Quand un club traverse un passage à vide comme celui au milieu duquel le Canadien s’enlise en ce moment, il est normal de vouloir éviter la panique ; de relever les points positifs ; de tenter de mousser la confiance au lieu de la miner davantage qu’elle semble l’être déjà.

Mais il a des limites à ne pas dépasser.

Vrai que le Canadien a obtenu plus de tirs que les Predators lundi soir. Mais combien de ces 36 tirs ont obligé Pekka Rinne à se surpasser ? Cinq ? Huit ? Dix ? Peu importe la réponse qui vous convient, la seule réponse correcte à mes yeux est : pas assez pour tirer de cette équation un semblant de victoire morale.

Le Canadien s’est fait voler par Jonathan Quick des Kings de Los Angeles jeudi dernier. Il s’est aussi fait voler par Braden Holtby lors du début de la glissade amorcée le 3 décembre dans un revers aux mains des Capitals de Washington.

En ce qui a trait au match d’hier, il est nettement exagéré de parler de vol. Rinne qui, avec Price et Holtby, compte parmi les meilleurs gardiens de la Ligue a disputé un match solide. Un match à l’image de ceux qu’il dispute quand il offre une véritable chance de gagner à son club. Mais de vol, il n’a pas commis. Ça non !

Parler de vol est non seulement exagéré. Cela traduit même une forme de complaisance dans la défaite. Et ça, c’est dangereux. Car ça offre une porte de sortie d’urgence à des joueurs qui devraient sérieusement se remettre en question.

Effort oui, efficacité pas du tout

Le Canadien a eu la rondelle plus souvent que les Predators. J’en conviens. C’est pour cette raison qu’il a décoché un total de 63 tirs (36 ont atteint la cible) alors que les Predators de sont «contentés» de tirer 32 fois.

On jase: la faute à qui?

Mais au lieu de se satisfaire de ces statistiques qui l’avantagent, le Canadien devrait au contraire se montrer un brin ou deux plus inquiets. Car en dépit de ces «dominations» il a été incapable d’égaler le niveau d’efficacité des Predators. C’est l’une des raisons qui expliquent pourquoi le Canadien n’a marqué que trois buts à ses trois derniers matchs. Pourquoi il s’est contenté de 14 buts à ses huit dernières parties.

Les joueurs du Canadien et leur entraîneur-chef peuvent bien se consoler en disant que l’effort est là. Ce qui n’est pas faux. Mais l’effort optimal, celui qui permet de transformer des occasions de marquer en buts, n’y est pas. Ou pas assez. Surtout de la part des gros canons. Ou de ceux qui sont censés être les tireurs d’élite.

C’est pour cette raison que j’accepte mal que même en voulant éviter de paniquer on puisse passer sous silence la timidité offensive des Pacioretty (1 but et 1 passe à ses 8 derniers matchs), Subban (3 passes à ses 9 derniers matchs et un but seulement cette saison), Plekanec (2 passes à ses 8 derniers matchs), Desharnais (1 passe à ses 13 derniers matchs), Eller (1 but à ses 10 derniers matchs) et même Markov qui, malgré que je sois en désaccord avec l’utilisation qu’on lui réserve, n’affiche quand même qu’une seule passe à ses 11 dernières parties.

Le hockey est un sport de résultat. Et comme l’a admis P.K. Subban dans le vestiaire après cette autre défaite, lui et ses coéquipiers ne jouent pas assez bien en ce moment pour gagner.

« On domine à tous les aspects, sauf au pointage »

C’est la triste réalité.

La preuve : les Preds ont peut-être eu la rondelle moins souvent que le Canadien et ils ont peut-être tiré moins souvent. Mais quand ils l’ont fait, ils ont non seulement visé juste, mais ils ont orchestré des attaques dignes de ce nom. Ils ont déstabilisé la défensive déjà pas mal instable du Canadien. Ils ont été incisifs dans leurs poussées vers le but du Canadien. Ils ont été intraitables avec les gardiens du Tricolore.

Gardiens vulnérables

Personne ne prétendra que Dustin Tokarski ou Mike Condon n’a joué à la hauteur de Pekka Rinne lundi soir. De toute façon ce serait un accident de parcours si cela arrivait.

Mais devant des gardiens auxiliaires, les Predators ne se sont pas contentés de tirer à blanc. Ils ont tiré pour vrai en compliquant le travail des gardiens, en prenant le devant du but d’assaut ou en profitant de la générosité des joueurs du Canadien pour s’avancer un peu plus pour mousser la vulnérabilité de gardiens déjà pas mal vulnérables.

Je veux bien croire qu’il soit plus difficile d’afficher la même confiance devant Tokarski ou Condon que devant Carey Price. Mais quand le Canadien jouait bien en début de saison, Condon paraissait très bien en relève du meilleur gardien au monde. Et le Canadien gagnait sans son meilleur joueur.

ContentId(3.1166442):Canadiens: Incapable d'acheter une victoire
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Il est donc trop facile aujourd’hui d’imputer au manque de confiance généré par les gardiens le fait que le Canadien soit poreux en défensive et qu’il se contente de tirer souvent, mais de le faire sans vraiment être assez menaçant pour gagner.

On pourra décrier le travail de Condon et Tokarski tant qu’on voudra, mais même avec Carey Price devant le filet, il y a fort à parier que le Canadien aurait perdu plus souvent qu’il aurait gagné au cours des trois derniers matchs en se contentant de trois petits buts. Qu’il aurait perdu plus souvent qu’il n’aurait gagné en ne marquant que 14 fois lors des huit dernières parties.

Il n’afficherait peut-être pas sept revers en huit parties, d’accord. Mais il serait malgré tout dans le trouble parce qu’il est encore impossible de gagner au hockey sans marquer au moins un but de plus que l’adversaire.

Impossible de dire si le Canadien prolongera à neuf sa séquence de revers depuis 10 matchs ce soir au Minnesota. Il est toutefois facile de prédire que le Wild, qui avait pris une avance rapide de 2-0 avant de subir un revers de 6-3 aux mains des Stars de Dallas, aura soif de vengeance mardi soir. Il est aussi très facile de prévoir que si le Canadien n’arrive pas à marquer plus de deux buts, ses chances de victoires seront aussi minces que celles de célébrer un Noël blanc…