« Je ressens beaucoup de fierté »
Canadiens vendredi, 12 sept. 2014. 16:00 mercredi, 20 nov. 2024. 14:06BROSSARD - Tim Bozon retire une grande satisfaction d'avoir réussi à prendre part au camp des recrues du Canadien. Maintenant, le jeune Français veut simplement s'amuser et il vise de faire ses débuts chez les professionnels, en octobre.
Bozon s'est présenté à la journée d'évaluation physique à Brossard, vendredi, dans une excellente forme, « meilleure qu'il y a un an », a-t-il soutenu.
Au test de la navette, qui consiste à courir d'un point à l'autre en augmentant la cadence, il a fait mieux que l'an dernier en atteignant le 12e pallier.
« Je ressens beaucoup de fierté. Je suis réellement content, c'est un boni pour moi, a affirmé Bozon. Depuis ma sortie de l'hôpital, c'était l'objectif que j'avais en tête et j'ai gagné cette bataille. Je ne suis pas surpris parce que j'ai travaillé très fort. J'ai une pensée pour mes parents et tous les gens qui m'ont aidé à réaliser mon rêve. Je n'aurais pas pu réaliser ça tout seul. »
Bozon a dit qu'il ne se serait pas présenté au camp s'il n'avait pas été convaincu qu'il pouvait tirer son épingle du jeu. Les dirigeants du Tricolore ne lui ont pas imposé la moindre pression.
Une source d'inspiration
Les quelques 40 espoirs au camp n'ont pas à chercher loin afin de trouver une source d'inspiration.
Le jeune attaquant Charles Hudon a parlé de miracle, en évoquant le retour de son ami qui a le même âge que lui (20 ans). Le mot n'est pas trop fort.
« Tim revient de très loin. Nous sommes tous très heureux de le voir parmi nous », a affirmé Hudon.
« C'est formidable qu'il soit ici, a continué le défenseur Dalton Thrower. Personne ne s'attendait à le voir au camp. Il est une source d'inspiration pour nous tous. Dans la Ligue junior de l'Ouest, on est tous fiers de lui », a ajouté l'ancien membre des Giants de Vancouver.
Méningite presque mortelle
Il y a environ six mois le 28 février, Bozon, un attaquant du Ice de Kootenay, a frôlé la mort en étant foudroyé par une méningite bactérienne de type Neisseria. Plongé dans un coma artificiel pendant quelques semaines à l'hôpital de Saskatoon, en Saskatchewan, il s'est réveillé vers la fin de mars amaigri et très faible.
Au début d'avril, on a encore frais en mémoire l'image du jeune homme chétif avec des bouchons aux oreilles qui assiste à un match du Canadien au Centre Bell en compagnie de son père Philippe.
Le désarroi et le désespoir qu'il ressentait à ce moment ont vite été éclipsés par la volonté de poursuivre sa carrière. La discussion qu'il a eue avec Joël Bouchard, qui a déjà combattu la méningite avant d'évoluer dans la LNH, lui a fait croire que tout était possible.
« J'étais désespéré et je ne savais pas quoi faire. Il m'a redonné le sourire. Il a été une personne importante dans ma rééducation, a-t-il avoué. Nous nous sommes vus dernièrement et il m'a fait une belle accolade. Il m'a dit combien il est fier de moi. Je lui dois énormément. »
Pendant cinq mois, Bozon s'est échiné à la tâche de retrouver la forme chez lui, dans le sud de la France. Soutenu par plusieurs médecins et spécialistes, il a graduellement repris la quarantaine de livres qu'il avait perdues. De retour sur patins pour la première fois le 5 juin à Nice, il a tôt fait de constater qu'il retrouverait rapidement ses sensations sur la glace. Avant de quitter l'Europe, il a même pris part à un tournoi amical des moins de 23 ans au sein de l'équipe de la France. C'est à cette occasion qu'il a encaissé des mises en échec.
« Je m'estime très chanceux d'être ici, je le sais. Il y a un peu plus de cinq mois, j'étais dans un lit d'hôpital à moitié mort, a-t-il relevé. Maintenant, j'apprécie cette seconde chance que je me vois offrir. Je veux en profiter et m'amuser. Les statistiques n'ont aucune importance. »
Voir la vie autrement
Bozon a dit que « l'enfer » qu'il a vécu l'a rendu plus fort et plus mature. Il a aussi dit voir la vie sous un autre angle.
« Je suis une personne différente. À l'âge de 20 ans, quand on se retrouve entre la vie et la mort, on voit les choses différemment. J'ai gagné en maturité et ça va me rendre plus fort. »
Désirant à l'avenir ne plus aborder le sujet, il a dit souhaiter se retrouver dès samedi sur le même pied que tous les autres aspirants à un poste chez le Tricolore.
« Je veux tourner la page et je souhaite à compter de samedi qu'on me considère comme un joueur comme les autres. »
Bozon se dit prêt à amorcer sa carrière chez les professionnels plutôt que de retourner dans les rangs juniors à titre de joueur de 20 ans. Il a confié que le Ice de Kootenay ne s'attend pas à ce qu'il soit de retour.
« Mon objectif, c'est de faire le saut chez les pros, a-t-il annoncé. C'était ce que je visais la saison dernière et ça ne change pas. Je veux aller de l'avant. Je veux être un pro. Je juge que le moment est arrivé pour moi. Je verrai avec les dirigeants de l'équipe à la conclusion du camp d'entraînement. »