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Après la déception, Jakob Pelletier est en mission

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MONTRÉAL - Jakob Pelletier a joué 37 matchs dans la Ligue nationale, mais aucun contre le Canadien. Dans ses projections estivales, ça se passait probablement hier au Centre Bell.

La réalité fut tout autre. Pendant que Jonathan Huberdeau et Anthony Mantha étaient sur la ligne bleue pour l'hymne national, Pelletier était à Calgary. Avec ses coéquipiers du club-école des Flames, il se préparait pour un gros mardi soir contre les Condors de Bakersfield.

L'eau a coulé sous les ponts (gelé, même, peut-être?) depuis que Pelletier a appris que non seulement il commencerait la saison dans la Ligue américaine, mais que les 31 autres équipes de la Ligue nationale n'avaient pas jugé qu'elles s'amélioreraient en le réclamant au ballottage. Il a repris ses esprits, s'est relevé, a élaboré un nouveau plan de match.

Jusqu'à maintenant, il est récompensé pour sa résilience. Il a dix points à ses onze premiers matchs, une production qui concorde avec ce qu'il a été capable de livrer depuis qu'il est passé pro à l'âge de 20 ans. Entre ses deux oreilles, c'est le calme après la tempête.

Mais Dieu que la claque a été difficile à encaisser.

« Ça m'a affecté. Pour être honnête, je me suis remis en question, confie Pelletier en entrevue téléphonique avec RDS. Quand c'est arrivé, je ne m'attendais vraiment pas à ça. Mais je pense que t'as deux choix dans la vie : soit tu abandonnes, soit tu continues à travailler plus fort. »

Le natif de Québec estime avoir eu besoin de trois ou quatre jours pour se remettre de ses émotions. « Après, faut que tu passes à autre chose, s'est-il raisonné. Il faut que tu comprennes ce que tu as fait qui n'était pas assez bon et il faut que tu passes à autre chose. »

« Je me suis regardé et j'ai dit : "Jake, pour vrai, t'es encore jeune, tu gagnes ta vie en jouant au hockey. C'est à toi de prouver que tu peux encore le faire". C'est ça ma mentalité depuis que je me suis fait couper. »

Pelletier a préconisé une approche à deux volets avec ses détracteurs. D'abord, il les a bâillonnés en supprimant l'application X, anciennement Twitter, de son téléphone. « Quand tu vois tout le temps du monde dire que t'es pas assez bon, ça va t'affecter un peu. Le fait de ne plus être là-dessus, ça fait une grosse différence pour moi », avoue-t-il candidement.

Ensuite, il s'est affairé à leur retirer leurs arguments. Il a récolté huit points à ses quatre premiers matchs avec les Wranglers de Calgary. Lui et son joueur de centre Rory Kerins forment un duo de feu. Sur les neuf buts de Kerins, Pelletier a été son complice à sept reprises.

Paradoxalement, Pelletier souhaite que les critiques et les doutes continuent de se rendre à ses oreilles.

 « Depuis que je suis jeune, je me fais tout le temps dire que je ne suis pas assez bon pour faire ci, pas assez bon pour faire ça, a retenu l'ancien du Blizzard du Séminaire Saint-François. Je suis plus petit, j'ai pas une grosse shot non plus, tu comprends? Quand j'étais Bantam, tout le monde me disait que ça ne marcherait pas mes affaires dans la Midget. Après c'était "tu vas voir dans le junior", "tu vas voir dans le pro"... Ça a toujours été ça pour moi et encore une fois, c'est ça en ce moment. Je pense que j'ai toujours répondu de la meilleure des façons et c'est ce que je veux faire encore une fois. »

Une ombre au-dessus de sa tête

Pelletier reconnaît qu'une bonne partie de son incompréhension vient du fait que les Flames, après avoir liquidé un paquet de vétérans dans les dernières années, sont dans une position pour faire de la place aux jeunes. Connor Zary et Matt Coronato, des choix de première ronde un peu plus jeunes que lui, sont vus comme une partie de la solution présentement.

Lui est laissé à l'écart alors que « v'là deux ans, j'ai fini la saison là-bas, je jouais avec Naz et Huby », les petits noms qu'il donne à Nazem Kadri et Huberdeau.   

Mais autant il est à la recherche d'accélérant pour alimenter son feu intérieur, autant Pelletier est capable de lucidité et d'honnêteté. La saison dernière n'a pas été facile pour lui. Il a raté la première moitié du calendrier en raison d'une opération à une épaule. Son retour au jeu a été écourté par une autre blessure.

« Quand je suis revenu après ça, ma saison a été en pente descendante. Pas que je ne jouais pas du bon hockey, mais je ne jouais pas comme j'étais capable de le faire », confesse-t-il. Cet été, au camp d'entraînement, il sent que l'ombre de ces vieilles blessures l'a suivi. « C'était à moi de prouver que je pouvais jouer et je ne l'ai pas fait dans les matchs préparatoires », dit-il, refusant de jeter le blâme publiquement sur l'entraîneur Ryan Huska et le directeur général Craig Conroy.  

Chaque chose en son temps, donc. Pour l'instant, Pelletier est en santé et il joue un rôle de premier plan dans une équipe qui arrache tout. Ce n'est pas parfait, mais il y a pire. La suite lui appartient.

« Je n'ai pas perdu espoir de faire carrière dans la LNH. Est-ce que je veux être dans la Ligue américaine? Non. Est-ce que je veux jouer en haut? Oui. Mais c'est à moi à faire mes preuves. »