Changement de philosophie chez le Canadien
Canadiens jeudi, 2 mars 2017. 10:47 dimanche, 24 nov. 2024. 12:40Maintenant que la date limite des transactions est arrivée à échéance, il est temps de décortiquer les dernières emplettes de Marc Bergevin. Certes, les arrivées de Jordie Benn, Brandon Davidson, Steve Ott, Dwight King et Andreas Martinsen n’ont pas de quoi faire saliver les partisans du Canadien, surtout que leur équipe peine récemment à toucher les cordages et qu’aucun de ces joueurs n’est en soi une menace offensive.
Bien que la déception de nombreux amateurs soit parfaitement compréhensible, la vérité toute crue est que le prix à payer en cette journée fatidique était tout simplement ahurissant.
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Prenons l’exemple de Patrick Eaves, un joueur que j’affectionne grandement, ayant eu la chance de voir approximativement une vingtaine de ses rencontres cette année dans le cadre de mes fonctions chez Sportlogiq. Avec 21 filets, Eaves connaît sa meilleure saison offensive dans le circuit Bettman. Son secret, il est une machine pour générer des chances de marquer, excellant pour faire dévier des tirs et récupérer des retours de lancer dans l’enclave. D’ailleurs, 20 de ses 21 buts ont été inscrits depuis cette zone et seuls 29 joueurs ont généré plus de chances de marquer que lui cette saison.
Indéniablement, Eaves connaît la saison de sa carrière et aidera les Ducks en séries éliminatoires, mais vaut-il un choix de second tour, peut-être même de première ronde si les Ducks atteignaient le carré d’as et qu’Eaves disputait plus de la moitié des rencontres jouées en séries? J’en doute. Quoique j’apprécie le travail accompli par cet ailier droit, il faut se rappeler qu’il sera joueur autonome sans compensation à la fin de la présente saison et que c’est la première fois qu’il réalise pareil fait d’armes. Il n’y a aucune garantie qu’il sera de retour dans l’uniforme des Ducks l’année prochaine. La même logique s’applique à Kevin Shattenkirk.
Cette année, pour mettre la main sur un tel joueur, ça allait coûter les yeux de la tête. À moins d’être une formation aspirant immédiatement aux grands honneurs, comme le sont les Capitals de Washington, le jeu n’en valait pas la chandelle. Il ne faut jamais minimiser l’importance des choix au repêchage. Rappelons simplement que le Canadien avait jadis sélectionné un dénommé P.K. Subban en deuxième ronde… Le processus de repêchage est une science inexacte apportant inévitablement son lot de surprises. Même si les prises de la Sainte-Flanelle furent douteuses par moments, sa banque d’espoirs étant aujourd’hui plus que rachitique, le Tricolore ne peut pas se permettre de cracher sur ses droits de sélection et les offrir au premier venu. Avec les plus récents ennuis du Canadien, Marc Bergevin a bien fait de ne pas vider ses coffres. Parfois, les meilleures transactions sont celles que l’on ne fait pas.
Cela n’a tout de même pas empêché Marc Bergevin d’être actif cette semaine, lui qui a greffé cinq nouveaux éléments à son club. Qu’ont en commun toutes ces nouvelles acquisitions? Un physique imposant et un style robuste. Il est probant que le Canadien avait le désir de se grossir. C’est désormais chose faite. En effet, ils font tous osciller le pèse-personne au-delà des 200 livres et seul Steve Ott mesure moins de 6 pieds et deux pouces.
Le Canadien est depuis longtemps reconnu comme une équipe petite et rapide. Peut-être qu’en arrivant à la barre du Canadien, Claude Julien n’a pas aimé ce qu’il a pu y observer en ce sens. Ayant mené les coriaces Bruins de Boston aux grands honneurs, Julien a plutôt l’habitude de diriger des équipes robustes, ce qui est tout le contraire du Canadien. Il serait surprenant que Bergevin ait soudainement décidé à lui seul de changer la philosophie du club, troquant vitesse pour robustesse. Il en résulte qu’avec les arrivées de Martinsen, Benn, King, Davidson et Ott, il n’est plus possible d’affirmer que le Canadien est une équipe frêle physiquement, bien au contraire. Leurs adversaires feront mieux de lever la tête sur la patinoire, sinon ils s’y aventureront à leurs risques et périls. Sur le plan physique, ils sont aussi imposants qu’Alexei Emelin et Michael McCarron, les présents meneurs du Tricolore à ce chapitre.
Tranquillement, mais sûrement, Claude Julien semble implanter son système de jeu. Le Canadien semble même reprendre quelque peu confiance. Il est certain que le Tricolore sera une équipe beaucoup plus difficile à affronter avec ces nouveaux ajouts, mais pour gagner des parties, l’offensive devra sortir de sa grande noirceur. Pacioretty ne peut pas être le seul marqueur régulier de l’équipe et ce ne sont pas les nouveaux venus qui risquent remporter le trophée Maurice-Richard. Les Gallagher, Lekhonen, Byron, Plekanec, Danault ou même Mitchell doivent commencer à noircir la feuille de pointage, sinon le Canadien sera voué à l’échec. La solution doit passer par eux.
Dans les présentes circonstances, Bergevin a fait ce qui était raisonnable pour améliorer son équipe et venir en aide à son nouvel entraîneur-chef, mais le plus gros du travail est loin d’être accompli.