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Arber Xhekaj : Des paroles aux actes

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MONTRÉAL – Quand je demande à Arber Xhekaj d'identifier le thème de la saison que le Canadien amorcera mercredi soir, d'identifier la quête autour de laquelle ses coéquipiers et lui s'accrocheront pour éviter d'être emportés vers le bas du classement lorsque le vent se lèvera pour les frapper en plein front au lieu de leur pousser dans le dos, le gros défenseur répond : la victoire!

Quand je réplique que cette réponse est trop facile et trop évidente, qu'elle sort de la bouche des joueurs des 32 formations de la LNH à l'aube de la saison à laquelle les Devils et les Sabres ont donné le coup d'envoi en fin de semaine dernière en Tchéquie, Xhekaj esquisse une moue.

« C'est vrai que c'est un peu cliché, mais cette année, nous croyons vraiment à la victoire. Nous croyons vraiment en nos chances de se battre pour une place en séries et les atteindre », qu'il réplique.

C'est donc dire que l'an dernier, Xhekaj et ses coéquipiers ne croyaient pas vraiment en leurs chances d'y arriver? Ils assuraient pourtant avoir les séries dans la mire alors que la haute direction s'était attiré les foudres des partisans en admettant que l'équipe n'avait pas encore tout à fait la maturité pour se hisser en séries.

« C'est une chose de le dire, c'est une autre chose d'y croire. Et des fois, ce n'est pas l'ensemble du groupe qui y croit. L'an dernier, quand les blessures se sont multipliées, on a senti la saison glisser sous nos pieds. Mais cette année, c'est différent. Tout est différent. On sent une confiance réelle dans le vestiaire. On forme un groupe vraiment uni. On a du plaisir ensemble. Nous sommes complices. Nous formons une meute », défile Xhekaj.

Je veux bien. Mais avec la perte de Patrik Laine pour deux à trois mois et à l'exception de l'entrée en scène du jeune défenseur Lane Hutson et du retour en santé de Kirby Dach, le groupe uni dont Xhekaj parle, le groupe qui a beaucoup de plaisir et qui affiche autant de confiance et pourtant pratiquement identique à celui de l'an dernier.

Le défenseur s'offre quelques secondes de réflexion et réplique : « Tiens! Au lieu de te dire simplement que la victoire et les séries sont mes et nos objectifs, je vais plutôt dire que le temps est venu de passer des paroles aux actes », termine Xhekaj avec un regard sévère.

Comme s'il voulait que son message soit bien compris.

Une place à consolider

Passer des paroles aux actes : c'est déjà mieux!

Surtout que cet objectif illustre très bien ce qui pourrait être le thème de la saison du gros défenseur.

Malgré le fait qu'il n'ait disputé que 95 matchs en carrière dans la LNH, malgré qu'il soit encore susceptible d'être renvoyé dans les mineures sans même avoir à être offert aux 31 autres formations par le biais du ballottage – une formalité qui deviendra nécessaire lorsqu'il aura disputé 160 parties dans la LNH – et malgré qu'il ne soit pas totalement ancré au sein de la brigade défensive du Tricolore, Arber Xhekaj jouit d'une popularité phénoménale. Une popularité qui se traduit par des campagnes publicitaires sur toutes les plateformes. 

Rarement a-t-on vu dans l'histoire du Canadien un défenseur aussi jeune et aussi vert avoir un tel impact.

« C'est complètement fou », convient le principal intéressé en parlant de cette popularité qu'il apprécie, mais qui ne lui enflera jamais la tête. Ce qui pourrait facilement arriver quand tu es reconnu partout où tu passes et que les gens attablés autour de toi dans un restaurant sont plus préoccupés par ce que tu as dans ton assiette que par ce qu'ils ont devant eux.

« Je viens d'un milieu modeste. Mes parents m'ont trop bien élevé et trop bien préparé à ce qui arrive pour que cela ait un quelconque impact sur qui je suis. Sur ma personnalité. Je suis un gars très humble et je le resterai toujours. Quand je sors avec mes amis, ils sont plus dérangés par toute cette attention que je le suis. Serrer des mains, prendre des photos ici et là, c'est très positif au fond. Ça te démontre à quel point les amateurs sont derrière l'équipe et sont derrière toi. C'est beaucoup moins pire que certaines personnes le laissent croire. En tout cas, je vis très bien avec ça », affirme Xhekaj.

Mais cette popularité devrait entraîner une pression supplémentaire à bien performer, non? Xhekaj doit bien se dire que ses performances devraient être équivalentes à l'attention qu'il reçoit, non?

Le jeune défenseur hoche la tête à l'affirmative avant de lancer : « J'accepte cette pression. Même que j'adore cette pression. À 24 ans, je suis le troisième plus vieux défenseur de l'équipe – David Savard (34) et Mike Matheson (30) sont les plus vieux – et ça fait drôle de voir que des plus jeunes viennent vers moi pour obtenir des conseils. J'ai encore bien des choses à prouver. Pas juste en fonction de la popularité dont tu parlais tantôt, mais simplement parce que je veux solidifier ma place au sein de la brigade défensive du club. Je veux devenir un pilier. Un des piliers », assure le défenseur.

L'an dernier, la direction du Canadien a fait réaliser à Xhekaj qu'il était encore loin d'un rôle de pilier en l'envoyant à Laval avec le Rocket.

« Une expérience difficile au début en raison de la déception, mais une expérience qui m'a bien servi », assure le principal intéressé qui se passerait toutefois d'une autre expérience du genre.

« Si je dois retourner dans les mineures un moment donné, je comprendrai que je n'aurai pas donné à l'équipe ce que l'équipe attend de moi. L'an dernier, c'était une expérience. Si cela devait arriver à nouveau, ce serait une réprimande. Et je t'assure que je ferai tout pour éviter ça. Mais je suis habitué à me battre pour faire ma place. Et je ne parle pas de me battre avec mes poings ici. J'ai toujours dû me faire une place en grimpant dans les rangs mineurs. Je n'ai jamais eu une place qui m'était réservée et je sais que je dois encore me battre pour consolider ma place ici. »

Au moment de notre entretien, Arber Xhekaj était loin de connaître un bon camp d'entraînement. La prétention qu'il soit rétrogradé à l'aube de la saison n'était pas totalement farfelue.

Le défenseur a toutefois évité le couperet et c'est avec le grand club qu'il amorcera la saison, mercredi, au Centre Bell. 

Plus qu'un redresseur de torts

En plus de compter sur un tir frappé foudroyant, sur son fort gabarit et des qualités défensives qui lui permettent de viser un poste régulier au sein d'un troisième duo, Arber Xhekaj est capable de jeter les gants.

Un rôle qu'il comprend, qu'il accepte et qu'il remplit avec fougue. Parfois avec un peu trop de fougue au goût des officiels et des membres du bureau de la sécurité des joueurs de la LNH qui lui ont imposé une amende au cours du calendrier préparatoire et qui l'auront à l'œil lors du calendrier régulier.

« Cet aspect du jeu est important pour moi. Mes coéquipiers sont mes frères. Quand je te disais tantôt que nous sommes unis, c'était plus qu'un cliché. J'ai la chance d'avoir mon frère (Florian) au sein de l'organisation. Mais au-delà les liens de sang qui m'unissent à lui, mes liens avec mes coéquipiers sont aussi forts qu'avec Florian. C'est pour ça que j'irai toujours à la défense de mes coéquipiers, car du coup je vais à la défense de l'équipe », plaide Xhekaj comme s'il voulait justifier le rôle, toujours ingrat, qu'ont à relever les bagarreurs. Surtout ceux qui, comme lui, tendent à être bien plus que des redresseurs de torts.

Quand jeter les gants? Comment jeter les gants pour répliquer aux assauts de l'adversaire sans pour autant plonger ses coéquipiers dans le pétrin avec des pénalités en cascade et des expulsions comme cela est arrivé en matchs préparatoires et à quelques reprises au fil de ses deux premières saisons?

Les réponses viendront avec l'expérience. Mais Xhekaj est bien conscient que la marge de manœuvre est étroite.

« Je vais toujours jouer à fond, m'imposer physiquement et oui, défendre mes coéquipiers. Je vais faire tout ce qui est nécessaire pour que nous passions des paroles aux actes. Pour qu'on puisse atteindre les séries au lieu de se contenter d'en parler. Mais il faudra que j'affiche plus de discipline. Et je peux assurer que je me sens plus en mesure de bien remplir ce rôle que je l'étais lors de mes deux premières saisons. »

Avec Ryan Reaves qui s'amène à Montréal avec les Leafs mercredi, avec les Bruins qui seront toujours les Bruins, à qui le Canadien rendra visite jeudi, avec Brady Tkachuk et les Sénateurs d'Ottawa qui seront au Centre Bell samedi, Arber Xhekaj aura l'occasion de prouver à quel point lui et ses coéquipiers sont vraiment prêts à passer des paroles aux actes.