Il fallait un gagnant et un perdant même si les deux équipes ont démontré encore une fois qu'ils sont de force quasi égale dans cette série. On parle uniquement de la série, car en saison régulière, les Bruins ont fait la démonstration qu'ils représentaient la crème de la crème dans l'Est.

On vient d'assister à un match au cours duquel les ouvertures étaient plutôt rares. L'exécution se devait d'être rapide, car la porte se refermait rapidement devant le porteur du disque. L'affrontement a été intense, mais ce ne fut pas le spectacle le plus excitant de la série.

Ce duel de gardiens de but a finalement permis à Tuukka Rask de se refaire une contenance face au Canadien. Il était temps, comme le lui avait fait remarquer son directeur général la veille. Rask a gagné, certes, mais il a encore une fois démontré des signes de nervosité en se montrant généreux sur les retours de lancer et en regardant quelques fois derrière lui dans des moments d'inquiétude.

Les Bruins, par la peau des dents, méritaient la victoire si on considère qu'ils ont obtenu l'unique but de la soirée, que Carl Soderberg a touché la tige horizontale  vers la fin du premier engagement et que Reilly Smith a tiré directement sur le poteau en troisième période.

BruinsCette victoire a peut-être permis à Rask de se débarrasser d'une partie de ses démons contre ses rivaux montréalais. Si c'est le cas, la suite des choses pourrait se compliquer pour le Canadien. Mais n'allons pas tirer trop rapidement des conclusions. On n'efface pas une tonne de mauvais souvenirs dans un seul match. La commande est forte pour le gardien finlandais qui, avant cette quatrième partie, se retrouvait dans l'obligation de remporter trois matchs sur quatre s'il voulait permettre aux Bruins de continuer leur marche vers la coupe Stanley. Or, trois victoires en quatre parties est une performance que Rask n'a jamais réussie en carrière contre le Canadien.

Qui sait, peut-être que la chance est en train de tourner pour les Bruins qui ont touché plusieurs poteaux dans cette série. Dans une décision un brin désespérée, ils ont rappelé le jour même un réserviste des ligues mineures, Matt Fraser, sans se douter que ce joueur sans nom deviendrait la carte cachée qui allait leur redonner vie. Peut-être que le directeur général Peter Chiarelli, en trouvant une solution dans un joueur jamais repêché, a livré le message à son personnel qu'un peu d'audace ne fait pas de tort quand plus rien ne semble fonctionner.

Chez le Canadien, une équipe qui se comporte d'une façon étonnante dans les séries et qui impressionne par son caractère et par l'exécution efficace de son système, il y a des joueurs qui ont des choses à se faire pardonner. Il est évident que l'inefficacité offensive de Max Pacioretty n'aide pas la cause de l'équipe. Le Canadien pourra difficilement gagner cette série si son meilleur franc-tireur est réduit au silence durant toute la série et si son homme de sept millions, Thomas Vanek, continue de se comporter comme un joueur marginal.

Où est Max Pacioretty?

Pacioretty, qui ne s'implique pas davantage sur le plan de la robustesse, a amassé une passe en quatre parties. Il n'avait rien produit au cours des trois premiers matchs contre Tampa Bay et il a été réduit au silence durant les quatre premières rencontres de la présente série. Hier soir, il a obtenu un seul tir au but en 25 présences. Sa production de la série représente cinq points de moins que celle de P.K. Subban et un point de moins que celle de Daniel Brière qui doit se contenter de la moitié de son temps de jeu. Incidemment, Brière continue d'être le joueur le moins utilisé du Canadien. Même si le poids de ses 36 ans se fait sentir, un joueur qui a amassé 117 points en 124 matchs dans les séries peut difficilement faire sa part offensivement au sein d'un quatrième trio dont les ailiers n'auraient même pas pu porter son jack-strap durant sa carrière.

Quand Pacioretty est aussi inefficace, c'est le premier trio au complet qui est paralysé. Michel Therrien a cru pouvoir lui redonner vie en remplaçant Vanek par Brendan Gallagher, mais cela n'a pas eu l'effet escompté. Quant à Vanek, s'il continue d'afficher aussi peu d'énergie, il risque de passer un autre trio, celui de Tomas Plekanec, au chloroforme

Remarquez que les Bruins vivent le même genre de situation avec leur premier trio qui n'a produit que deux buts jusqu'ici, mais comme le Canadien est l'équipe négligée dans cette série, il a besoin de toute l'aide qu'on peut lui apporter. La contribution de ses deux meilleurs marqueurs devient donc essentielle.

Le dernier but de Pacioretty remonte à la toute fin du quatrième match de la série précédente et il a permis d'éliminer le Lightning de Tampa Bay. Ce soir-là, il a donné un certain crédit à son père qui était venu le voir jouer seulement pour la seconde fois cette saison. Son père en avait profité pour lui faire un petit boniment de motivation.

« C'est toi le marqueur de 39 buts dans cette équipe. S'il y a quelqu'un qui peut jouer avec confiance, c'est bien toi », lui avait-il dit. Le message avait porté fruit. Peut-être faudra-t-il permettre à son père de revenir dans l'entourage de l'équipe. Après tout, Ginette ne peut pas faire seule tout le travail.

Papa Pacioretty avait raison. Son fils est de loin le meilleur franc-tireur de l'équipe et plus que jamais, ça doit paraître dans son jeu. Si on fait exception de Vanek, dont la majorité des points ont été amassés avec les Islanders, le Canadien ne compte qu'un seul autre marqueur de 20 buts en Plekanec qui s'est arrêté à 20 très exactement.

Jusqu'ici, l'équipe qui a marqué le premier but a toujours remporté la victoire. Le Canadien devra donc commencer le match de demain comme s'il faisait face à l'élimination. Il devra y avoir une bonne dose de désespoir dans son attitude parce que les Bruins, eux, viennent de reprendre confiance.

Mais, je le rappelle, Tuukka Rask n'a jamais remporté trois victoires en quatre matchs contre le Canadien en carrière. On ne peut pas dire que son jeu blanc, qui est arrivé à point, a rassuré tout le monde. Voilà un candidat au trophée Vézina qui doit avoir hâte d'en finir avec cette série. Ne serait-ce que pour rassurer son entraîneur et ses coéquipiers.

Le Canadien pourrait peut-être faire un bon bout de chemin s'il parvenait à gagner la série, mais ce serait plus vrai encore pour les Bruins puisque Rask retrouverait tous ses moyens face à des joueurs qui ne seraient pas habillés de bleu, de blanc et de rouge.

Le match de samedi permettra à l'équipe gagnante de déposer une pression énorme sur les épaules du perdant. Les deux équipes voudront donc frapper fort dès le départ.