Analyse du quart de la saison chez le CH
Canadiens jeudi, 1 déc. 2016. 14:27 mercredi, 11 déc. 2024. 17:23Avec plus d’un quart de la saison de disputé, il est maintenant temps de procéder à la première de nos quatre évaluations des joueurs. Le critère qualifiant les joueurs pour cette évaluation est qu’ils doivent avoir joué au moins 10 matchs, parce que nous voulons avoir un nombre raisonnable de données pour les évaluer équitablement.
La saison dernière, nous avons gardé les choses simples au moment d’évaluer l’impact d’un joueur, mais cette année, j’y ai ajouté quelques éléments.
Pour les avants, les chances de marquer et les tentatives de tir servent à quantifier l’habileté à toucher les cordages, les jeux générant des chances de marquer servent à mesurer les habiletés de passeur, les jeux effectués lors des poussées offensives servent à mesurer l’implication d’un joueur dans le jeu de transition et les rondelles libres récupérées en zone offensive servent à mesurer l’efficacité en échec avant.
Pour les défenseurs, les jeux générant des chances de marquer servent à mesurer la contribution offensive, les jeux effectués lors des poussées offensives servent à mesurer l’implication d’un joueur dans le jeu de transition, les rondelles libres récupérées en zone défensive servent à mesurer l’impact défensif d’un joueur et les passes complétées mesurent l’impact général d’un défenseur lors d’un match.
Ceci n’offre pas une vision globale de l’état des choses, mais c’est représentatif.
Contrairement à la saison passée, je n’attribuerai pas de notes, les données présentées vous permettant d’évaluer les joueurs par vous-mêmes.
Paul Byron : Il connaît le meilleur début de saison de sa carrière avec 7 buts et 5 passes en 23 rencontres. Il manque 6 points à Byron pour qu’il atteigne son total de points de l’an passé, ce qu’il avait réalisé en 62 parties, et 9 points pour qu’il égalise son plus haut total en une seule saison en carrière. Le Tricolore semble avoir décelé quelque chose dans le jeu de Byron, lui qui génère des chances de marquer à un rythme beaucoup plus imposant que la saison dernière, exploitant sa vitesse pour récupérer les retours de lancers devant le filet, ce qui lui permet de décocher des tirs plus menaçants. Il est probable que Byron ne soit pas une solution à long terme sur l’un des deux premiers trios, mais il a démontré que sa vitesse fait de lui un joueur suffisamment menaçant pour y combler un trou, pendant un certain temps.
Daniel Carr : J’avais de grandes attentes à l’égard de Carr avant d’entamer cette saison, me référant à son jeu de l’an dernier, plus spécifiquement sa capacité à foncer au filet. Pour une quelconque raison, nous n’avons pas encore vu cette version de Carr cette saison. Il se classe encore parmi le top-9 du Tricolore au moment de créer des chances de marquer, mais il ne génère pas de chances de marquer pour lui-même, ce qui constitue sa marque de commerce. Malheureusement pour Carr, s’il ne génère pas de chances de marquer à haut risque de plus près du filet, le Tricolore compte sur des jeunes qui sont plus polyvalents et qui peuvent prendre sa place dans l’alignement en Charles Hudon et Sven Andrighetto.
Phillip Danault : La saison dernière, j’ai eu l’impression que Danault avait le potentiel pour être un excellent quatrième joueur de centre d’énergie très fiable défensivement. Cette année, il a grandement amélioré son jeu et il semble qu’il ait maintenant le potentiel pour évoluer sur une troisième ligne à long terme. Ses chiffres sur ses chances de marquer ont chuté récemment, mais au début de l’année, il lançait très souvent lorsqu’il se trouvait à proximité du filet, ce qui est un changement important pour lui qui décochait de la périphérie l’an passé. Danault a de très bonnes mains pour un joueur de troisième ou quatrième trio, en combinant cela avec sa vitesse et son éthique de travail, cela fait de lui un joueur facile à apprécier.
David Desharnais : Desharnais connaît un début de saison bien différent de l’an dernier, lui qui avait alors déjà récolté 17 points. Il est devenu monnaie courante pour les partisans de blâmer Desharnais pour tous les maux de l’équipe. La réalité est qu’il a bien fait dans un rôle plus effacé cette saison, générant le sixième plus grand nombre de chances de marquer chez les avants du Tricolore. Il affiche des faiblesses en échec avant et il est dans la moyenne au moment de transporter la rondelle, mais en tant que troisième joueur de centre, il amène beaucoup plus à l’équipe que ce pour quoi il reçoit du crédit. Il affiche des chiffres positifs en possession de rondelle, même si ses meilleures années en regard de sa production offensive semblent être derrière lui.
Brian Flynn : S’il existait une version d’un « joueur à faible risque » aux yeux d’un entraîneur, ce serait Brian Flynn. Flynn peut transporter la rondelle, mais il ne crée presque rien offensivement, alors que son jeu défensif n’est pas si exceptionnel. Flynn n’exécute pas de jeux sensationnels donnant des cheveux blancs à son entraîneur, mais il ne génère pas beaucoup de choses non plus. La quatrième ligne du Canadien est moins menaçante lorsqu’il s’y trouve. Le club ferait mieux de donner ces minutes à un jeune joueur, pour qu’il acquière de l’expérience dans la LNH.
Alex Galchenyuk : La bougie d’allumage offensive du Canadien, Alex Galchenyuk, continue d’impressionner, même si son entraîneur ne lui fait pas beaucoup confiance. Son temps de jeu augmente quelque peu à mesure que la saison avance, mais qu’il joue moins que Plekanec, même s’il produit trois fois plus offensivement à ce jour, situation un peu absurde. Galchenyuk est le meilleur joueur de l’équipe pour assurer le jeu de transition. Il est aussi le joueur ayant récolté le plus de points cette année et l’an dernier, mais il y a des inquiétudes en ce qui concerne son travail dans le cercle des mises en jeu. Si vous dominez toutes les autres facettes du jeu comme le fait Galchenyuk, quelque chose d’aussi minime que les mises au jeu ne devrait pas être un facteur important, parlez-en à Evgeni Malkin.
Brendan Gallagher : Après avoir connu la plus longue léthargie de sa carrière, les espoirs sont que Gallagher connaisse une bonne séquence offensivement lors du deuxième quart du calendrier. Lors de sa léthargie, Gallagher ne générait pas de chances de marquer, mais il est revenu à sa production normale à ce chapitre lors des dernières rencontres et les points devraient suivre. L’impact de Gallagher se fait tout de même ressentir dans bien des facettes du jeu lorsqu’il ne marque pas. Par exemple, il fut le deuxième meilleur joueur de l’équipe en échec avant et le cinquième meilleur en ce qui concerne le jeu de transition. Mis à part cela, Gallagher crée également le troisième plus haut taux de chances de marquer pour ses coéquipiers. Ce ne fut pas le début de saison espéré pour Gallagher, mais il n’y a pas pour autant matière à s’inquiéter.
Artturi Lehkonen : Il est surprenant que ce soit la recrue qui mène le Canadien pour les chances de marquer. Lehkonen est doué pour se placer près du filet et se démarquer afin d’y recevoir des passes, bien qu’il fut malchanceux jusqu’ici, ne réussissant pas à convertir ces chances de marquer en buts. Il n’est pas excellent au moment de transporter la rondelle, il fait bien en échec avant et il a déjà gagné suffisamment la confiance de l’entraîneur pour que ce dernier l’emploie en infériorité numérique. J’ai le sentiment que Lehkonen aura un plus gros impact sur les performances de l’équipe à mesure que cette année avancera.
Torrey Mitchell : Mitchell fait à peu près la même chose que ce qu’il avait fait au début de l’an dernier : il remporte des mises au jeu en zone défensive et il a inscrit un nombre surprenant de buts sur un faible nombre de tirs. Il est peu probable qu’il maintienne cette cadence d’une saison de 20 buts, mais il demeure un bon joueur d’énergie sur une quatrième ligne. Cependant, ses prouesses dans le cercle des mises au jeu seront-elles suffisantes pour qu’il conserve son poste au centre, au détriment du jeune Danault? Pour le moment, Danault semble être un bien meilleur joueur.
Max Pacioretty : Le capitaine a fait face à un lot incroyable de critiques en raison de son lent début de saison au chapitre des buts inscrits. Une part de ces critiques sont méritées, comme il a généré peu de chances de marquer et qu’il est la plus grande menace offensive chez le Tricolore, mais il est important de dissocier les buts marqués à court terme du jeu d’ensemble d’un joueur. Pacioretty demeure le joueur du Canadien le plus efficace en échec avant et il est en voie de connaître une saison de 36 passes, ce qui serait un sommet en carrière. De même, il mène l’équipe pour le différentiel de tirs. Pacioretty est l’avant du Canadien ayant la plus grande influence sur une rencontre et éventuellement, il retrouvera sa touche de marqueur.
Tomas Plekanec : De tous les joueurs du Tricolore, Plekanec est celui qui m’inquiète le plus. Il est confronté aux meilleurs éléments adverses, mais il connaît sa part d’ennuis offensivement cette année. Le Canadien ne peut pas s’amener en séries éliminatoires avec un premier joueur de centre (d’après son temps d’utilisation) qui est en voie de connaître une saison de 25 points. Plekanec ne fait pas que récolter peu de points, il n’est pas plus impliqué au moment de générer des chances de marquer que Mitchell, ce qui est définitivement mauvais en raison du temps de jeu qu’il reçoit.
Alexander Radulov : Il est devenu fréquent de dire que Radulov fut la meilleure signature de l’été, et ce parmi toutes les équipes. J’irai même plus loin et dirai que cette signature par le Canadien fut le meilleur geste posé par n’importe quelle équipe lors de cet été. Il est en symbiose avec Galchenyuk, il crée plus de chances de marquer que quiconque dans l’équipe et il est bon au niveau de l'échec avant et de jeu de transition. Aussi bon fut-il jusqu’à maintenant, il fut aussi malchanceux en regard de son taux personnel de tirs convertis en buts, donc il se pourrait qu’il continue de nous épater.
Andrew Shaw : Jusqu’ici cette saison, Shaw a été rentable au regard de son contrat, ex aequo avec Gallagher pour le deuxième rang de l’équipe pour les chances de marquer, excellent en échec avant et bon pour transporter la rondelle. La seule préoccupation dans le cas de Shaw est qu’il se fait souvent expulser des parties depuis qu’il s’est joint au Canadien. C’est une tendance indéniable, lui qui semble perdre le contrôle de ses émotions. Cela doit s’arrêter avant que cela ne fasse mal à l’équipe. En raison de son salaire, le Tricolore ne peut pas se permettre que Shaw joue comme Ryan White.
Nathan Beaulieu : Le cas de Beaulieu est étrange, car ses statistiques selon cette analyse sont extrêmement fortes, alors que son Corsi est catastrophique pour le moment. Les bonnes statistiques individuelles me mènent normalement à penser que ce sont les autres joueurs qui le ralentissent, ce qui fut certainement le cas avec Joel Hanley. Toutefois, tant Weber que Pateryn furent de solides partenaires en termes de différentiel de tentatives de tir. Peut-être que l’on demande à Beaulieu d’en faire trop et qu’il a mal répondu à cette pression au moment d’assurer une plus grande partie du jeu de transition du Canadien. Ce premier quart de saison fut significativement en deçà de ce à quoi il nous a habitué depuis son arrivée avec le grand club.
Alexei Emelin : Beaucoup de gens ont vanté Emelin pour son travail sur la première unité défensive. Cependant, je crois que bien des personnes oublient qu’il avait connu un solide début de campagne l’an dernier lorsque jumelé à Petry. La renaissance de la carrière d’Emelin date déjà d’il y a une année. Alors que certains le qualifient d’« indispensable », la vérité est qu’il fut très mauvais pendant deux ans avant de rejoindre la moyenne. Je ne crois pas qu’il soit une solution à long terme pour le quatuor du Canadien. Lorsque jumelé à Weber, le Canadien a marqué 72.7 % des buts lorsqu’il était sur la glace, mais son Corsi est de 50 % en de telles circonstances. Ce que nous savons de ces statistiques, c’est que le Corsi dicte mieux le futur que le différentiel de buts. Compter sur une première paire défensive qui affiche un Corsi de 50 % est probablement insuffisant.
Andrei Markov : Celui qui ne semble pas vieillir, Andrei Markov, continue de déjouer les pronostics de ceux doutant de son rendement. Markov mène tous les défenseurs du Tricolore pour les points décisifs (buts et passes décisives) avec 12. Il est troisième chez le Canadien pour le différentiel de tentatives de tir. Son rôle est moindre que lors des saisons passées, surtout en ce qui concerne ses responsabilités défensives dans sa propre zone, où Petry assume la majorité du travail le long des rampes, mais Markov demeure un bon joueur offensif et efficace lors des transitions. La question pour le Tricolore est à savoir s’il saura maintenir ce niveau toute l’année, ou s’il aura des points morts au milieu de la saison, comme en 2015-2016.
Greg Pateryn : Pour une quelconque raison, Michel Therrien n’aime pas beaucoup Pateryn. Il est bon pour assurer le jeu de transition, il est physique à un point tel qu’aucun autre défenseur du Tricolore ne soutire plus fréquemment la rondelle à l’adversaire que lui et il est exceptionnel au moment de remporter ses batailles pour la rondelle en zone défensive.
Jeff Petry : Après avoir manqué près de la moitié de la dernière saison, jouant la majorité de ses parties en dépit d’une hernie sportive, il semble que bien des gens aient oublié à quel point Petry est bon. Il mène, pour le moment, le Canadien pour le temps de possession généré en zone défensive et il est également le meilleur joueur de l’équipe en jeu de transition. Il n’assure pas la transition aussi souvent que Beaulieu proportionnellement à leur temps d’utilisation respectif, mais il affiche le plus bas taux de revirements commis de l’équipe, ce qui le rend d’autant plus efficace.
Shea Weber : Je ne fus pas trop impressionné par le jeu de Weber en octobre, mois où il a cumulé les buts en marquant sur 25 % de ses tirs. En l’observant de plus près, les performances des gardiens l’avaient tiré d’affaire sur une base régulière, mais cela a changé significativement en novembre. Il a cumulé moins de points en ce deuxième mois du calendrier, mais le jeu de Weber s’est grandement amélioré. Il fut le meilleur défenseur du Canadien en possession au cours de ce mois, ce qui l’a ramené dans les positifs à ce chapitre depuis le début de la saison. Il fut également efficace au moment de neutraliser les chances de marquer à haut risque de son côté de la patinoire. Une chose qu’il faut garder en tête au moment d’évaluer Weber est que Therrien lui assigne des missions extrêmement ardues, alors que près de la moitié de son temps d’utilisation se fait contre les meilleurs éléments adverses. Il y a encore beaucoup de données aléatoires qui obscurcissent les performances de Weber, lui qui affiche le quatrième meilleur PDO au sein de la LNH chez les défenseurs qui ont joué 300 minutes ou plus à cinq contre cinq, se classant même deuxième à ce chapitre en toute situation. Carey Price n’arrêtera pas toujours 98 % des tirs lorsque Weber est sur la glace, mais le jeu de Weber s’est constamment amélioré, ce qui veut dire que cette régression inévitable ne sera peut-être pas aussi dommageable qu’anticipée.