Après 17 parties passées à la barre du Canadien de Montréal, l’impact de Claude Julien sur l’équipe est incroyable. Les chances de marquer à haut risque accordées sont globalement en baisse de 22 % (20 % à égalité numérique) et les chances de marquer à haut risque en faveur du Canadien sont en hausse de 12 %. Le résultat est une fiche de 11-5-1 et le retour du Carey Price des beaux jours.

Ce genre de transformation, alors que le Canadien n’avait généré que 43 % des chances de marquer à haut risque lors des 20 parties précédant l’arrivée de Julien (ce même chiffre étant de 56 % depuis), lui laisse le bénéfice du doute. Cependant, comme son prédécesseur, Julien semble avoir de la difficulté à comprendre le cas d’Alex Galchenyuk et où il devrait évoluer, mais lorsque Galchenyuk connaît une bonne rencontre, Julien n’hésite pas à lui accorder beaucoup de temps de glace. Le jeune et talentueux attaquant, qui a connu des ennuis lorsque jumelé avec Max Pacioretty et Alexander Radulov, en plus d’être responsable d’un but de l’adversaire en prolongation, a depuis été muté à l’aile.

Le résultat fut que le Canadien a connu ses deux pires performances sous son nouvel entraîneur-chef, étant dominé 22 à 13 au chapitre des chances de marquer contre les Hurricanes et 22 à 11 contre les Sénateurs. À savoir s’il s’agit d’une simple corrélation ou d’un lien de causalité est difficile à déterminer, mais cela m’a fait réfléchir à quel point la situation entourant Galchenyuk est devenue compliquée.

Quelques éléments à propos de Galchenyuk sont indiscutables. Au cours des deux dernières années, il se classe au deuxième rang chez le Canadien pour le nombre de points par minute jouée à égalité numérique, n'étant devancé que par Pacioretty. À travers toute la LNH, seulement 38 joueurs ont inscrit des points à un rythme plus régulier, ce qui signifie que Galchenyuk fait partie des meilleurs attaquants de premier trio de la LNH d’un point de vue strictement offensif.

Il est également vrai que cette production est survenue lorsque Galchenyuk jouait au centre, poste où il inscrit des points à un rythme 35 % supérieur à celui maintenu lorsqu’il évolue à l’aile. Quant à la production de buts marqués par l’équipe, les résultats sont assez similaires.

Au centre, au cours des deux dernières années, personne chez le Canadien n’a généré des buts au même rythme que Galchenyuk ne l’a fait, mais son habileté à produire des buts est grandement diminuée une fois à l’aile.

Le problème est le nombre de buts accordés lorsqu’il est sur la glace. Il connait des ennuis dans cet aspect du jeu, bien qu’il se soit constamment amélioré sur le plan défensif, même si nombreux sont ceux refusant de le reconnaître. C'est lorsqu’il a eu à pivoter la première ligne avec Pacioretty et Radulov que Galchenyuk a éprouvé le plus de problèmes.

Cette ligne a généré des chances de marquer par moments, mais globalement l’adversaire a mieux fait qu’eux. Toutefois, le trio de Radulov, Pacioretty et Phillip Danault fut extrêmement efficace cette saison, inscrivant 59,3 % des buts lorsque sur la glace et générant 54,8 % des tentatives de tirs lorsque jumelé à égalité numérique. Il n’y a aucune raison de démanteler cette unité, même si vous pensez que Danault n’est pas un premier joueur de centre (il ne l’est pas), mais son style de jeu complète ces deux ailiers élites, ce qui en fait une excellente première ligne.

Pour le Canadien, cela veut dire qu’il a le luxe de ne pas avoir à employer Galchenyuk sur ce qui est qualifié de première ligne, ce qui allège la couverture défensive à son égard. Heureusement pour le Tricolore, Galchenyuk a une très bonne chimie avec un ailier en particulier.

Galchenyuk ne fut que très moyen lorsque jumelé à Andrew Shaw, dans un petit échantillon de données, et il a connu des difficultés en compagnie de Radulov, comme ces deux joueurs tentent de générer de l’attaque d’une façon assez similaire à forces égales. Avec Brendan Gallagher, Galchenyuk est excellent.

Marquer 75 % des buts n’est pas possible à long terme, mais Gallagher et Galchenyuk ont déjà connu du succès ensemble par le passé. Ils sont à leur meilleur lorsque Galchenyuk est au centre.

L’une des raisons voulant que ce duo prenne autant d’importance est que Gallagher a de la difficulté à générer de l’attaque cette saison, en raison de quelques séquences malchanceuses et sa blessure à la main. Lorsque Galchenyuk et Gallagher furent jumelés sur la patinoire, le Canadien a inscrit 3,30 buts pour chaque tranche de 60 minutes de jeu passé à égalité numérique. Lorsque Gallagher était sur la patinoire, mais que Galchenyuk était sur le banc, ce chiffre chute à 1,71 but pour chaque tranche de 60 minutes de jeu passé à égalité numérique.

En jumelant ces deux joueurs, cela donne au Canadien trois bons duos qui génèrent une tonne d’attaque dans l’ensemble.

Considérant que la moyenne de la ligue est d’à peine 2,2 buts inscrits à égalité numérique pour chaque heure de jeu passé à forces égales, le Canadien compte sur trois lignes potentielles faisant mieux que cette moyenne par une marge significative. Conséquemment, se préoccuper du jeu défensif devient presque banal, mais avec les améliorations systématiques qu’a apportées Julien, le Canadien est devenu une équipe difficile à affronter.

Parfois, lorsqu’un joueur connait sa part d’ennuis, nous nous laissons emporter sur le coup, ne pensant pas logiquement et réagissant avec démesure. Est-ce que Galchenyuk connaissait tellement d’ennuis qu’il devait être muté à l’aile pour retrouver sa confiance, ou ne cadrait-il pas avec la façon qu'on lui demandait de jouer?

Même à son pire, Galchenyuk demeure le quatrième meilleur attaquant du Canadien. Ainsi, toute solution lui donnant un rôle minimisé n’est tout simplement pas la bonne. Il est temps de simplement le placer dans la bonne chaise et de le laisser jouer au hockey.