Le Canadien va de surprise en surprise
Canadiens mardi, 25 mars 2014. 09:44 lundi, 23 déc. 2024. 20:15Je veux bien croire qu’après 12 victoires de suite les Bruins étaient dus pour en perdre une à un moment donné. Je veux bien croire aussi qu’à leur retour à Boston après une semaine au cours de laquelle ils ont fait des escales au New Jersey, au Colorado et dans le désert de l’Arizona, les Bruins pouvaient souffrir de ce principe – qui n’a rien de scientifique et qui ne se vérifie pas toujours – selon lequel le premier match à domicile au terme d’un long voyage est toujours difficile.
Mais encore!
Il serait bête de minimiser la portée de la victoire du Canadien qui a quand même battu l’équipe de l’heure dans la LNH. La meilleure dans l’Est. Peut-être pas la plus spectaculaire, mais la plus organisée, la mieux nantie en attaque, la plus hermétique en défensive, la plus unie lorsque vient le temps de se serrer – ou de sortir – les coudes, et certainement l’une des mieux dirigées de la LNH au grand complet.
Et parce que le Canadien a battu cette meilleure équipe de l’Est privé qu’il était de son gardien numéro un, privé des deux tiers de son quatrième trio qui s’est retrouvé à l’infirmerie avant même la fin de la première minute de jeu, privé de son premier trio qui n’a rien cassé, diminuer la portée de cette victoire serait non seulement injuste, ce serait aussi un brin ou deux malhonnête.
Je ne prétends pas que le Canadien a joué un match sans faille. Qu’il a pulvérisé son grand rival de la Nouvelle-Angleterre. Ça non! Car en fait de temps de possession de rondelle, les Bruins ont nettement eu le dessus sur le Tricolore. Les 65 tirs tentés par Boston – 29 cadrés, 20 bloqués et 16 qui ont raté la cible – 65 tirs auxquels on peut ajouter quelques poteaux contre 47 pour le Tricolore – 22 cadrés, 15 bloqués et 10 qui ont raté la cible – donnent d’ailleurs une bonne indication de la domination des Bruins à ce chapitre.
Mais comme il l’a fait plusieurs fois depuis le début de l’année, le Canadien a été juste assez chanceux, juste assez opportuniste, juste assez bon pour surprendre un rival contre qui on ne lui donnait pas beaucoup de chances de gagner.
Et ça, on ne peut pas le lui enlever.
Est-ce que cette victoire devrait donner confiance aux partisans du CH quant à ses chances de battre les Bruins dans un éventuel face-à-face en séries éliminatoires?
Ou déstabiliser les Bruins et leurs partisans au point de redouter un tel affrontement contre le Canadien et ses fantômes qui ont si souvent hanté les Bruins une fois en séries?
Je n’irais pas jusque-là.
Mais quand on regarde le parcours du Canadien depuis le début de la saison régulière, il affiche un dossier de trois victoires et un revers seulement contre Boston.
Ce n’est pas rien.
Il est aussi l’un des rares clubs qui peut se vanter d’avoir battu deux fois les Penguins de Pittsburgh et deux fois également les Ducks d’Anaheim, sans oublier qu’il pourrait répéter l’exploit s’il parvient à battre les Blackhawks, à Chicago, le 9 avril prochain.
Ce serait une surprise de plus à une saison remplie de surprises?
Je veux bien.
Mais à force d’aller de surprise en surprise, il faudra bien offrir au Canadien, à son entraîneur-chef Michel Therrien et à son équipe d’adjoints, à commencer par Stéphane Waite, tout le mérite qui leur revient.
Car bien qu’on puisse parler de surprise, il n’en demeure pas moins que le Canadien occupe le 4e rang dans l’Association Est, le 10e au classement général du circuit.
Ce n’est pas rien.
D’autant que plusieurs – moi le premier – ne lui donnaient pas de grosses chances d’accéder aux séries. Sans oublier que la troupe de Michel Therrien a su rebondir deux ou trois fois cette année alors qu’elle traversait des tempêtes qui auraient facilement pu la faire sombrer.
Plombiers efficaces
Venu en relève à Carey Price que le Canadien a décidé de ménager encore un peu lundi à Boston, Peter Budaj a fait le travail.
Le gardien slovaque n’a rien de rassurant devant le filet. Son style échevelé nous garde en haleine. C’est vrai. Mais il a fait la job une fois encore.
Devant lui, Alexei Emelin a donné le ton en assénant une bonne mise en échec à Milan Lucic. Un beau coup de hanche qui a envoyé le gros attaquant cul par-dessus tête et qui lui a fait perdre la tête et celle de quelques coéquipiers.
Car non seulement Zdeno Chara a écopé une pénalité de réaction après être venu venger son jeune coéquipier, mais Lucic a passé le reste de la soirée à chercher noise à Emelin et aux joueurs du Canadien en général.
Son coup de bâton par-derrière en direction de l’entrejambe du défenseur russe lui vaudra d’ailleurs un coup de fil – et sans doute une amende de 5000 $ sinon une suspension d’un match – de la part de Brendan Shanahan ou d’un de ses adjoints du bureau de la sécurité des joueurs.
Brad Marchand a perdu le peu de contrôle qu’il détient plus tard dans le match, sans oublier que Johnny Boychuk est tombé dans le jeu de P.K. Subban qui n’a pas besoin de parler beaucoup pour déstabiliser les Bruins.
Outre Emelin qui a mis le feu aux poudres avec son solide coup de hanche, Mike Weaver – il a disputé peut-être son meilleur match de la saison – a asséné tout un coup d’épaule à Daniel Paille, sans oublier Douglas Murray qui a aidé la cause de son gardien en se dressant entre les attaquants des Bruins et Peter Budaj.
Dès que Murray tentait de jouer au hockey, c’était moins évident. C’était même difficile comme on l’a vu en fin de rencontre alors qu’il a commis, une, deux, trois erreurs dans la dernière minute de jeu. Comme s’il tenait à permettre aux Bruins de prolonger à 13 leur série de victoires consécutives.
Mais dans l’ensemble, les défenseurs plombiers du Canadien ont fait le travail. Et du très bon dans les cas d’Emelin et Weaver.
Gionta sensationnel
Et que dire du capitaine? Un capitaine que trop de journalistes et de partisans décrient depuis le début de la saison.
Dans un rôle de soutien qui lui va bien mieux qu’un rôle de premier plan au sein de l’un des deux premiers trios, Gionta a été impérial à Boston.
Particulièrement en désavantage numérique alors qu’il a bloqué des tirs (4) en plus d’intercepter beaucoup plus de passes des Bruins en territoire du Tricolore pour freiner les élans des Bruins qui ont été limités à un but en six avantages numériques.
Dont quatre consécutifs au cours de la seule troisième période.
Quatre attaques massives offertes aux Bruins qui ont fait bondir les fans du Canadien qui se sont alors mis à crier à l’injustice. Je vous accorde que la pénalité aux dépens de Brendan Gallagher était tirée par les cheveux un brin ou deux. Mais les trois autres? Plekanec (double-échec), Bouillon (bâton élevé) et même Murray qui a décidé d’agripper un adversaire méritaient leur sort.
Sans oublier que les fans du Canadien étaient loin de pourfendre les arbitres quand les Bruins avaient écopé six des huit premières pénalités mineures en début de partie.
Deux autres points
Bien qu’inattendus, les deux points récoltés à Boston hier confirment un peu plus la place du Canadien en séries.
Ils lui permettent aussi de maintenir le coude à coude avec le Lightning de Tampa Bay dans la lutte pour l’obtention de l’avantage de la patinoire dans l’éventualité d’un rendez-vous Montréal-Tampa.
Oui! Le Lightning a toujours un match en main. Mais si la tendance se maintient et qu’il y avait égalité à la fin du calendrier régulier, le Canadien devancerait le Lightning parce qu’il affiche une victoire de plus en temps réglementaire et en prolongation, premier critère pris en considération pour départager les clubs à égalité lorsqu’ils ont disputé le même nombre de matchs.
Sans oublier qu’à l’image de la remontée historique d’il y a deux semaines aux dépens des Sénateurs d’Ottawa, la victoire de lundi à Boston permet au Canadien de se présenter sans pression devant les Sabres de Buffalo.
Les Sabres forment la pire équipe de la LNH. Mais ils jouent sans pression, ce qui ne rend pas toujours les duels contre eux évidents. Un club obligé de les battre pourrait perdre ses moyens si la partie ne devait pas se dérouler comme prévu.
Comprenez-moi bien! Le Canadien a besoin des deux points à l’enjeu ce soir. Et ce serait bête de perdre ces deux points contre un club aussi dégarni. Une façon polie de dire que les Sabres sont poches!
Mais parce que ces deux points ne représentent pas une question de vie ou de mort, il sera plus facile de les ramasser sur la patinoire.
Du moins ça devrait…
Chiffres du match
1 – Jordan Caron est le seul joueur des Bruins à présenter un différentiel négatif (-5 en 28 matchs disputés) cette saison…
2 – Bien qu’ils aient perdu hier, les Bruins n’affichent que deux revers en temps réglementaire à leurs 26 dernières parties (20-2-4)…
8 – P.K. Subban a seulement obtenu 3 tirs au filet sur les 11 tentés. Huit ont été bloqués en défensive et deux autres ont raté la cible…
9 – Subban peut toutefois se consoler avec le fait que son vis-à-vis Torey Krug a vu les joueurs du Canadien bloquer 9 des 11 tirs qu’il a décochés en direction du filet de Petr Budaj…
16 – En récoltant un point dans la défaite, les Bruins ont consolidé leur première place dans la LNH avec une récolte de 16 points (7-13-2) dans le cadre des matchs au cours desquels ils tiraient de l’arrière après deux périodes…
45 – Avec leur but marqué au dernier tiers aux dépens du Tricolore lundi, les Bruins affichent maintenant 93 buts inscrits en troisième période contre seulement 48 accordés. Un différentiel de +45 qui est, de très loin, le meilleur de la LNH…
47 : Malgré la défaite de lundi, les Bruins dominent toujours la LNH avec 47 victoires en temps réglementaire ou prolongation. Trois de plus que les Ducks d’Anaheim qui les suivent. Les Sabres de Buffalo croupissent au dernier rang avec 14.