C’est pas comment, c’est combien!
Canadiens samedi, 28 oct. 2017. 22:50 samedi, 28 déc. 2024. 09:19Il en faudra plus pour convaincre les sceptiques. Bien plus pour revenir dans la course aux séries. Mais dans sa situation plus que précaire et contre des Rangers de New York tout aussi misérables et qui ont joué plus mal que lui, le Canadien devait d’abord et avant tout gagner.
Il l’a fait.
Bon! Après une première période au cours de laquelle il a haché finement des Rangers qui n’étaient pas dans le coup, mais alors là pas du tout, le Canadien aurait dû filer lentement mais sûrement vers une victoire facile.
Que non! Il a laissé filer des avances de 3-0 et de 4-2 pour se retrouver nez à nez avec les Blueshirts en troisième période.
Pas besoin de vous dire qu’à ce moment-là, le toit du Centre Bell était à un but des Rangers de s’écrouler.
À lire également
Comme les Rangers jouaient sans la moindre pression tant ils n’avaient pas d’affaire là et que le Canadien nous a habitués très souvent cette saison à être victime de sa trop grande fragilité, j’ai sérieusement cru que le Tricolore inventerait une nouvelle façon de perdre. Surtout que le quatrième but des Rangers, c’est Tomas Plekanec qui l’a marqué en faisant dévier – avec son postérieur – une rondelle tirée hors cible par Brady Skjei de la pointe. Avec une autre tuile de ce genre pour faire plonger les statistiques de Carey Price, je me disais que la fin du monde était proche.
Rendu là, le combien était bien plus important que le comment…
Phillip Danault a complété sa soirée de rêve en marquant le cinquième but du Canadien. Le but de la victoire. C’était son deuxième du match. Il a aussi ajouté deux passes. Statistique plus éclatante encore, Danault a remporté 80 % (12-3) des 15 mises en jeu qu’il a disputées. C’est le plus haut total de mises en jeu disputées par un joueur du Canadien lors du match de samedi.
Parce que Danault a connu un très fort match, parce que son trio a été, et de loin, le meilleur et le plus efficace dans toutes les facettes du jeu, c’est également Danault qui a obtenu le plus de présences (25) et le plus de temps d’utilisation (19:35) de tous les centres du Tricolore, même si Jonathan Drouin a joué deux fois plus que lui en avantage numérique.
Tout ça pour dire que Danault a disputé un match du tonnerre. « J’espère que ça servira à relancer tout le monde », a indiqué l’entraîneur-chef Claude Julien qui a eu la main heureuse en regroupant Danault avec Max Pacioretty et Andrew Shaw.
« Avec ce qu’on a vécu dernièrement, il ne fallait pas perdre ce match-là. C’est sûr qu’après leur remontée, ce qu’on a vécu cette saison a rejoué dans notre tête, mais on a montré du caractère. On était plus affamé ce soir. Nos cinq buts ne sont pas juste de la chance. C’est un bel effort d’équipe. Mes quatre points représentent un bel exploit, mais ce qui compte le plus ce soir, c’est la victoire », a indiqué la première étoile de la rencontre.
Le Canadien devait gagner au moins deux de ses trois matchs cette semaine pour rester dans le coup. Idéalement, il devait battre ses adversaires directs de la Floride et les Rangers qui sont dans son association. C’est fait.
Ces deux victoires permettent donc au Canadien de garder la tête hors de l’eau. Il devra maintenant jouer au moins pour ,500 la semaine prochaine alors qu’il fera des escales à Ottawa lundi, au Minnesota jeudi, avant de disputer deux matchs en deux soirs, samedi et dimanche, à Winnipeg et à Chicago.
Mes observations en marge de la troisième victoire seulement du Canadien cette saison :
- On revoit le Andrew Shaw de Chicago
- Pavelec a aidé la cause du Canadien
- Encore quatre buts contre Carey
- Les ratés de Mete sourient à Alzner
- Les succès discrets de Desharnais
Chiffre du match : Avec ses deux buts et deux mentions d’aide, Phillip Danault a connu le premier match de quatre points de sa carrière dans la LNH.
On revoit le Andrew Shaw des Blackhawks
Je trouve toujours que Marc Bergevin a payé cher l’acquisition d’Andrew Shaw. Payé cher un choix au repêchage alors que les Blackhawks ont sélectionné le prolifique attaquant Alex DeBrincat et un défenseur prometteur en Chad Krys avec les choix de 2e ronde donnés par le Tricolore. Payé cher aussi en années (6 ans) et en argent (23,4 millions $) avec le contrat que le DG du Tricolore a accepté de lui offrir.
Mais en jouant comme il l’a fait samedi contre les Rangers, en jouant comme il le fait depuis qu’il évolue en compagnie de Phillip Danault et Max Pacioretty, Shaw rapporte des dividendes.
Je n’irai pas jusqu’à prétendre qu’il représente une aubaine, ou qu’il vaut son poids en or. Mais il joue bien.
Samedi, Shaw n’a pas obtenu d’étoile. Il en aurait pourtant mérité une. Car sur les deux buts de Danault et sur celui de Pacioretty, Shaw a fait du gros travail. Comme l’a convenu le capitaine après le match : « Shawsy provoque des tas de choses autour du filet adverse. Il va dans les coins. Il bataille. Il sort avec la rondelle. Il est efficace. Il donne le ton à notre trio. Nous profitons d’une belle complicité depuis que nous avons été réunis – en deuxième période du match à Anaheim – autant sur la glace qu’à l’extérieur de la patinoire. »
« On revoit le Andrew Shaw qui faisait si bien à Chicago. Il est impliqué physiquement. Il brasse l’adversaire. Mais en même temps, il complète aussi beaucoup de jeux », a ajouté Claude Julien.
Tout cela est vrai.
Il faudrait aussi ajouter que Shaw s’est souvent montré très utile aux cercles des mises en jeu, particulièrement lors d’attaques massives. Ce qui explique pourquoi il est parfois sur la glace alors qu’Alex Galchenyuk, bien qu’il soit un bien meilleur marqueur, est sur le banc.
Shaw écope encore sa part de pénalité. Des fois plus même. Et c’est vrai qu’il est toujours un brin ou deux plus surveillé par les arbitres que ses coéquipiers. Vrai aussi, que les arbitres sont loin de lui accorder le bénéfice du doute dans les situations corsées.
Mais en jouant comme il l’a fait samedi, en jouant comme il le fait depuis un moment, Shaw rend de bons et loyaux services au Canadien. Et on comprend mieux pourquoi Marc Bergevin tenait tant à le rapatrier à Montréal et pourquoi il s’est montré aussi généreux dans sa quête de l’obtenir.
Pavelec a aidé la cause du Canadien
Loin de moi l’intention de minimiser la portée des cinq buts enfilés par le Canadien samedi soir aux dépens des Rangers en les imputant à la grande générosité du gardien Ondrej Pavelec.
Mais je vais le faire un peu quand même.
Je vais le faire, car Pavelec, comme James Reimer que le Canadien a battu lors de la récente visite des Panthers de la Floride et comme Robyn Lehner que le Canadien a battu à Buffalo lors du match d’ouverture, sont de véritables machines à accorder des rebonds généreux.
Samedi, sur la galerie de presse du Centre Bell, on a gracieusement offert le surnom de Trampoline au gardien Pavelec tant les rondelles rebondissaient lorsqu’elles lui touchaient.
Cela dit, le Canadien a eu le mérite d’en profiter.
D’ailleurs, la stratégie du Canadien mise sur cette forme de générosité des gardiens adverses. C’est l’une des raisons expliquant pourquoi le Tricolore tire si souvent, même si parfois les tirs décochés sont loin d’être dangereux ou de constituer de bonnes occasions de marquer.
Tenez : sur le premier but de Phillip Danault, Andrew Shaw a décoché un tir un brin anodin en direction du filet des Rangers. Derrière ce tir anodin se cachait un jeu non seulement planifié, mais pratiqué par le Canadien lors des entraînements.
On demande aux attaquants de toujours s’assurer d’atteindre la cible sur le premier tir décoché lors d’une poussée. Pas juste d’atteindre la cible, mais de viser la jambière extérieure du gardien afin de mousser les chances de rebonds dans la zone payante.
Danault en a profité sur le tir de Shaw. Il en a aussi profité sur son but de la victoire en milieu de troisième période. C’est aussi sur un rebond que Max Pacioretty a marqué son troisième de la saison. De fait, le Canadien a obtenu je ne sais plus de combien de deuxième et troisième chances sur les 43 rondelles cadrées sur les 71 tirs qu’il a décochés.
Contre des gardiens solides et en pleine possession de leurs moyens, ces tirs n’ont pas aidé le Canadien à marquer depuis le début de la saison. Du moins pas assez.
Mais contre une équipe aussi poreuse en défensive que l’étaient les Rangers hier soir et un gardien aussi généreux que Pavelec l’était samedi soir, la stratégie a payé.
Il serait bon avoir un plan B afin de s’ajuster contre des défensives et des gardiens moins perméables…
Encore quatre buts contre Carey
Bien qu’Ondrej Pavelec ait été très généreux samedi soir et qu’il ait accordé un but de plus que Carey Price, ses 38 arrêts lui ont permis d’éclipser le gardien du Canadien qui a terminé la rencontre avec une efficacité de 84,6 %. Bon, le fait que Price n’ait reçu que 26 tirs ne l’a pas aidé.
Mais il a encore accordé quatre buts.
Ceux qui n’ont pas vu le match ont raison de s’inquiéter face à cette septième sortie déjà cette saison au cours de laquelle Price a accordé au moins quatre buts.
Mais attention!
Sur le premier but, Price n’a jamais vu la rondelle tirée de la pointe par Pavel Buchnevich lors d’une attaque massive. Price devait composer avec la présence de Rick Nash qui lui voilait complètement la vue. Nash n’a pas obtenu de mention d’assistance sur le premier but des Rangers, mais sans lui campé devant le filet, Price – comme tous les gardiens de la LNH, même Pavelec – aurait effectué l’arrêt.
Sur le troisième but, Price ne pouvait rien alors que Mika Zibanejad a profité d’un bel échange de passes en zone du Canadien et du fait qu’il a été oublié par Tomas Plekanec pour tirer dans un filet désert.
Sur le quatrième, c’est Tomas Plekanec – il tentait de repousser Chris Keider qui tentait de nuire à Carey Price – qui a fait dévier la rondelle derrière son gardien. Le tir de la pointe de Brady Skjei aurait raté la cible de trois pieds si la rondelle n’avait pas ricoché sur Plekanec.
Difficile de s’en prendre à Price sur ces trois buts. Injuste même.
Sur le deuxième toutefois, Price a mis en évidence une de ses lacunes remarquées depuis le début de la saison. Pour des raisons que je ne saurais expliquer, Price semble se laisser glisser un brin ou deux trop lors de ses déplacements latéraux. Il s’est même sorti du jeu dangereusement en deuxième période alors qu’il croyait – elle était plutôt dans le coin – avoir la rondelle sous ses jambières.
Sur le deuxième but donc, Price s’est laissé déporter sur sa droite en suivant le jeu, ce qui a permis à Rick Nash de le battre de vitesse dans une course vers l’autre côté du filet.
Est-ce un signe significatif qui pourrait expliquer pourquoi Price n’affiche pas sa tenue habituelle devant la cage du Canadien cette saison?
Je vais m’en remettre aux spécialistes des gardiens. Ce que je ne suis pas.
Mais hormis ce but de Rick Nash, il est injuste de prétendre que Price a été faible ou généreux sur les autres.
Cela dit, ça ne l’aidera pas à digérer sa moyenne d’efficacité de 84,6 % du match de samedi ou à améliorer sa moyenne de 86,9 % en dix matchs cette saison.
Les ratés de Mete sourient à Alzner
Après avoir reçu la confirmation qu’il passerait l’année avec le Canadien et donc le feu vert de l’état-major de se trouver un logement à Montréal, Victor Mete a connu un premier match vraiment difficile samedi.
Limité à 20 présences, il n’a obtenu que 11:01 de temps d’utilisation dont 2:59 en avantage numérique. Jusqu’ici cette saison, le défenseur de 19 ans n’avait jamais joué moins de 16 :43 au cours d’une partie.
Que s’est-il passé? Les Rangers étaient-ils trop rapides ou trop gros pour le défenseur recru?
«Il n’y a pas de raisons spécifiques. Victor ne disputait pas un bon match. Ça allait vite par moments autour de lui et il ne prenait pas les bonnes décisions. Il a commis des erreurs. C’est normal et ça arrive. Et c’est pour cette raison qu’on a décidé de réduire son utilisation à cinq contre cinq», a expliqué Claude Julien.
Le fait que Mete ait été moins occupé a permis à Karl Alzner de l’être beaucoup plus. Utilisé en compagnie de Shea Weber, Alzner a disputé un match solide. Peut-être son meilleur cette saison à mes yeux.
On a revu le défenseur efficace qui faisait très bien son travail avec les Capitals de Washington. Il a gagné ses batailles le long des rampes, il a réussi des sorties de zone, il a asséné quatre mises en échec et a bloqué trois tirs devant Carey Price.
J’ai demandé à Claude Julien si le fait d’avoir plus de temps d’utilisation était de nature à aider un vétéran comme Alzner à connaître de meilleurs matchs.
Il a dit non…
« Il y a des joueurs qui ont besoin de plus de temps que d’autres à oublier le système dans lequel ils évoluaient pour assimiler celui qu’on leur propose. Karl a passé tellement d’années à Washington que le système des Caps dicte sa façon de jouer. Il est à l’aise comme ça. On voit qu’il s’adapte de plus en plus et je suis convaincu que ses performances vont s’améliorer en fonction de cette assimilation de notre système. »
On verra.
Cela dit, s’il est vrai qu’Alzner a connu un match solide et que Mete en a arraché un peu, il est clair que la vitesse du jeune est nécessaire au sein du premier duo.
On va donc mettre le match d’hier sur le compte de la formation…
Les succès discrets de Desharnais
Quand les Rangers ont fait l’acquisition de David Desharnais, il était convenu que l’ancien joueur de centre du Canadien représenterait une police d’assurance. On s’attendait de le voir au sein d’un quatrième trio, peut-être d’un troisième de temps en temps, et d’aller disputer des mises en jeu importantes.
À Montréal samedi, il jouait en compagnie de Matt Zuccarello et Chris Kreider.
Débarqué au Centre Bell avec un dossier de deux buts et cinq points, Desharnais a ajouté une passe. Il a aussi remporté 11 des 19 mises en jeu qu’il a disputées. Une soirée qui lui permet de hausser son taux de réussite à près de 62,8 %.
« J’ai la confiance du coach et c’est toujours bon de jouer et de se sentir appuyé. Je lui dois beaucoup, car je suis convaincu qu’il est à 99 % responsable de ma présence à New York. J’adore mon expérience jusqu’ici. C’est très différent de jouer dans l’anonymat à New York. Je vais aux matchs en métro et personne ne me reconnaît », a indiqué celui qui disputait un premier match au Centre Bell depuis la transaction qui l’a fait passer aux Oilers.
« C’est certain que c’est spécial de revenir ici. J’ai quand même passé neuf ans à Montréal. Mais le fait d’avoir joué à Edmonton m’a aidé à passer à autre chose », a indiqué le vétéran qui est maintenant papa d’un garçon de quatre mois.
Visiblement heureux de se retrouver à Montréal, même entouré de journalistes dans le vestiaire des visiteurs, David Desharnais l’était beaucoup moins de la performance de son équipe. «On est vraiment mal parti alors que le Canadien est sorti vraiment fort. On a bataillé pour revenir, mais ce n’est pas évident de jouer du hockey de rattrapage. C’est ce qui nous arrive souvent depuis le début de la saison. On commence mal nos matchs», a indiqué Desharnais.
Les Rangers, derniers dans la division métropolitaine avec une fiche de 3-7-2, sont rentrés à New York après la rencontre. Ils recevront les très surprenants Golden Knights de Las Vegas mardi.