Il y a des défaites qui font mal. Il y en a d’autres qui font très mal. Celle de samedi aux mains des Predators de Nashville fait plus mal encore.

Elle fait mal, car le Canadien a laissé filer au moins un point alors que le jeune, mais déjà excellent Seth Jones a donné une victoire de 2-1 à son équipe. Une victoire à l’arrachée puisque ce but a été enfilé avec 87 secondes seulement à écouler en troisième.

Elle fait plus mal encore, parce que le Canadien, avant ce but décisif de Jones, venait de rater une chance en or de mettre deux points en banque alors que Matt Hendricks s’est retrouvé au banc des pénalités après qu’il eut tiré la rondelle dans la foule.

C’était le troisième avantage numérique du Canadien en troisième période. Le cinquième du match.

Mais comme lors des quatre premiers, le Canadien s’est buté à Pekka Rinne, à l’excellent duo d’arrières composé de Shea Weber et Seth Jones et à leurs coéquipiers qui ont travaillé sans relâche lors de ces cinq désavantages. En fait non : durant tout le match.

Deux autres blessés

Cette défaite fait très mal parce Daniel Brière a été victime d’une commotion cérébrale lorsqu'il est entré en collision avec Eric Nystrom en zone des Preds. Une collision accidentelle alors que les deux joueurs regardaient la rondelle au lieu de regarder où ils allaient. Et comme Nystrom est plus grand que Brière, son épaule a heurté la tête du joueur du Canadien qui a retraité au vestiaire.

Brière n’est évidemment pas revenu au jeu. Le prochain match du Canadien étant mardi, il faudra voir si le repos des deux prochains jours lui permettra de se remettre ou s’il sera hors combat quelque temps.

Bon! Plusieurs profiteront de l’occasion pour clamer que la perte du vétéran est loin d’être grave en raison de son lent début de saison.

C’est trop facile.

Je veux bien que Brière ouvre les flancs à de telles critiques avec son jeu nettement en deçà des attentes depuis le début de l’année. Mais il demeure un joueur de talent qui devra contribuer aux succès du Canadien si le Tricolore tient à accéder aux séries.

Outre Brière, Brandon Prust a lui aussi dû mettre un terme hâtif à son match. Prust s’est retrouvé tête première dans la bande après qu’il eut perdu l’équilibre alors qu’il s’apprêtait à asséner une mise en échec à Victor Bartley.

Prust s’est cogné la tête. C’est évident. Mais il se tenait aussi, et surtout, l’épaule gauche qui a encaissé le gros de l’impact. La même épaule qui avait cédé l’an dernier sur un jeu similaire si ma mémoire ne me joue pas de vilain tour.

Que fera Bergevin?

Brière et Prust seront-ils absents pour un, trois, cinq, dix matchs? Joueront-ils dès mardi contre les Oilers qui seront au Centre Bell pour tenter de venger leur revers de la semaine dernière lorsque le Tricolore a fait escale à Edmonton?

Je ne sais pas.

Ce que je sais toutefois, c’est qu’en ce dimanche de congé pour tous les joueurs de son équipe, Marc Bergevin fera un voyage éclair à Toronto pour assister au match entre son club-école et celui des Maple Leafs. Bon! Le DG du Canadien avait peut-être déjà ce duel Bulldogs-Marlies à son agenda.

Mais peu importe qu’il devait déjà s’y rendre ou qu’il ait décidé de réserver une place à la dernière minute, il suivra le match avec un œil différent. Au lieu d’analyser les améliorations des jeunes qui évoluent à Hamilton, Bergevin tentera de voir s’il peut en ramener un ou deux avec lui à Montréal afin de pallier une liste de blessés qui commence à s’allonger.

Pacioretty, Prust, Brière, Emelin et Murray. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça donne un trio pas pire du tout et un duo de défenseurs capables de distribuer de bonnes mises en échec et de bien protéger le devant du filet.

Weber et Jones : quel duo!

Pourquoi le Canadien a perdu hier?

Parce qu’à l’image de son match à Calgary en ouverture de voyage dans l’Ouest, le Canadien s’est contenté de demi-efforts en première période.

Contre une équipe grosse, lourde et malgré tout assez rapide, une équipe bien dirigée, une équipe qui travaille, le Canadien a laissé son gardien en pâture.

N’eût été des 13 arrêts de Carey Price en première et des 16 autres effectués au deuxième tiers, il n’y aura pas même eu de match.

Mais parce que le gardien du Canadien a gardé ses coéquipiers dans le coup, le Tricolore a nivelé les chances et aurait facilement pu l’emporter. Car en troisième, malgré les trois échecs en attaque à cinq, le Canadien a beaucoup mieux joué.

Mais si le Canadien ne méritait pas vraiment de gagner, les Predators eux sont loin d’avoir volé les deux points.

Derrière leur capitaine Shea Weber qui a donné le ton en passant près de la moitié (28:43) du match sur la patinoire – ce qu’il aurait sans doute fait n’eut été de la pénalité mineure qu’il a écopée en troisième – les Predators ont mieux et plus travaillé que le Canadien.

Seth Jones a continué à exceller. C’est évident que le fait de jouer avec Weber aide le jeune défenseur de 19 ans. Prétendre le contraire serait absurde. Mais ses 32 présences totalisant 27 min 29 s d’utilisation – c’est plus que Markov (27:08) qui a été le meilleur du Canadien à ce chapitre – ont permis à tous les amateurs de hockey réunis au Centre Bell et à ceux qui suivaient le match à la télé de constater à quel point tout le bien qu’on disait de lui était loin d’être exagéré.

Encore les jeunes

Dans le camp du Canadien, on doit dire du bien, beaucoup de bien une fois encore, du trio des jeunes.

Quelle sortie encore hier d'Eller, de Galchenyuk et de Gallagher, qui a non seulement marqué le seul but de son équipe – son 4e de la saison – mais qui a obtenu un total de neuf tirs au but. Avec les 4 tirs d'Eller et celui de Galchenyuk, le trio des jeunes a obtenu 14 des 29 tirs du Canadien samedi soir.

C’est assez proche de la moitié ça, mettons!

Si ce n’est pas assez pour vous convaincre du fait que le trio des jeunes est bel et bien le premier du Canadien, l’entraîneur-chef des Predators a pris les moyens pour le confirmer.

Envoyés sur la patinoire pour la mise en jeu initiale, les défenseurs Kevin Klein et Mattias Ekholm ont retraité au banc après deux secondes afin d’être remplacés par Weber et Jones que l’entraîneur-chef des Predators a tenté d’opposer au trio des jeunes tout au long du match.

Si un coach, un très bon entraîneur en plus puisque Trotz jouit d’une réputation enviable dans la LNH, un très bon coach d’une équipe reconnue pour l’importance qu’elle accorde au jeu défensif, décide d’opposer ses deux piliers défensifs à un trio en particulier, c’est que ce trio est le meilleur de l’équipe contre qui les Predators jouent.

Et vous savez quoi? Les jeunes l’ont prouvé encore.

Car si les autres trios n’ont pu profiter du fait qu’ils n’avaient pas Weber et Jones dans les patins pour s’imposer sur le glace, le trio des jeunes a fait payer aux Predators l’absence de Weber et Jones sur la patinoire en même temps qu’eux en marquant le but qui nivelait les chances.

Desharnais invisible

Aussi bons et énergiques soient-ils, Eller, Galchenyuk et Gallagher, sans oublier Carey Price devant son but, pourront difficilement faire gagner le Canadien a eux seuls. Il faudra plus d’appui des autres trios. Un appui qui fait cruellement défaut en ce moment.

David Desharnais a encore été très discret hier. Trop. Beaucoup trop.

Il n’est pas normal du tout qu’on ait davantage vu Michael Bournival que celui qui était le premier centre du Canadien il y à peine deux ans.

Sans rien enlever à Bournival qui y met toute la gomme et donne tout ce qu’il a à donner, peut-être même un brin plus, ça n’a pas de sens de voir Desharnais dans une telle torpeur.

C’est même inquiétant.

Surtout qu’en plus d’être blanchi de la feuille de pointage – pas de point, pas de tir, pas de rondelle perdue, pas de rondelle volée, par de tir bloqué, rien – Desharnais a perdu 8 des 11 mises en jeu qu’il a disputées.

Je ne lis plus les commentaires assassins de ses détracteurs. De un parce que ça commence à sentir l’acharnement. De deux, parce que je suis à court d’arguments pour faire contrepoids à tous ces verdicts implacables.

Desharnais doit s’y mettre, car bientôt, même de solides performances dans plusieurs matchs consécutifs ne pourront plus faire oublier ses trop fréquents passages à vide.

Avant d’être blessé, Brière n’en donnait pas beaucoup non plus. Pas assez en tout cas. On pourrait ensuite ajouter les noms de Plekanec, Gionta, Bourque au passage.

Une chance que le trio des jeunes joue comme le premier trio en ce moment. Car derrière, ça fait dur.

Bon dimanche.