Bien plus que la victoire de 2-1 du Canadien aux dépens des Blue Jackets de Columbus, c’est l’état de santé de Nathan Beaulieu et surtout le fait qu’il se soit rendu au banc des pénalités et non dans la chambre de repos après avoir été mis K.-O. en fin de période médiane qui retenait l’attention après le match de mardi.

Sonné par le capitaine des Jackets Nick Foligno au point de ne plus être en mesure de se tenir debout au terme d’une bagarre, Beaulieu a pris la direction du cachot plutôt que celle du vestiaire.

ContentId(3.1164177):Canadiens : bagarre entre Nick Foligno et Nathan Beaulieu
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Comment expliquer cette décision surprenante? Une décision qui place la LNH dans une position précaire alors que la question des commotions cérébrales et surtout des conséquences néfastes qu’elles entraînent est au centre d’une importante guerre juridique opposant la Ligue et une centaine d’anciens joueurs qui dénoncent justement l’attitude désinvolte de la LNH, de ses dirigeants et de ses équipes face au fléau que représentent les commotions?

« Être assis au banc des punitions ou être assis dans une chaise berçante dans la chambre noire, il n’y a pas grand-chose de différent », a lancé un Michel Therrien exaspéré par l’insistance des journalistes après le match.

Les différences sont pourtant évidentes entre le fait d’être assis devant une foule de plus de 21 000 personnes, dans le bruit et le tumulte reliés à l’animation assourdissante du Centre Bell, sous de forts projecteurs, et de se retrouver dans une chambre noire et silencieuse sous surveillance médicale.

Observateur et protocole

Cela dit, la décision d’envoyer Beaulieu au banc des pénalités plutôt qu’en salle de repos ne revenait pas à l’entraîneur-chef. Elle revenait au personnel médical du Canadien et à l’observateur mandaté par les équipes ou la Ligue.

ContentId(3.1164213):Canadiens : reportage de Chantal Machabée sur la victoire du Canadien
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Cet observateur suit le déroulement du match. C’est lui qui doit s’interposer lorsqu’il perçoit des signes de détresse de la part d’un joueur victime d’un coup à la tête. Une décision qu’il prend en consultant une liste de critères établis par la LNH pour déclencher le protocole instauré afin de déceler les commotions et empêcher les joueurs qui en sont victimes de retourner dans l’action.

Parce que le Canadien a remis entre les mains de la LNH la responsabilité d’embaucher un tel observateur - les 30 équipes ont le choix d’en nommer un ou de transférer cette responsabilité à la LNH, mais l’observateur doit être clairement identifié avant chaque match -, c’est un officiel mineur campé sur la galerie de presse qui remplit ce rôle au Centre Bell. C’est également le cas au Air Canada Centre à Toronto.

« Je sais qu’on a un "spotter" (observateur) mais je ne sais pas où il est assis et je n’ai pas de communication avec lui. Si le joueur ne s’était pas bien senti, il n’aurait pas été là. Nathan a purgé sa pénalité. Il n’a pas rejoué de la période - Beaulieu a écopé de sa pénalité majeure avec 9 min 4 s à écouler en deuxième - et il a suivi le protocole avec les médecins entre la deuxième et la troisième période. Il disait bien se sentir. Les médecins nous ont dit qu’il était en mesure de jouer. Il est donc revenu en troisième et a disputé toute une période », a défilé l’entraîneur-chef du Canadien.

Bien que l’observateur de la LNH n’ait pas contacté l’équipe médicale du Canadien, les médecins du Tricolore auraient pu rappeler Nathan Beaulieu au vestiaire. La décision de le garder au banc des pénalités a d’ailleurs soulevé des questions du côté de la direction de la LNH.

Loin des journalistes

Nathan Beaulieu a effectué huit présences totalisant 7 min 4 s en troisième période. Il a offert du jeu soutenu en dépit du K.-O. évident subi en deuxième. Un K.-O. que Nick Foligno a d’ailleurs confirmé après le match. « Il m’a atteint solidement à quelques reprises, mais je l’ai pincé plus solidement encore. Il était parti. Regardez-lui les yeux et vous comprendrez », a commenté le capitaine des Blue Jackets qui a d’ailleurs cessé de frapper Beaulieu dès qu’il s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus se tenir debout.

S’il a été en mesure de jouer, et de bien jouer faut-il l’admettre, Nathan Beaulieu n’était toutefois pas en mesure de venir répondre aux questions des journalistes après le match. Il a plutôt été gardé à l’infirmerie pour appliquer de la glace sous son œil tuméfié, ont plaidé les responsables des communications.

Subban et Pacioretty solidaires

Croisé dans le vestiaire du Tricolore après la rencontre, le capitaine Max Pacioretty et le défenseur étoile P.K. Subban ont insisté sur le sérieux démontré par tous les membres de l’équipe médicale du Tricolore en matière de commotions et insisté aussi sur la confiance qu’ils leur vouaient.

« Nous avons une part de responsabilité comme joueur. Je ne sais pas comment Nathan se sentait. À le voir aller en troisième, il semblait très bien aller. Dans mon cas, je ne prendrais jamais de chance et je resterais au vestiaire si j’avais le moindre doute quant à ma capacité de jouer. Mais je peux t’assurer que nos soigneurs et nos médecins nous incitent toujours à la plus grande prudence dans ces situations », a indiqué P.K. Subban.

Max Pacioretty s’est placé dans une position de vulnérabilité l’an dernier. Et il admet qu’il s’en remettrait exclusivement à la volonté des médecins s’il devait revivre pareille situation. « Je me suis fait sonner solidement l’an dernier en Floride. J’ai complètement perdu la carte. Ça m’a atteint dans ma fierté. J’avais honte d’avoir été sonné devant mes coéquipiers et je répétais constamment que j’étais OK. Que je voulais continuer. C’était toutefois une erreur. Une erreur que je ne répéterais plus quand je pense à la vie après ma carrière, à ma famille », a convenu Pacioretty.

« Nathan a démontré beaucoup de courage en voulant défendre un coéquipier - Foligno venait de sortir le genou le long de la bande devant Thomas Fleischmann -, mais au-delà de l’esprit de corps qu’il a démontré, Nathan doit aussi comprendre que nous n’attendons pas qu’il jette les gants comme ça. Il a trop de talent et est trop important pour l’équipe sur le plan hockey pour qu’il se place dans ce genre de situation », a conclu le capitaine du Canadien.

Le Canadien s’entraînera à 11 h 30 mercredi. Il sera intéressant de voir si Beaulieu aura vraiment évité le pire et patinera en compagnie de ses coéquipiers où s’il sera ennuyé par les contrecoups du K.-O. subi mardi soir. Des contrecoups qui se font souvent sentir le lendemain, le surlendemain, voire lors des quelques jours qui suivent l’impact initial.

On va bien sûr souhaiter à Beaulieu d’abord et au Canadien ensuite que ce sera le scénario le plus heureux qui défilera.

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Therrien a appuyé sur les bons boutons
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