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RÉSULTATS

Dobes change la donne, Hutson prend le contrôle

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MONTRÉAL - Fort d'une performance de 32 arrêts, dont plusieurs importants en début de rencontre, Jakub Dobes n'a pas seulement rempli le mandant premier d'un gardien : celui de donner à son équipe une chance de gagner.

 

Il a carrément changé le cours du match.

 

Sans ses arrêts, le Tricolore aurait été largué dès le premier tiers. La troupe de Martin St-Louis n'aurait ainsi jamais eu l'occasion de tenter une remontée en fin de rencontre.

 

Mais Dobes les a multipliés.

 

Ce faisant, il a rappelé à ceux qui le connaissaient peu, ou pas du tout, qu'il serait sage d'épier ses performances et sa progression avant de coiffer Jacob Fowler du titre de candidat numéro un pour se faufiler entre Samuel Montembeault et Cayden Primeau et gagner la course à la succession de Carey Price.

 

Ce n'est qu'un match. Un match préparatoire en plus. Il faut donc éviter de sauter aux conclusions trop vite et se mettre à croire que les postes de Montembeault et de Primeau sont déjà menacés par le gardien tchèque âgé de 23 ans.

 

Mais Jakub Dobes a pu, avec sa performance de jeudi, à Toronto, redorer son image. Il a aussi atténué la sévérité des analyses qui auraient suivi une défaite par quatre, cinq ou six buts. Le genre de revers que le Canadien aurait encaissé n'eut été de ses arrêts.

 

Ça ne veut pas dire que les autres « petits gars » aient terriblement mal joué.

 

Ça non!

 

De fait, contre des Maple Leafs plus forts, plus expérimentés et surtout mieux nantis en fait de joueurs de la LNH, on aurait pu s'attendre à bien pire qu'un revers de 2-1 de la part des jeunes du Tricolore.

 

Mais au fil du match, les espoirs ont offert des performances qui guideront la haute direction vers les meilleures décisions à prendre en vue de la prochaine saison. Les meilleures décisions pour l'organisation. Les décisions qui assureront le développement optimal des espoirs qui feront du Canadien une meilleure équipe dans un avenir plus ou moins rapproché.

 

Il y a Hutson... et les autres

 

Au sein d'une brigade défensive dont Arber Xhekaj comptait le plus d'expérience dans la LNH – ça donne une idée de la vulnérabilité de la brigade dirigée par Stéphane Robidas — Lane Hutson n'a pas hésité une seconde à prendre les choses en main.

 

Quelqu'un est surpris?

 

La confiance affichée par le jeune arrière américain n'a d'égale que son immense talent. Au fil des 19 présences qu'il a effectuées, on avait l'impression que Hutson était toujours en possession de la rondelle. Qu'il venait de l'être. Ou qu'il était sur le point de s'en emparer.

 

« La rondelle le suit », a convenu Martin St-Louis après la rencontre.

 

Je ne crois pas qu'elle le suive. Je crois plutôt que Hutson a ce don de comprendre où elle s'en va et d'y mettre le cap illico pour être le premier à s'en emparer avant d'orchestrer des poussées savantes vers la zone ennemie.

 

Cette compréhension du jeu, cette capacité d'anticipation, ça ne s'apprend pas. Tu les as ou tu ne les as pas. Lane Hutson les a. Il les a reçues en cadeau directement des Dieux du hockey.

 

Et c'est pour cette raison qu'il entreprendra sans l'ombre d'un doute – du moins je n'en ai pas – la saison avec le grand club. Est-ce qu'il pourrait un jour aller faire un séjour à Laval pour travailler sur quelques points – sa vitesse en ligne droite par exemple – et y apprendre à dominer le jeu comme il le faisait jusqu'à l'an dernier dans les rangs universitaires?

 

Ses performances dicteront les meilleures décisions à prendre.

 

Mais jeudi à Toronto, Hutson était en parfait contrôle de ses décisions et des gestes qu'il posait. J'avancerais qu'il était en plein contrôle du match.

 

Ce n'est pas rien!

 

Lane Hutson a encore des détails à peaufiner pour garantir sa présence permanente avec le Canadien dès cette année. Et c'est normal. On l'a vu effectuer quelques présences sur le flanc droit justement pour qu'il réalise toute la place et toutes les possibilités que le Tricolore veut lui offrir.

 

Mais une fois la saison commencée, Hutson devra apprendre à raccourcir ses présences sur la patinoire.

 

Le jeune défenseur a beau maximiser la générosité des Dieux du hockey qui l'ont couvert de talent, il ne pourra survivre à des présences qu'il éternise sur la patinoire.

 

Avec une utilisation totale de 25 min 47 s accumulée au fil de 19 présences seulement, Hutson a maintenu une durée moyenne par présence de 81 secondes.

 

C'est énorme! C'est trop! Même si tu es jeune et en forme comme l'est Hutson. Même si les Dieux du hockey ont été d'une générosité exponentielle à ton endroit. Car des présences d'une telle durée te rendent grandement vulnérable lors des 20-25 dernières secondes.

 

Struble, un parfait sixième?

 

Quoi dire des autres jeunes tricolores qui ont joué dans l'ombre de Hutson et Dobes?

 

Disputant un deuxième match consécutif, David Reinbacher a connu une rencontre qui confirme qu'il aura besoin d'une saison complète (au moins) à Laval pour préparer son entrée dans la LNH.

 

Même chose pour Owen Beck qui a une fois encore été éclipsé par Oliver Kapanen. Ce n'est pas Beck qui a été mauvais, mais simplement Kapanen qui lui a encore une fois été supérieur en survolant la patinoire en plus d'être au centre de l'action à chacune de ses présences.

 

Si vous avez épié d'un œil attentif et objectif le travail des gros défenseurs Arber Xhekaj et Jayden Struble, le déroulement du match face aux Leafs a démontré que Struble a été bien meilleur que Xhekaj au domicile des Leafs.

 

Tous deux candidats pour partager le troisième duo et protéger les gardiens du CH, Struble a été nettement plus efficace sur la patinoire que ne l'a été Xhekaj.

 

Le premier semble bien conscient de la précarité de sa situation et du spectre d'un renvoi dans les mineurs.

 

Le deuxième? Il a joué jeudi avec la nonchalance d'un gars qui considère que son poste et le temps d'utilisation généreux et de grande qualité qui vient avec lui sont déjà acquis.

 

Bien qu'il jouisse de la faveur et de la ferveur populaire, Xhekaj pourrait pourtant être, encore cette année, cédé au club-école sans avoir à être offert à tous les clubs du circuit par le biais du ballottage. Une réalité qui devrait pourtant l'inciter à jouer avec la même implication et application que Jayden Struble, qui à mes yeux offre au Canadien le rendement d'un parfait sixième défenseur, au lieu de sembler croire qu'un trône, pas juste une chaise, lui est réservé dans le vestiaire.

 

Ce qu'il est loin d'avoir fait jeudi.

 

Pas question de paniquer. Surtout qu'avec trois matchs préparatoires à disputer, Xhekaj aura l'occasion d'améliorer le signal «wifi» qu'il émet lors de ses présences.

 

Mais je n'aime pas voir des gars aux nombrils encore verts afficher la désinvolture d'un vétéran comptant plus de 500 matchs LNH à son actif.

 

Joshua Roy?

 

Il a disputé un match honnête et connait un bon camp. Le genre de camp qui lui vaudra une place avec le grand club.

 

Mais si j'étais à sa place, j'en donnerais beaucoup plus. Car si, pour l'instant, Martin St-Louis et ses patrons semblent enclins à offrir à Alex Newhook le «privilège» d'évoluer avec Kirby Dach et Patrik Laine, il me semble acquis qu'un gars avec le talent de Joshua Roy pourrait rapidement brouiller les cartes et conquérir ce poste.

 

Du moins il me semble.

 

À lui de prendre les moyens pour convaincre tout le monde, lui le premier, qu'il peut y arriver.