«Je ne pense pas faire ça encore longtemps»
Canadiens mardi, 29 avr. 2014. 09:06 jeudi, 21 nov. 2024. 01:46Stéphane Waite n'était pas destiné à gagner sa vie dans la Ligue nationale. C'était plutôt l'aventure qui attendait son frère Jimmy, un ex-gardien des Saguenéens de Chicoutimi qui est devenu un choix de première ronde des Blackhawks de Chicago (8e sélection de la ligue) en 1987.
Les Blackhawks le considéraient comme leur gardien de l'avenir, mais les choses ne se sont passées exactement comme prévu. Il n'a joué que 58 matchs en huit saisons à Chicago. Son parcours l'a aussi amené à disputer 33 parties à Phoenix et 15 autres à San Jose. Il a passé la majeure partie de sa carrière dans la Ligue internationale et dans la Ligue américaine avant de terminer son parcours en Allemagne durant les neuf dernières années de sa carrière.
On pensait que Jimmy Waite allait éventuellement rapporter une coupe Stanley aux Hawks, mais c'est plutôt Stéphane, en travaillant avec acharnement avec les gardiens Antti Niemi et Corey Crawford, qui a contribué à cet exploit.
Curieusement, s'il est devenu l'un des meilleurs entraîneurs de gardiens de but dans le hockey et s'il est aujourd'hui à l'emploi du Canadien, avec la mission de connaître autant de succès avec Carey Price, c'est à son frère Jimmy qu'il le doit.
« Quand j'ai commencé à diriger Jimmy, j'avais 11 ans et il en avait 7, rappelle-t-il. Tous les jours, on jouait dehors au hockey-balle. Je tirais constamment des balles sur lui. Je voulais en faire un gardien de but. Il était tellement bon. Il était le meilleur gardien de hockey-balle de la paroisse. C'est d'ailleurs à ce moment que j'ai eu la piqûre pour le coaching. »
Drôle de hasard quand même. Stéphane rêvait de faire de son jeune frère une vedette, mais c'est Jimmy qui, sans le vouloir, a pavé la voie à la très belle carrière de son aîné.
Toutefois, cela ne s'est pas fait tout seul. Stéphane Waite en a bavé un coup avant d'arriver au sommet. Baver n'est probablement pas le terme juste. Il aimait tellement enseigner qu'il l'a souvent fait pour des pinottes. Parce que c'était beaucoup plus une passion qu'un travail pour lui.
Il a été lui-même gardien de but dans les rangs juniors B jusqu'à l'âge de 18 ans. Pas un très bon gardien, de son propre aveu. Quitter la patinoire à 18 ans ne lui a pas fait de peine parce qu'il songeait avant tout à devenir entraîneur. Il y pensait depuis l'âge de 15 ans.
« Même si je n'avais pas le talent pour aller plus loin, j'étais comblé parce que je dirigeais des gardiens, raconte-t-il. Je ne touchais pas de gros salaires, mais j'étais heureux. J'ai participé à des écoles de hockey, j'ai été associé au programme Sports-études à Sherbrooke, j'ai notamment été entraîneur à Shawinigan, à Trois-Rivières, avec les Castors de Sherbrooke, avec une équipe junior AAA à Coaticook et midget AAA à Magog en plus d'avoir agi comme conseiller pour les équipements de gardien avec la compagnie Sherwood. Je me suis énormément investi là-dedans. J'adorais ça. Heureusement d'ailleurs parce que ce n'était pas payant. »
On lui dit souvent qu'il est chanceux. Il gagne sa vie dans la Ligue nationale, il a déjà deux bagues de la coupe Stanley et il s'est vu offrir l'été dernier la possibilité de revenir à la maison grâce à l'offre de Marc Bergevin.
« Je ne suis pas totalement en désaccord avec cela, mais j'ai fait ma propre chance, précise-t-il. Je n'ai pas gravi tous les échelons parce que c'était payant. Il y en a sans doute qui aurait tout laissé tomber dans ma situation. D'ailleurs, j'en connais qui sont allés faire autre chose parce qu'ils avaient besoin de vivre. »
Dans l'exercice de ses fonctions, il peut donc regarder ses gardiens dans les yeux quand il leur parle de l'obligation de se consacrer 100 % à leur métier. Il sait de quoi il parle.
En fait, son vrai coup de chance, il l'a eu quand Jocelyn Thibault, qui a défendu la cage des Hawks de 1998 à 2004, l'a recommandé à cette organisation. Trois ou quatre candidatures avaient été étudiées et c'est finalement la sienne qui avait été retenue.
Une pression énorme
On n'a pas idée de la somme de travail qui est associé à son boulot. On a peut-être l'impression que Waite n'a qu'à se présenter devant Price et Peter Budaj et de leur faire part de ses directives tout en les préparant mentalement pour un match. C'est tellement plus que cela.
Avant de se présenter à la patinoire, il prépare soigneusement son programme de la journée à la maison. Il s'inspire de ce qui s'est passé dans le dernier match pour apporter des correctifs. Puis, il soumet son gardien à une séance vidéo avant de produire un rapport à Michel Therrien en vue de la réunion des entraîneurs. Finalement, il se rend observer l'entraînement de l'équipe visiteuse afin de noter certaines tendances.
Il s'est toujours imposé une forte pression pour réussir. Ce n'est pas le fruit du hasard s'il a connu du succès avec la majorité des gardiens de but qu'il a eus sous ses ordres. Avec le temps, c'est une pression qui use son homme. En revanche, son emploi est si spécialisé que cela l'assure d'une très bonne sécurité d'emploi s'il appartient à l'élite de sa profession. Au sein d'une organisation comme le Canadien, par exemple, on l'imagine prenant sa retraite, les cheveux gris, après un très long parcours avec l'équipe de son enfance, lui dont l'idole était Ken Dryden.
« Je ne pense pas de cette façon, dit-il. C'est un travail tellement exigeant. Parfois, je rentre chez moi totalement épuisé en me demandant si j'ai bien besoin de cela dans ma vie. Je dois m'assurer que les gardiens soient meilleurs tous les jours. Je me suis toujours imposé beaucoup de pression pour y arriver. C'est si difficile, si exigeant, que je ne pense pas faire ça très longtemps encore. »
Cette déclaration est étonnante dans la bouche d'un entraîneur reconnu pour être très en contrôle de ses affaires. On comprend mieux sa game face dans les moments importants. Sa physionomie témoigne parfois du stress qui l'assaille.
Ça veut dire quoi : « Je ne pense pas faire cela très longtemps encore »? Cinq ans? Dix ans, peut-être? Il a 45 ans.
« Je ne me suis pas fixé un moment précis », rétorque-t-il, simplement.
Pour l'instant, il profite des retombées que lui valent les changements notés chez Carey Price et les performances améliorées de Budaj. Ils sont plusieurs à considérer Waite comme la plus belle trouvaille de Bergevin l'été dernier. On parle de lui comme le vrai MVP du Canadien cette saison. Le compliment ne le fait même pas sourciller.
« Je veux que ce soit très clair, lance-t-il. C'est agréable de recevoir de beaux compliments, mais c'est Carey qui stoppe les rondelles. Je me sens un peu mal à l'aise d'entendre des commentaires aussi élogieux. Nous formons une très bonne équipe, Carey, Peter et moi. Carey aime Peter et Peter, de son côté, va tout faire pour l'aider. »
Il s'entend bien avec tout le monde
En quittant Chicago, Waite n'a jamais eu le moindre doute qu'il allait entretenir une relation harmonieuse avec ses deux nouveaux élèves. Ça fait 32 ans qu'il dirige des gardiens à tous les niveaux. Il a sa propre école de gardiens depuis 26 ans. À 17 ans, il dirigeait un gardien de 16 ans dans le midget AAA. Il avait 20 ans quand il a travaillé avec un gardien du même âge à Shawinigan.
« J'ai côtoyé de méchants caractères et je n'ai jamais eu de problèmes, admet-il. Je sortais des rangs juniors sans même y avoir joué quand je suis arrivé à Chicago. Un an plus tard, je me suis retrouvé avec Nikolai Khabibulin qui avait déjà gagné la coupe Stanley. J'ai pensé qu'il me regarderait, l'air de dire : « T'es qui, toi? » Ma relation a été incroyable avec lui, la meilleure relation que j'aie eue avec un gardien. J'étais convaincu que ça se passerait de la même façon avec Carey quand il constaterait que la personne devant lui avait un plan et de solides arguments. »
Il a maintenant toute une responsabilité avec Carey Price à la veille de la difficile série qui s'annonce contre Boston. Les partisans du Canadien rêvent d'une coupe Stanley, mais quand Waite a aidé Niemi et Crawford à la gagner, les Blackhawks formaient une équipe supérieure au Canadien.
À Montréal, pour que le Canadien puisse accomplir des miracles en séries, on sait tous que cela doit passer par Price. À Chicago, les espoirs d'une coupe n'ont jamais reposé uniquement sur les épaules de Crawford ou de Niemi.
« Je ne veux pas que Carey voie les choses de cette façon parce que ce n'est pas comme ça que nous pensons », conclut Waite.
Qui est le meilleur gardien?
Les choix du Tuukka Rask, de Ben Bishop et de Semyon Varlamov à titre de finalistes au trophée Vézina ont soulevé un tollé à Montréal, comme il fallait s'y attendre.
C'est peut-être frustrant pour les fans de Carey Price, mais les trois gardiens choisis n'ont pas volé cet honneur. Plusieurs croient que le gardien des Bruins mérite de l'emporter, mais ceux qui ont suivi régulièrement les matchs de l'Avalanche cette saison savent que Varlamov a connu une saison vraiment extraordinaire. Il a multiplié les performances exceptionnelles qui ont permis à l'Avalanche de passer du 29e rang dans la ligue à la seconde place dans la toute puissante Association Ouest.
Non seulement mérite-t-il le Vézina, mais il devrait recevoir beaucoup de considération pour le trophée Hart.
Varlamov se défend avec un personnel défensif fragile devant lui. Rask est nettement mieux appuyé. Le simple fait que Zdeno Chara soit candidat au trophée Norris et que Patrice Bergeron soit en lice pour le Frank-Selke est une indication de la solidité du système défensif des Bruins.