Jean Béliveau et Henri Richard ne seront pas remplacés comme ambassadeurs chez le Canadien
Canadiens mercredi, 25 nov. 2015. 09:33 vendredi, 13 déc. 2024. 12:49Il y avait cinq ambassadeurs chez le Canadien. Cinq gagnants totalisant 41 coupes Stanley qui étaient chargés d'aller prêcher la bonne parole d'un bout à l'autre du pays. Ils ne faisaient pas de la figuration uniquement pour ressasser de très beaux souvenirs. Ils étaient des salariés jouissant chacun d'un contrat annuel.
Si j'en parle à l'imparfait, c'est parce qu'ils ne sont plus que trois. Jean Béliveau est décédé tandis que la santé du valeureux Henri Richard ne lui permet plus de servir la bonne cause. Les autres sont Guy Lafleur, Yvan Cournoyer et Réjean Houle.
Béliveau et Richard ne seront pas remplacés. Ainsi en a décidé la direction de l'équipe. Ce qui ne veut pas dire que le Canadien sera moins bien représenté dans la communauté ou ailleurs. Au contraire, l'équipe a trouvé une façon différente d'être plus présente encore.
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Lafleur, Cournoyer et Houle conservent leur rôle d'ambassadeur. Ils seront dorénavant secondés par un pool d'anciens Canadiens qui, selon la demande, seront rémunérés à la pièce pour représenter l'organisation. Une façon pour l'équipe d'être présente dans diverses activités tout en permettant aux anciens de toucher un peu d'argent.
Marc Verreault, qui a pendant longtemps orchestré le calendrier des matchs de hockey des Anciens Canadiens à la grandeur du pays, a joint les rangs d'evenko avec le même objectif, en plus de participer à l'organisation des parties de balle-molle durant la période estivale.
La planification du calendrier social de l'équipe était devenue un mandat trop demandant pour être accompli par un seul homme. Verreault est venu joindre un groupe d'athlètes et une organisation qu'il connaissait déjà fort bien.
L'expertise de l'un servira la grosse machine de l'autre.
Il s'agit d'une excellente alternative car, on en conviendra, il aurait été quasi impossible de remplacer des ambassadeurs de la dimension de Béliveau et Richard.
Yvan Cournoyer me disait récemment qu'il ne ressentait pas l'obligation d'en faire davantage pour combler le vide laissé par le départ de son grand ami Béliveau. Il possède déjà sa propre compagnie, ce qui lui permet de véhiculer l'image d'entreprises prestigieuses comme Canada-Vie, Genacol et Club Links. Chaque fois qu'il représente ses commanditaires, le Canadien est bien servi par la bande puisque les gens vont à la rencontre de l'une de ses anciennes grandes vedettes. Il a l'intention de s'acquitter de ce rôle tant que sa santé le lui permettra.
Cournoyer aura consacré toute sa vie au Canadien, le terme n'est pas trop fort. Il a payé chèrement le prix pour ses 10 coupes Stanley, une de moins que Richard et le même nombre que Béliveau. Il a subi quatre opérations au dos qui lui ont laissé autant de vis dans le corps. Un de ses genoux est fait de titanium et il a une tige d'acier dans l'épaule. Quand le mauvais temps s'annonce, disons qu'il le ressent avant tout le monde.
« Quand je rencontre les gens, on dirait que je joue encore tellement je suis reçu avec chaleur, dit-il. Parfois, on se plaint pour rien. On dit souvent que les joueurs touchent trop d'argent. Moi, je n'ai jamais pensé à ça dans ma vie. »
Exposer sa santé pour sauver un but
Bienvenue dans le hockey d'aujourd'hui où empêcher l'adversaire d'obtenir un but est devenu tout aussi important que d'en marquer un.
Je ne saurais dire quelle organisation a décidé la première que de bloquer des tirs serait dorénavant l'une de ses stratégies. Sans doute qu'une équipe l'a fait avec succès et que le truc a fait boule de neige. Dans le jargon du hockey, on appelle cela se sacrifier pour l'équipe. J'ignore comment se comportent certains entraîneurs, mais un joueur qui refuserait carrément de se placer sur le chemin d'un tir frappé se ferait probablement regarder de travers à son retour au banc. C'est devenu à ce point crucial.
De tout temps, des joueurs ont risqué des blessures en se jetant devant des tirs puissants. Toutefois, ils représentaient des exceptions. Ils n'étaient pas régis par un code d'équipe; ils n'écoutaient que leur agressivité naturelle. Je pense à Guy Carbonneau, notamment. C'était sa façon de jouer. Il était du genre à tenter de bloquer un tir quand son équipe menait 5-2 avec deux minutes à jouer dans le match.
Aujourd'hui, on s'attend à ce qu'ils le fassent tous. Ce qui n'est pas une très bonne idée dans certains cas. Il devrait exister une sorte de loi non écrite qui dispenserait les joueurs vraiment indispensables au succès de l'équipe de courir de tels risques. Vous aimeriez voir l'unique marqueur naturel de l'équipe, Max Pacioretty, se projeter devant le tir frappé de Zdeno Chara? Et si l'homme de 9 millions $, P.K. Subban, se faisait blesser sérieusement de la même façon? Il doit bien y avoir une raison pour laquelle Sidney Crosby ne le fait jamais. Avez-vous vu seulement une fois Wayne Gretzky se coucher devant un tir?
On ne peut pas empêcher un kamikaze comme Brendan Gallagher de poser des gestes dangereux sans réfléchir aux conséquences, mais il me semble qu'on pourrait tout au moins lui recommander une certaine prudence. Il y a des limites quand même à ce qu'on peut faire pour l'équipe. Gallagher était posté à une dizaine de pieds de Johnny Boychuk quand il a tenté de bloquer l'un des tirs les plus puissants dans la ligue. C'était courir un risque sérieux de blessure. Ce qui s'est produit, malheureusement. Probablement que 95% des joueurs de la ligue n'auraient pas couru un tel risque.
Des risques mal calculés
On nous dira sans doute qu'il est impossible de réfréner les ardeurs d'un guerrier comme Gallagher et c'est sans doute très vrai, mais ça fait actuellement une belle jambe à Michel Therrien d'être privé d'un joueur fiable, durable, voire indispensable, durant six semaines, peut-être plus. Tout cela pour répondre, au départ, à une stratégie d'équipe.
Aujourd'hui, des formations se font un point d'honneur d'être reconnues comme celles qui bloquent le plus de lancers dans la ligue. Chez le Canadien, on s'enorgueillit de cela, même si on possède en plus le gardien numéro un du circuit. On vient au secours de Carey Price dans ces moments-là et ce, même s'il n'est pas toujours en danger. Il y a tout lieu de croire que Price aurait très bien vu le tir de Boychuk, projeté d'une distance de 60 pieds, si Gallagher n'avait pas été là.
Un de ces jours, quelqu'un recevra un tir en plein visage et ne se relèvera pas. Trent McCleary n'est-il pas passé à un doigt de la mort après avoir été atteint à la gorge?
Qui sait comment le Canadien réagira durant l'absence de Gallagher? On n'aurait jamais cru dire cela, mais sa perte pourrait s'avérer aussi lourde que celle de Price, sinon plus. Dans le cas de Price, on le sait maintenant, on avait un remplaçant capable de tenir le fort durant un bon moment. Pour Gallagher, il n'y a aucun remplaçant. On va manquer ses buts, son enthousiasme communicatif, ses excès d'intimidation face aux gardiens et son leadership.
On réclame que Marc Bergevin effectue une transaction pour pallier à son absence, mais posez-vous la question. Ils sont où dans la Ligue nationale les joueurs disponibles dans son genre?
Nulle part, évidemment.