C'est en regardant le match Canadiens-Sabres, de la galerie de presse à Buffalo que je vous écris ce "carnet de voyage". Après 10 ans, c'est terminé pour moi. Aujourd'hui, j'ai pris la décision de me retirer en tant que caméraman suivant les Canadiens sur la route, partout à travers l'Amérique.

Buffalo est ma destination finale en tant que caméraman pour sports 30. Ma décision n'a pas été facile, mais logique. Je veux avoir plus de temps à consacrer à mon émission Hors-Jeu. Je veux mettre toute mon énergie à la même place. Avec cette décision, ça ne veut pas dire que je quitte le métier de caméraman, au contraire, je tourne moi-même de plus en plus d'images pour Hors-Jeu. Je serai toujours un caméraman dans l'âme. Ça ne veut pas dire non plus que c'est la fin des "Carnets de Voyage" , car je vais continuer à voyager pour Hors-Jeu à travers le monde.

Je me rappellerai toujours ma première journée en tant que caméraman sur la route avec Les Canadiens. C'était en avril 93, en pleines séries, ici-même à Buffalo. J'étais avec "mon" tout premier journaliste, Jean-Pierre Boisvert. J'étais très impressionné de voir les joueurs se promener dans le lobby de l'hôtel. Enfin, mon rêve se réalisait !! J'étais à l'étranger avec le club que je chérissais le plus. C'est Yvon Vadnais, producteur de Sports 30 à l'époque, Domenic Vannelli, producteur à RDS , ainsi que Sylvain Poirier des Productions Lyca ( la compagnie fournissant caméras et caméramans à RDS), qui m'ont permis de vivre ce rêve, celui de suivre les Canadiens sur la route, dans le même avion, le même autobus et le même hôtel qu'eux.

J'ai été très chanceux de commencer mon travail de caméraman avec une Coupe Stanley en partant. Merci Patrick Roy et merci Jacques Demers ! Mais ce que je retiens le plus, c'est la complicité et le bon temps passé avec "mes" journalistes de Sports 30. J'ai de beaux souvenirs en pensant à Jean-Pierre Boisvert fredonnant sans cesse des "tounes" des Beatles, avec sa voix haut perchée, à Denis Caron, qui me faisait découvrir l'Amérique, ville après ville. Il était fier de me faire visiter Los Angeles, Malibu, Tampa et New-York. Mais je me rappelle aussi de sa dernière année en tant que journaliste. Nous l'avons passée ensemble. Il me confiait ses frustrations professionnelles. Il voyait la fin venir. Son contrat n'a pas été renouvelé. Ça m'a vraiment fait mal de voir souffrir "mon" journaliste. Mais depuis, Denis Caron est restaurateur et il est très heureux.

Ensuite, ce fut l'arrivée d'Alain Crête. Nous avons passé deux années fantastiques ensemble. À cette époque, Pierre Bouchard, Pierre Houde, Domenic Vannelli et Daniel Côté voyageaient avec nous pour les matchs diffusés à RDS. Ce qui m'impressionnais le plus chez Alain Crête, c'était son professionnalisme, sa passion, mais surtout son assurance. Il me disait toujours : "S'ils ne sont pas contents de mon reportage, qu'ils (Sports 30) me mettent dehors et qu'ils en prennent un autre!". C'est tout. C'était sa façon de s'enlever de la pression car croyez-moi, sur la route, de la pression, il y en a ! Quel professionnel ! Tout était toujours bien fait, avec précision. Pas de fla fla. Il savait où il s'en allait. C'est avec lui que j'ai vécu l'événement Tremblay / Brashear à Denver, qui allait changer ma vie.

Ensuite, j'ai passé une saison avec Bernard Lepage. Dans chaque ville, Bernard et moi allions toujours visiter un endroit particulier, comme par exemple, le Studio B à Nashville, où Elvis Presley a enregistré la majeure partie de ses albums et l'édifice où Lee Harvey Oswald s'était caché pour tirer John F. Kennedy à Dallas.

Il y a eu aussi Renaud Lavoie avec qui j'ai partagé de bons repas, dans de bons restaurants, tout en jasant de sa vie...amoureuse. Je pourrais élaborer mais, ce serait un peu trop indiscret. Ha ! Ha !

Il me reste à vous présenter un dernier journaliste avec qui j'ai voyagé : c'est Luc Gélinas. Il est "mon" journaliste depuis dix ans. Il a toujours été là depuis le début. C'est mon body, c'est mon chum. On en a fait du kilométrage ensemble. On en a mangées des ailes de poulet. On en a levées des Coupes Stanley à bout de bras ensemble. On est devenu comme des frères sur la route. On est devenu les troubadours du hockey et nos conjointes sont devenues...les veuves du hockey, tellement nous étions toujours à l'étranger.

Jean-Pierre, Denis, Alain, Bernard, Renaud et Luc... Merci pour tous ces beaux moments passés ensemble. Vous m'avez fait vivre mes plus beaux dix ans de ma vie. Je ne vous oublierai jamais...
Il faut que j'arrête d'écrire, car je suis trop émotif et un gars qui braille sur une gallerie de presse à Buffalo, en troisième période lorsque c'est un à un et qu'il reste onze minutes quinze secondes à jouer, ça fait dur.

À tout ceux avec qui j'ai voyagé au cours de ces dix années, ...MERCI ! et SALUT !!