Comment le CH a-t-il pu chuter aussi bas?
Canadiens mercredi, 27 janv. 2016. 09:38 lundi, 25 nov. 2024. 12:44Vous ne savez plus quoi penser de cette équipe? Vous n'êtes pas les seuls. La très grande majorité d'entre nous n'étions pas nés quand le Canadien, pour la dernière fois, a été aussi épouvantablement mauvais.
La dernière fois que cela s'est produit, les athlètes jouaient pour des pinottes. Les billets pour entrer dans le Forum coûtaient 50 cents. On demandait 10 cents, peut-être moins, pour un hot-dog. C'est vous dire à quel point on remonte loin dans le temps.
Pour calmer l'impatience des amateurs, à qui l'organisation la plus titrée du hockey n'a pas offert le moindre défilé en 23 ans, on leur fait miroiter de belles choses. On leur vend du rêve. On parle d'une fenêtre d'opportunité de deux ou trois ans pour gagner une 25e coupe Stanley. S'il y a un aspect positif à l'humiliante dégringolade du Canadien, c'est qu'elle nous permet de réaliser que tout cela n'est pas du tout réaliste. Cette fenêtre n'existe pas vraiment. Pas avec cette équipe-là. Même pas avec Carey Price devant le filet. Quand Price sera de retour, que ce soit en mars ou en octobre prochain, qui va marquer des buts pour lui permettre de gagner si on n'effectue pas un certain ménage?
On sait tous que le ménage ne se fera pas. On sait tous, par exemple, qu'on est pris avec un Tomas Plekanec, frileux et surpayé, pour les deux prochaines années et à un salaire de premier joueur de centre étoile s'il vous plaît. On n'effectuera pas de changements majeurs parce qu'on croit déjà posséder tous les éléments pour y arriver. Or, comparez le personnel du Canadien avec celui des candidats logiques à la prochaine coupe Stanley et constatez par vous-mêmes où nous en sommes à Montréal.
Pour gagner la coupe Stanley, il faut beaucoup de talent. Pas un talent pour rivaliser avec la compétition. Un talent supérieur à tout ce qui existe dans la ligue. Il faut du courage aussi. Il faut avoir le goût de se battre et de souffrir.
Au fait, il est où l'effet du flambeau qu'on demande aux joueurs de porter bien haut avant le premier match de la saison? Ce n'est pas une simple bébelle de marketing cette affaire-là. C'est un geste symbolique qu'on leur demande de faire. Quand le flambeau avait sa vraie valeur, il était brandi avec fierté par des joueurs qui étaient prêts à tout pour le protéger. Avec le temps, il est devenu un symbole, un objet témoignant d'une période glorieuse.
Combien dans cette équipe-là connaissent l'historique du Canadien? Combien d'entre eux réalisent la valeur du geste qu'on leur demande de poser? Quand ils se le transmettent à tour de rôle au centre de la patinoire lors du match inaugural de la saison, les 21 000 spectateurs, qui trépignent d'émotion, en savent beaucoup plus là-dessus que les joueurs eux-mêmes.
Où sont-ils tous passés depuis cette cérémonie annuelle? Comment en sont-ils arrivés à chuter aussi bas? Juste pour ne citer qu'un exemple, est-il normal que Paul Byron, le plus petit joueur de la formation, ait marqué un but de moins que Plekanec et Desharnais? Trois buts de moins qu'un troisième choix de la ligue, Alex Galchenyuk? Qu'il présente le même total de buts que Lars Eller, un autre choix de première ronde? Tout cela après avoir disputé 15 parties de moins qu'eux.
C'est totalement incompréhensible ce qui s'est passé au cours des deux derniers matchs contre Columbus, en principe la plus mauvaise équipe de la ligue, affaiblie par les blessures et qui utilisait un gardien de réserve qui n'a que 12 matchs d'expérience dans le circuit. Battu deux fois en deux soirs par un gardien recrue qu'on ne connaissait pas. Grâce au Canadien, on le connaît maintenant.
Qu'on ne se soit pas présenté, après avoir gagné de peur contre Toronto dans un moment où on se voyait offrir une chance réaliste de remonter au classement, c'est pour le moins embarrassant pour Geoff Molson, pour son organisation et encore davantage pour sa fidèle clientèle.
Et l'entraîneur qui ne se fâche toujours pas. La semaine dernière, Marc Bergevin a déclaré très ouvertement que Michel Therrien était son entraîneur dans les bons comme dans les mauvais moments. Pas question de le remplacer. Je ne doute pas qu'il le pensait vraiment.
D'abord, Therrien est un homme qui travaille aussi fort que son directeur général. Ils ont des responsabilités différentes, mais chacun dans leur sphère, ils sont des bourreaux de travail. De plus, Bergevin n'est pas sans savoir qu'il n'y a aucun autre entraîneur disponible qui pourrait faire mieux que lui dans les circonstances. Oubliez les Guy Boucher et les Marc Crawford de ce monde. Aucun entraîneur ne peut connaître du succès dans cette ligue sans la contribution d'un gardien établi. J'imagine que Bergevin tient compte de cela.
Alors, comme Therrien est supposément solidement en selle, qu'est-ce qui l'empêche de lever le ton après d'aussi piètres performances? Pourquoi ne mentionne-t-il pas des noms pour une fois au lieu de ruminer une colère de toute façon très évidente? D'autres, ailleurs, le font sans perdre leur vestiaire. Ne serait-il pas approprié que les joueurs sachent qu'ils ont un boss et que ce boss-là en a marre de les protéger?
Je ne prétends pas qu'il faille agir de cette façon trop souvent, mais quand les joueurs contribuent à jeter du discrédit sur une organisation qui les traite royalement, en baissant les bras contre la 30e équipe au classement, le moment ne serait-il pas bien choisi pour l'entraîneur de leur dire leurs quatre vérités?
On en a marre de les voir jouer mollement quand leur saison est en jeu. On en a marre de les entendre sortir les mêmes cassettes soir après soir pour expliquer pourquoi ils ne gagnent pas. Et, disons-le, on en a marre de voir l'entraîneur encaisser tous les coups sans distribuer quelques jabs.
Parlant de jabs, pendant qu'ils seront tous en vacances, il y en a un qui va se battre sur leur patinoire samedi soir et dont ils pourraient s'inspirer. Jean Pascal n'est pas l'athlète le plus populaire en ville, mais on ne pourra jamais douter de son courage. Contre Sergey Kovalev, une bête dangereuse à tous les points de vue, Pascal sait que ça va faire mal. Il sait qu'il sera en douleur après la soirée, mais il va quand même aller se mettre le nez sous les poings explosifs de Kovalev durant toute la soirée. Plus important encore, c'est à sa demande qu'il retourne se faire matraquer par Kovakev. Parce qu'il est tenace, coriace et parce qu'il veut gagner, peu importe le prix à payer.
Juste avec la moitié de ce courage-là, les joueurs du Canadien accompliraient de très belles choses. Juste avec la moitié de ce courage, ils éviteraient d'être reconnus actuellement comme l'une des formations les plus faciles à battre dans toute la Ligue nationale.
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