OTTAWA – Personne ne pourra reprocher à Dave Cameron d’avoir attendu trop longtemps avant de passer à l’action, mais son pari de confier le filet à Craig Anderson semble un peu audacieux.

Anderson, le vétéran des Sens, a appris dimanche matin qu’il serait envoyé dans la mêlée pour relancer sa troupe. Ce choix fait au détriment d’Andrew Hammond qui a propulsé les Sénateurs en séries peut en surprendre plus d’un.

« C'est une décision des entraîneurs, c'est tout », a brièvement expliqué Cameron.

En plus de ce changement, Chris Neil (absent depuis le 14 février) reprendra sa place dans la formation au détriment d’Alex Chiasson. Du côté du Canadien, aucune modification ne sera effectuée même si Pierre-Alexandre Parenteau aurait pu revenir au jeu.

La mission s’annonce donc imposante pour Anderson, qui n’a pas joué depuis le 29 mars, mais il est excité par cette opportunité.

« Absolument, on s’entraîne à fond pour obtenir cette chance et elle se présente à moi. Je vais m’assurer de me concentrer à aider mon équipe à gagner », a répondu Anderson à propos de ce vote de confiance.

En dépit de son manque d’action, Anderson – qui a concédé trois buts ou plus à ses sept dernières sorties – refuse de croire que la rouille le ralentira dans ce match. 

« Je ne crois pas qu’aucune partie de mon corps soit composée de métal donc je devrais être correct », a-t-il répliqué avec un brin d’humour.

La déception de Hammond était évidente dans sa voix, dimanche.

« En ce qui me concerne, c'est décevant, a avoué Hammond. Vous voulez disputer tous les matchs; tous les gardiens veulent participer à toutes les rencontres. Mais tout ce que vous pouvez faire à ce moment-ci, c'est d'être prêt et d'appuyer tout ce que l'équipe fait. »

Hammond a paru chancelant lors du match inaugural, mercredi, mais a effectué 39 arrêts lors du deuxième duel, vendredi. Il a cependant cédé devant Alex Galchenyuk en prolongation.

L’envoi d’un autre gardien devant le filet a certainement incité les entraîneurs du Canadien à puiser dans leurs recherches vidéo pour transmettre quelques suggestions à leurs joueurs. Ceci dit, la troupe montréalaise ne modifiera pas son approche générale.

« On se concentre sur notre exécution et ce qui nous permet d’avoir du succès », a soutenu P.K. Subban qui ne filait pas pour bavarder cette fois. « C’est normal que des changements surviennent dans les séries donc on ne peut pas se laisser influencer par ça. »

« On affronte une bonne équipe, on est conscient de ça et ils misent sur de la profondeur et ils l’utilisent », a simplement répondu Michel Therrien à propos de l’entrée en scène de l’autre gardien.

Le rendement peu convaincant d’Anderson n’a pas empêché son entraîneur d’agir. Pendant que le gardien de 33 ans se réjouissait de la situation, Hammond a eu le courage de répondre aux questions des journalistes en dépit de l’énorme déception qu’on pouvait lire sur son visage.

« Évidemment, c'est décevant. On veut jouer tous les matchs. Je ne peux rien faire d'autre que d'être prêt si on fait appel à mes services de nouveau », a déclaré Hammond qui n’a pas été à son meilleur dans les deux premiers matchs.

« J'appuie la décision de l'équipe. À une étape aussi cruciale de la saison, c'est important que tout le monde rame dans le même sens. Je ne suis pas frustré, ça ne servirait à rien de l'être », a ajouté Hammond.

Les Sénateurs ont remporté huit de leurs dix derniers matchs à Ottawa contre le Canadien. À travers ces succès, Anderson était devant le filet quand les siens ont éliminé le CH en cinq parties en 2012-2013 et il s’inspirera de cette réussite.

« Je peux certainement replacer ces bons souvenirs dans ma tête. Ça aide pour se donner un élan de confiance. Par contre, je suis conscient que ça appartient au passé », a noté Anderson.
 

Ces images sont revenues à l’esprit des joueurs du Tricolore qui n’ont pas l’intention de se réjouir de la sortie du Hamburglar.

« On se souvient tous de ce qu’Anderson avait accompli contre nous il y a deux ans et on s’attend à du bon hockey de sa part », a admis Brendan Gallagher.

Anderson aborde donc cette confrontation contre le Canadien avec confiance puisqu’il a déjà eu leur numéro.

« Ce sont les séries, on s’attend à ce que tous leurs joueurs soient confiants, ça va de soi. On se prépare à les voir disputer leur meilleure partie de l’année », a reconnu Subban.

Avant que Cameron ne tranche, plusieurs joueurs des Sénateurs avaient démontré leur appui à Hammond. Maintenant, ils doivent se ranger derrière Anderson et ils n’ont pas l’intention de modifier leur approche sur la patinoire.

« On ne changera rien, ce n’est vraiment pas le moment de modifier notre recette. Ils ont trouvé le moyen de gagner à leur domicile et c’est maintenant à nous d’en faire autant », a déclaré Clarke MacArthur.

Chaque équipe devra, en quelque sorte, tenir le coup pendant les premières minutes de ce match devant les partisans des Sénateurs qui seront en majorité. D’un côté, les Sens devront protéger Anderson et lui donner confiance de stopper le CH. Mais de l’autre, le Tricolore devra freiner leurs adversaires qui seront gonflés à bloc.

« On s’attendait à une série exigeante, physique, rapide et émotive. C’est ce que nous avons vu jusqu'à maintenant alors ça revient à nous de demeurer en contrôle », a exprimé Alex Galchenyuk qui a rendu hommage à Gallagher, son courageux partenaire.

« C’est notre premier match à l’étranger des séries alors c’est très important », a souligné Subban qui préférait effacer les succès des siens cette saison sur la route.

Terminons avec une statistique : selon la firme de statistiques sportives Elias, les équipes qui prennent les devants 2-0 dans une série de la LNH l'ont emporté dans 85,9 pour cent des cas (293 victoires, 48 défaites). 

Formation des Sénateurs à l'entraînement :

MacArthur-Turris-Stone
Michalek-Zibanejad-Ryan
Lazar-Pageau-Condra
Hoffman-Legwand-Neil

Methot-Karlsson
Wiercioch-Ceci
Borowiecki-Gryba
Cowen extra