et il a remporté deux tournois sur la PGA. Mais au grand désarroi de ses partisans, Rors est toujours incapable de se sortir la tête de l'eau en tournois du grand chelem. À la recherche d'un premier titre majeur depuis 2014, McIlroy semblait en voie de mettre fin à sa disette à l'Omnium des États-Unis... jusqu'à ce qu'une comédie d'erreurs ouvre la porte à Bryson DeChambeau. McIlroy devra encore attendre, après avoir remporté quatre majeurs entre 2011 et 2014. Mais résilient comme il est, McIlroy pourrait bien rugir dès 2025.
Un mot sur LIV Golf également, qui a couronné sa nouvelle vedette Jon Rahm comme champion de la saison. Le circuit a annoncé une fusion avec la PGA en juin, ce qui avait pour but de freiner la séparation du golf professionnel. Après une longue année de négociations entre les deux circuits, on apprenait en novembre que LIV Golf et la PGA étaient sur le point de s'entendre pour une somme de 2 milliards $ qui permettrait aux membres de LIV Golf de participer aux tournois de la PGA. La guerre serait sur le point de prendre fin.
Au niveau féminin, Nelly Korda a été aussi dominante que Scheffler en début d'année, bien que ses exploits aient été un peu moins placés sur un piédestal. Korda a remporté six de ses huit premiers tournois de la saison et elle a été au coeur d'une séquence de cinq victoires consécutives entre le 25 janvier et le 18 avril. Elle a remporté 7 de ses 16 départs et elle a touché un peu plus de 4 M$ cette saison. À seulement 26 ans, elle risque de martyriser ses adversaires pour encore quelques années.
Pour ce qui est de la Canadienne Brooke Henderson, elle a été incapable d'obtenir la moindre victoire malgré neuf tops-10 en 24 tournois. C'est la première fois depuis 2020 qu'elle ne gagnait pas un tournoi pendant une saison. La Québécoise Maude-Aimée Leblanc a connu une saison difficile et elle n'a participé aux rondes de la fin de semaine que huit fois en 19 tournois. Elle a fini son année sur une note positive, en sauvant sa carte de membre de la LPGA il y a deux semaines.